Michel Barrette fait rire les gens de Bellechasse

HUMOUR. Légende de l’humour québécois ayant 40 années derrière la cravate, Michel Barrette était de passage à la Maison de la culture de Bellechasse de Saint-Damien le vendredi 17 juin dernier où, devant une salle presque comble, il présentait son plus récent (et dernier) one-man-show en carrière, L’humour de ma vie.

Fidèle à son habitude, le populaire humoriste et raconteur n’a pas manqué de dérider son public avec quelques numéros tirés de ses spectacles précédents, mais aussi avec de nouvelles histoires issues de ses plus récentes péripéties personnelles et, bien sûr, de la pandémie de COVID-19.

Mentionnons qu’outre un show corporatif présenté à Saint-Lazare il y a une dizaine d’années, il s’agissait d’une première prestation en salle dans Bellechasse pour celui dont le spectacle était marqué de nombreuses interactions avec le public avec qui il a parlé de voiture (son sujet fétiche), des Noëls d’antan et de religion, de sexe et autres.

À l’auteur de ces lignes tout comme au public présent, il est revenu sur ces 40 ans en carrière et sur cette dernière tournée qui se terminera à la fin de 2023 ou au début de 2024. Lorsqu’on lui demande pourquoi il a pris la décision de ne plus faire de tournée dans le futur, Michel Barette souligne, sans hésiter, qu’il a décidé de ralentir la cadence d’abord en raison de son âge (il a eu 65 ans le 26 avril dernier), mais également pour passer plus de temps à la maison, auprès des siens.

« Mon plus jeune vient d’avoir 16 ans et ça me tente moins de partir pour 10 jours en Abitibi ou 12 jours sur la Côte-Nord. Je veux profiter davantage de la vie et de mes proches, être à la maison », indique-t-il en précisant que même s’il arrêtera les tournées, il aime toujours cela.

« Si j’avais 20 ans de moins, je recommencerais cela demain matin », mentionne celui qui dit avoir donné pas moins de 4 000 spectacles partout en province et connaître tous les racoins de la province.

Un concours de circonstances

C’est en 1982, alors qu’il avait 25 ans, que Michel Barrette a fait ses débuts dans le monde de l’humour.

« Mon grand-père était un conteur, mais sans la prétention de l’être. C’était juste naturel chez lui. Il ne montait pas sur scène, mais ça adonnait que lorsqu’il racontait quelque chose, c’était le fun et vivant en tabarouette. C’est peut-être de lui que j’ai pris ce talent que j’ai, mais personne dans la famille n’avait de visées artistiques. Ma blonde de l’époque était la seule qui me voyait là-dedans », mentionne-t-il en ajoutant qu’avant de se lancer en humour, ses seuls contacts avec le domaine artistique était les différents spectacles étudiants auxquels il prenait part au secondaire.

C’est un peu le hasard et l’arrivée des soirées d’improvisation qui l’ont amené là-dedans, rappelle-t-il.

« C’était la grosse mode au début des années 1980 avec la LNI et tout cela. Dominique Lévesque était prof de théâtre et enseignait à Marie-Lise Pilote et Dany Turcotte, qui ont ensuite formé le Groupe Sanguin. Leur équipe s’appelait, à ce moment, le Lotus bleu de Jonquière et nous autres, on était les Tremblay d’Alma, même il n’y avait aucun Tremblay dans notre groupe. C’était l’équipe qu’on rencontrait le plus souvent, car ils étaient pas mal hots », mentionne-t-il.

« Si je m’étais assis avec Dany Turcotte et Marie-Lise Pilote et que je leur avais dit, à ce moment, qu’on allait faire carrière en humour, ils m’auraient probablement dit que j’étais malade, qu’on faisait de l’impro, pas de l’humour », poursuit-il en ajoutant que tout a été un concours de circonstances avec, ensuite, la venue des Lundis des haha, imaginés par Serge Thériault et Claude Meunier, qui ont eu un impact certain sur son choix de carrière à ce moment.

