Heureux de la réouverture, mais un casse-tête à gérer

CULTURE. S’il se réjouit lui aussi de la réouverture des salles de spectacles à compter du 7 février, même à 50 %, le directeur général des Amants de la Scène de Montmagny, Christian Noël, considère que celle-ci représente un important défi pour les diffuseurs.

« Nous sommes contents de rouvrir, même à 50 %, car c’est notre métier et c’est ce qu’on souhaite faire. Cela vient toutefois avec son lot de défi, surtout lorsqu’on a des salles pleines », indique-t-il en ajoutant que dans de tels cas, il est presque impensable de faire deux représentations de suite avec un même artiste, car ceux-ci n’ont pas la disponibilité pour le faire.

« Nous avons une salle de 557 places et quand c’est plein, c’est toute une job de séparer le public. À qui je dis toit tu peux venir et toi tu ne peux pas. C’est impensable », mentionne-t-il en ajoutant que lorsque tu fais plus qu’une représentation avec un artiste, cela veut souvent dire deux cachets à verser.

« On reporte les spectacles rentables et à pleine capacité dans la grande salle et pour les autres, même si nous sommes soulagés de pouvoir les présenter, même si cela ne sera pas rentable. Il faudra souvent payer le même cachet et les dépenses de production vont augmenter, car il faudra acheter deux ou trois personnes de plus pour vérifier les billets et le passeport vaccinal, sans oublier les mesures de désinfection, la promotion et autres », précise-t-il en ajoutant qu’en plus des coûts de production qui augmentent, les revenus sont limités du fait que les ventes bloquées à un certain nombre.

« Dans Le Devoir aujourd’hui (27 janvier), on disait que bien souvent, dans de telles circonstances, c’est parfois plus payant d’annuler un spectacle que de le tenir. La mesure gouvernementale n’est pas adaptée pour les salles de 200 places et moins, car la compensation gouvernementale n’arrive pas à couvrir le cachet et que celle-ci tarde souvent à entrer. Il faut supporter cet argent en attendant que ça entre. C’est quasiment encourager les petites salles à ne pas ouvrir. »

M. Noël souligne que pour la période du 7 janvier au 31 mars, seulement cinq des 20 spectacles à l’agenda des Amants de la Scène seront présentés, ce qui est difficile à encaisser. « On a le spectacle de Sylvain Cossette qui était plein et que l’on devra présenter plus tard en 2022 ou en 2023. Pour celui de Philippe Laprise, il aura lieu, car j’ai 250 billets de vendus, mais je dois bloquer les ventes, même ça allait bien à ce niveau. Quant aux deux représentations de Fred Pellerin, qui sont salles combles, je devrai les reporter en 2023 ou peut-être même en 2024. On en a encore pour des années à subir cette situation », déplore-t-il en rappelant que les salles de spectacles sont des lieux sécuritaires à tous les points de vue.

« Ce que je ne comprends pas, c’est qu’en décembre, on était à pleine capacité avec le port du masque et la désinfection des mains qui étaient obligatoires. Une fois que la personne était assise, en tenant compte que bien souvent elle était accompagnée d’un conjoint et d’un proche, on aurait pu laisser un siège de distance et leur permettre d’enlever le masque. En plus les gens étaient doublement vaccinés », poursuit-il en ajoutant que l’annonce de cette semaine était empreinte d’incohérences.

« La dernière fois qu’on a fermé, ils voulaient qu’on garde un siège de distance entre les personnes lorsqu’on a rouvert et là, avec ce qui s’en vient la semaine prochaine, on nous dit que c’est 50 % de capacité, mais qu’on laisse aux salles de spectacles le soin de gérer la distanciation entre les gens. Certaines salles nous ont dit que comme ce n’était pas obligatoire, ils n’en feraient pas. »

Salle occupée

Bien que la situation des deux dernières années fût tout, sauf idéale, Christian Noël souligne que la salle de spectacles magnymontoise se porte quand même assez bien, comparativement à d’autres, du fait qu’avec les événements corporatifs, ce qui inclut des spectacles et conférences virtuelles pour plusieurs entreprises importantes de la région, il a pu conserver tout son personnel.

« On fait aussi des spectacles virtuels, mais ce n’est pas pour l’argent. On le fait parce qu’on veut, surtout que les ventes sont souvent moins bonnes qu’en présentiel », poursuit-il en ajoutant qu’à ce niveau, la situation n’est idéale ni pour le spectateur que l’artiste qui est seul sur la scène, avec un caméraman et un technicien, et qu’il ne peut se nourrir d’aucune interaction du public.

Christian Noël mentionne enfin que la réouverture des salles de spectacles est positive en ce sens que cela signifiera la reprise des diffusions de films, ajoutant que l’affluence aux diverses représentations permet amplement d’entrer dans le barème des 50 %.