Après 42 ans à la barre de Nouvel Essor: une retraite bien méritée pour Pauline Lemieux

COMMUNAUTÉ. Pendant 42 ans, Pauline Lemieux a pris une part active dans le développement de Nouvel Essor, un des plus anciens organismes communautaires de la MRC des Etchemins. Le 31 décembre prochain, cette dernière prendra une retraite bien méritée.

« Je me sens bien devant la retraite qui arrive. Cela m’a pris une couple d’années avant de réaliser qu’il se pouvait que j’arrête un jour. Maintenant, je suis prête », indique celle qui aura 65 ans en mai prochain et continuera à s’impliquer bénévolement.

Arrivée à Nouvel Essor en janvier 1981 à l’âge de 23 ans, soit 18 mois après la naissance de l’organisme en juillet 1979, Pauline Lemieux était consciente de la tâche qui l’attendait.

« J’ai fait un stage au CLSC de Lac-Etchemin à l’époque et une fois mes études en travail social terminées, j’ai postulé dans plein de CLSC au Québec. Mon rêve était de venir travailler ici, dans Les Etchemins. J’avais adoré vivre ici, même si je ne connaissais personne quand je suis arrivée », indique celle qui est née à Saint-Lambert-de-Lauzon.

« J’étais la seule employée de Nouvel Essor à ce moment. Il y avait eu du monde qui avait travaillé sur des projets subventionnés, puis l’organisme a reçu une contribution de Centraide qui a permis l’embauche d’une permanente », rappelle-t-elle en ajoutant que tout était à faire, dont l’organisation d’activités pour les personnes handicapées, une étude démontrant ce besoin ayant été réalisée auparavant.

« Il y avait aussi un volet centre d’action bénévole. Je ne savais pas par où commencer, je me sentais petite pas mal. Il y avait un conseil d’administration en poste. J’entreprenais au fur et à mesure, on avait des bénévoles dans toutes les municipalités pour transporter des personnes handicapées dans les municipalités », poursuit-elle en ajoutant qu’elle pouvait, à l’époque, compter sur le soutien technique du CLSC, car l’organisme disposait de moyens limités.

Mandat par-dessus mandat

Au fil des ans, les mandats et les projets se sont succédé sous la férule de Mme Lemieux, à commencer par la mise en place de l’Atelier du Lac un projet sur trois ans. Une fois les fonds épuisés, c’est la Fondation du Sanatorium Bégin qui a pris la relève et assuré la suite du projet.

« On a (ensuite) eu de l’argent pour embaucher quelqu’un pour développer le service d’action bénévole. Cela était financé par le ministère de la Santé. En 1985, on a aussi procédé à l’embauche de Jacques Boulais pour développer la Résidence des pins, des logements adaptés pour les personnes handicapées physiques les plus autonomes possible. On a travaillé ensemble pendant trois ans et c’est lui qui a réussi à obtenir les subventions nécessaires pour continuer le projet. Il a été mon secrétaire particulier, car remplir des subventions était difficile pour moi », précise-t-elle en ajoutant que cette collaboration a été si fructueuse que ce dernier est devenu son époux. Ensemble, ils ont eu deux enfants qui sont aujourd’hui dans la trentaine.

Au fil des ans, les services se sont ajoutés chez Nouvel Essor, que ce soit le transport adapté, la popote roulante, les rapports d’impôts, le programme Viactive et autres, toujours avec l’appui des différents conseils d’administration, rappelle Mme Lemieux.

Vivre avec un handicap

Ceux et celles qui connaissent Pauline Lemieux savent pertinemment qu’elle vit, depuis sa naissance, avec la paralysie cérébrale. Son handicap n’a jamais été un frein, indique-t-elle, que ce soit pour étudier ou avoir cet emploi qu’elle quitte après 42 ans.

« C’est l’ancien directeur général du CLSC, Jean-Guy Breton, qui m’a donné ma chance. Il avait confiance en moi », mentionne-t-elle tout en reconnaissant qu’à son arrivée à Nouvel Essor, beaucoup de gens avaient des préjugés envers elle, en raison de son handicap.

« Je ne le voyais pas toujours, mais mon chum le voyait, que ce soit au restaurant ou ailleurs. Les gens ne connaissaient pas cela et imaginez quand j’étais enceinte. Mes parents sont décédés quand j’étais jeune et la famille d’accueil où je vivais m’a appris rapidement à me défendre et faire ma place. Cela m’a permis de faire mon chemin dans la vie. »

Au travail, elle mentionne que l’un des seuls problèmes qu’elle vivait au quotidien se trouvait au niveau de l’écriture, mais qu’elle savait se débrouiller quand même. « Je retenais plein de choses et j’ai toujours eu une très bonne mémoire. La dactylo puis l’ordinateur, par la suite, ont toujours été des planches de salut pour moi », indique-t-elle en ajoutant qu’elle a pu compter, au fil des ans, sur du personnel attentionné et compétent pour la seconder.

Déceler le talent chez les gens 

Au fil des ans, les services se sont développés et plusieurs personnes ont pu être embauchées pour réaliser ces différents mandats. « Toutes les personnes que j’ai embauchées se sont bien placées par après. Je suis fière de cela. J’avais le sens de voir le potentiel des gens tout le temps, plus qu’eux le voyaient eux-mêmes. Je percevais leurs qualités, leur potentiel. »

Dans la même veine, elle ajoute que plusieurs organismes qui ont vu le jour par le biais de Nouvel Essor ont su rapidement devenir autonomes, même s’ils ne sont pas tous demeurés dans Les Etchemins, comme c’est le cas pour Autisme Chaudière-Appalaches, maintenant basé dans la région de Montmagny, ou encore la Maison du Tournant, centre de répit basé à Lac-Etchemin.

Soulignons que d’une employée au départ, soit elle-même, Nouvel Essor emploie huit personnes à temps plein et six occasionnels, en plus de disposer d’un budget avoisinant le demi-million de dollars.

Mme Lemieux mentionne que l’organisme va bien et qu’elle laisse celui entre bonnes mains puisque sa successeure, l’actuelle directrice générale adjointe Audrey Mercier, qui est en poste depuis trois ans, prendra la relève.