« Certains se sont plantés pas mal et ont vu leur carrière finir aussi rapidement qu’elle avait commencé, mais d’autres sont restés comme le Groupe Sanguin, RBO, André-Philippe Gagnon, Daniel Lemire, Pierre Verville (et lui-même). Je n’ai jamais eu de plan de carrière pour cela et même quand j’ai commencé à donner mes premiers shows, je ne savais pas si ça allait durer un mois, 6 mois ou un an. Tout est arrivé vite », rappelle celui qui avant de se lancer en humour a été deux ans dans l’armée et étudié en finance avant d’occuper un emploi de directeur de crédit pour la Caisse Desjardins de financement de Jonquière.

« Je suis juste quelqu’un qui a du fun à faire ce qu’il fait. Quand je monte sur scène, j’ai le même fun, sinon davantage, que lorsque j’ai commencé il y a 40 ans. J’aime cela raconter », ajoute celui qui a également fait carrière à la radio et à la télévision en plus de jouer dans 18 films, dont les deux derniers qui sortiront au cours de l’automne.

Remonter sur scène après la tournée

À la fin de l’actuelle tournée qui se terminera quelque part à la fin 2023 ou au début de 2024, reverra-t-on Michel Barrette sur la scène ? Assurément, de dire le principal intéressé qui ajoute que ce sera sous un format différent, cependant.

« Ce qui est prévu dans ma tête, et je l’ai fait à deux reprises pour essayer, c’est que je n’écrirai plus de shows. Je pourrais avoir quelqu’un qui pourrait s’asseoir avec moi sur scène, me lancer des sujets, des questions ou des thèmes à partir desquels je vais ensuite exposer mes opinions, élaborer ou improviser. La seule chose que je vais demander, c’est d’aller le plus large possible pour faire rire le monde. Chaque animateur va décider du sujet et je vais parler », indique-t-il en ajoutant, comme le lui a dit sa conjointe qui l’a vu en action, qu’il peut être à la fois drôle, surprenant, mais touchant également.

« Les gens ne savent rien de ma vie. Ils connaissent l’humoriste et ce qu’ils ont vu dans les journaux et autres. Je parle aussi de suicide, de mort et d’autres sujets touchants que je trouve important d’aborder. J’ai voulu me suicider à 25 ans et j’ai sauvé un gars sur le pont Jacques-Cartier par la suite, parce que je me suis retrouvé là-dedans. Ce n’est rien de drôle, mais le message est important. Si mon père ne m’avait pas sauvé, on ne serait pas ici ce soir en train de se parler, je n’aurais pas eu cette carrière-là et mes enfants n’existeraient pas. Si je m’étais suicidé à 25 ans, possiblement que le gars sur le pont Jacques-Cartier serait mort aussi, parce que je suis le premier qui est débarqué de son char pour l’aider. Il n’y a rien qui n’arrive pour rien », mentionne-t-il en ajoutant qu’il croyait fortement au destin.

De la Rive-Sud de Montréal à la Beauce

Ce que peu de gens savent, c’est que Michel Barrette et sa petite famille se sont établis à Saint-Narcisse-de-Beaurivage, à la frontière de la Beauce et de Lotbinière, il y a deux ans.

« Après avoir vécu de nombreuses années à Montréal puis sur la Rive-Sud de Montréal, je n’en pouvais plus. J’ai eu un hôtel pendant huit ans et c’était de la peau, une grosse aventure. Quand tout cela s’est terminé et grâce à la pandémie, il était le temps de faire un move, un vrai. J’ai dit à ma bonde que c’était en Beauce où les gens ressemblaient le plus à ceux de chez nous et en une heure, je l’avais convaincue de déménager », mentionne l’humoriste qui a été porte-parole des fêtes du 150e anniversaire de sa localité d’adoption, tout récemment.

S’il ne fait pas nécessairement beaucoup état de sa nouvelle situation, il mentionne que les gens de Saint-Narcisse sont très respectueux à son égard dans l’ensemble.

« Ici dans la région, les gens sont fins, respectueux et c’est bien. Des fois et c’est normal, il y en a qui ont de vieux chars qui passent devant ma maison dans l’espoir de me les montrer, ce que j’apprécie, car j’aime les vieilles voitures. Des fois, et je fais exprès, ils passent tranquillement et je sors en sachant qu’ils vont revenir et là, je les arrête et je jase avec eux. Ils sont contents », conclut-il.