Un nouveau Guide alimentaire canadien excluant le lait ?
AGRICULTURE. Santé Canada publiera bientôt une version modifiée du Guide alimentaire canadien. Selon les Producteurs laitiers du Canada (PLC), le document minimiserait la valeur nutritive et les bienfaits pour la santé de cette catégorie.
La dernière modification du Guide alimentaire canadien remonte à 2007. Le lait et ses substituts forment l’un des quatre groupes principaux, la consommation recommandée étant de deux à quatre portions quotidiennes selon les groupes d’âge.
Dans la nouvelle publication, ce groupe serait remplacé par l’appellation – éléments protéinés – qui préconiserait activement la consommation de protéines végétales.
Pour les PLC, cette révision compromettra les générations futures en les amenant à penser que les produits laitiers sont mauvais pour la santé.
«Les données scientifiques récentes démontrent que la consommation de produits laitiers est bénéfique pour la santé des os et la prévention de plusieurs maladies chroniques que Santé Canada veut combattre avec le nouveau Guide alimentaire, notamment l’hypertension, le cancer colorectal, le diabète de type 2 et l’AVC», dit Isabelle Neiderer, diététiste agréée et directrice de la nutrition et de la recherche des PLC.
Union des producteurs agricoles
Au Québec, l’Union des producteurs agricoles (UPA) était au courant du dossier depuis deux ans. Comme d’autres groupes, l’UPA a fait des suggestions dans le processus de révision du guide. Mandatée par Santé Canada, une firme avait également testé différents énoncés et concepts visuels auprès des citoyens.
«Dans les exemples que nous avons eus en main, on remplaçait notamment le lait et le fromage dans la collation à l’école par des légumes et pois chiches. En général, il était aussi conseillé de boire de l’eau, sans mentionner du lait. C’était beaucoup axé sur le végétal», estime Bruno Cyr, président des Producteurs de lait du Québec (PLQ) pour Chaudière-Appalaches-Sud.
Dénonçant cette tendance trop végane, il pense que la variété actuelle des produits laitiers fait ses preuves en matière de santé publique.
«Il existe beaucoup d’alternatives aujourd’hui, entre autres des produits sans gras. Si les nutritionnistes veulent s’attaquer à des problèmes comme l’obésité, ça n’exclut pas les produits laitiers», d’expliquer Bruno Cyr.
Ces changements surviennent au moment où le secteur laitier canadien est ébranlé par les concessions d’Ottawa afin d’obtenir de nouveaux accords commerciaux.
Le 14 novembre dernier, des producteurs de lait de Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec s’étaient d’ailleurs réunis à Thetford Mines afin d’exprimer leur mécontentement à la suite de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC).
«C’est un autre tuyau qui nous tombe sur la tête. Santé Canada doit refaire ses devoirs sur le Guide alimentaire canadien. Tous ces éléments mettent en danger notre industrie laitière», conclut Bruno Cyr.