Louis Bilodeau: entrepreneur agricole à 14 ans

AGRICULTURE. Louis Bilodeau avait 12 ans lorsqu’il a acheté son premier troupeau de moutons. Maintenant âgé de 14 ans, il est facile de le considérer déjà comme un producteur agricole digne de ce nom.

Étudiant en 2e secondaire au Collège Dina-Bélanger de Saint-Michel, Louis sait organiser son temps et réussit à s’occuper de son entreprise tout en vaquant à ses autres occupations. «Le matin, je me lève vers 6 h 30 pour aller les soigner, et j’y retourne le soir vers 5 h (17 h). Ça prend environ deux heures et demie par jour la semaine et environ quatre heures par jour les fins de semaine. Je soigne les vaches de mon père en même temps et ma paye, c’est le foin dont j’ai besoin pour nourrir les moutons. Il n’y a que la moulée que je dois acheter moi-même.»

Élevé au sein de la ferme de ses parents, le milieu agricole plait visiblement au jeune homme de Saint-Michel qui élève deux races différentes. Les Dorset/ Romanov et la race Dorper qui représente qui permet d’obtenir une meilleure viande selon ses dires. Louis s’occupe de l’engraissement de ses moutons et a rapidement déniché son premier et seul client, soit le réputé restaurant Joe Beef à Montréal.

Louis n’avait jamais mangé de mouton avant de se lancer dans l’aventure. Il a finalement pu le faire récemment en compagnie de sa mère en se rendant directement chez son client. «Ma mère me l’a offert récemment après une journée d’école. Nous avons fait l’aller-retour à Montréal et J’ai pu manger mon mouton.»

Son propre troupeau grâce au maïs

L’envie de s’occuper de ses affaires en bas âge l’a guidé vers ce choix. «Au début, mon frère le plus vieux, Justin, avait des animaux alors moi aussi je souhaitais avoir ma propre entreprise pour m’occuper de mes choses.  La première chose que j’ai proposée à mon père, c’est des cochons, mais on n’avait pas vraiment l’espace pour ça. Trois jours plus tard, je lui ai parlé de moutons».

Sa mère, Brigitte, indique que son fils a réussi à amasser suffisamment d’argent avec la vente de maïs le long de la route pour pouvoir se lancer en affaires. Elle ne cherchait au départ qu’une façon de permettre à ses enfants d’apprivoiser le contact avec le public. «Mes parents avaient l’épicerie à Sainte-Hénédine. J’ai été élevé au public. Louis a été élevé sur la ferme, ce n’est pas la même chose. Je souhaitais que les enfants aient cette proximité-là avec les gens et d’être capable de leur répondre.»

Son conjoint, Rémi, a eu l’idée de planter du maïs sucré et d’en confier la vente aux enfants via un kiosque situé près de la route. «Louis avait trois ans quand il a commencé. À la fin de chacun des étés, les enfants se séparaient l’argent accumulé et c’est avec ça qu’il a pu acheter son premier troupeau.»

Des contacts établis au sein de l’entourage de ses parents lui ont permis de dénicher la bonne affaire. «Une cousine de ma mère avait justement des moutons. Je suis allé passer trois jours chez elle pour apprendre ce que c’était et pour voir si j’allais aimer ça. Elle a elle-même cherché un troupeau pour finalement m’appeler trois semaines plus tard. On a finalement acheté ce premier troupeau de 28 brebis, un bélier et une dizaine d’agneaux dans Lotbinière.»

Il a finalement agrandi son troupeau récemment avec l’achat de 35 agnelles (le féminin de brebis) ce qui portera à 60 le nombre de bêtes dont il est aujourd’hui propriétaire.

Les bêtes logent dans un espace qui servait autrefois d’abri pour les vaches propriétés de son père. «Quand il a fait un agrandissement, il a fait ça suffisamment long pour que toutes les vaches logent au même endroit. Mes moutons ont pu prendre l’espace qui était resté libre après l’agrandissement.»

Apprendre son métier

Le jeune homme voit peu de différences sur les soins à apporter à ses brebis, comparativement aux vaches de son père. «Ils mangent à peu près la même chose. Les vaches se nourrissent de l’ensilage et de foin, Il faut ajouter la moulée pour les moutons, c’est tout», indique-t-il tout en précisant ne pas conserver la laine qui a peu de valeur sur le marché. «Ma mère connaît des gens qui s’en servent pour fabriquer des produits, alors je leur donne.»

Louis s’occupe de ses choses. Malgré son jeune âge, il a déjà assimilé les finances et les soins qu’il doit apporter à ses animaux. «La machinerie appartient à mon père. Si je suis là, c’est moi qui communique avec le vétérinaire au besoin et qui le paye aussi.» Ses brebis lui apportent trois portées au deux ans. Lorsqu’elles agnellent, il se charge lui-même de surveiller la naissance de ses nouveaux pensionnaires.

S’il avoue aimer les animaux, notre jeune agriculteur sait se distancer lorsque vient le temps de s’en départir. «Mes parents ont déjà eu une fermette quand j’étais plus jeune. Nous avions des lapins et d’autres animaux. Ils m’ont appris ce qu’est le cercle de la vie. Je me suis habitué.»

Notre jeune agriculteur avoue que c’est beaucoup de travail. C’est toutefois cette carrière qu’il a déjà choisie. Il anticipe s’inscrire éventuellement à L’ITA de La Pocatière pour en apprendre davantage sur son métier. Il espère entretemps pouvoir améliorer les conditions de vie de ses moutons en procédant à des travaux à l’automne, travaux qu’il défraiera lui-même, bien entendu.