La CPTAQ dit non à une entreprise agricole de Saint-Charles
AGRICULTURE. La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) empêche une productrice d’ail de la région de se construire une résidence sur sa propriété du rang Sud-Est à Saint-Charles.
C’est le dilemme dans lequel se retrouve Isabelle Vachon, résidente de Saint-Émile, mais propriétaire à Saint-Charles depuis 13 ans. Dans une correspondance adressée en septembre dernier, la commission indique que l’ampleur des activités agricoles de l’entreprise Ail Bellechasse ne permet pas de conclure qu’elle génère suffisamment de revenus pour en assurer la viabilité. La décision négative à sa demande est arrivée le 27 février dernier.
Pourtant, Mme Vachon estime que sa progression est prometteuse et qu’elle en a fait la preuve. En 2014, elle a l’idée, avec son conjoint, de redonner à la terre sa vocation agricole et débute une plantation d’ail. Elle parvient depuis à augmenter sa production graduellement pour atteindre une récolte de 30 000 plants en 2016 et anticipe grimper ce chiffre à 50 000 en 2017. Elle réussit également à vendre facilement toute sa production et ses produits transformés dans différents commerces au détail depuis ses débuts.
«C’est pour une entreprise agricole, dans un milieu agricole, mais nous sommes refusés par la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). La terre a été très peu exploitée. C’est le casse-pierre qui se trouvait ici à l’origine. Ce sont des gens du coin qui me l’ont raconté en venant chercher de l’ail ici. On veut lui donner une nouvelle identité, c’est tout», raconte-t-elle visiblement irritée par la situation.
Demeurer à proximité, une nécessité
Pour elle, le temps est venu de demeurer sur place pour plusieurs raisons, d’où la nécessité d’y construire une résidence. Mme Vachon estime que c’est la seule façon pour elle de faire grandir son entreprise. «Je demeure à soixante kilomètres de la terre et nous aimerions nous y établir pour plusieurs raisons. En n’étant pas là, sur place, ça cause beaucoup de problèmes. Le vol, le vandalisme, tout le transport nécessaire, etc. Jusqu’à l’an dernier, nous avons dû transporter la production à Saint-Vallier chez l’un de mes frères, à Saint-Henri chez ma fille, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier chez mes garçons, et chez moi à Saint-Émile pour pouvoir entreposer.»
Elle se souvient avoir déjà essuyé un premier refus et estime avoir fait ses devoirs depuis. «J’avais fait une demande dans le passé sauf que la propriété était au nom de mon mari. Nous avons dû changer tout cela en 2015, car en vertu de l’article 40, la propriété devait être à mon nom à moi, puisque c’est mon revenu principal et non celui de mon mari.»
Elle comprend mal la réaction de la commission. Selon elle, le gros bon sens n’est pas au rendez-vous. «Nous avons construit une grange l’an dernier dans le but de pouvoir entreposer, faire le séchage et tout l’entretien. Personne ne surveille la grange actuellement et comme il n’y a pas d’eau, on ne peut y faire de transformation à valeur ajoutée non plus. C’est pour tout ça qu’on a besoin de s’y installer maintenant, c’est une question de proximité.»
Des appuis localement
Mme Vachon se réjouit d’avoir eu le support du syndicat de l’UPA de Bellechasse et de Développement économique Bellechasse (DEB) dans ses démarches. Si l’UPA local vante la remise en culture d’une superficie laissée en friche et un projet qui cadre dans le dynamisme de la région, DEB a, de son côté, apporté son soutien dans la création de l’entreprise. «La municipalité nous a accordé le droit de bâtir notre grange et savait que la prochaine étape était une résidence», laisse-t-elle entendre.
La MRC de Bellechasse a également donné son appui mercredi soir dernier allant même jusqu’à proposer une mise à jour de la loi sur la protection du territoire agricole et l’urbanisme.