Saint-Prosper : l’avenir du Théâtre du Ganoué en péril

CULTURE. Après plus de 40 ans d’activités, le Théâtre du Ganoué de Saint-Prosper a peut-être offert le dernier spectacle culturel de son existence en août 2019.

À la suite d’une analyse réalisée par une firme d’ingénieurs spécialisée, le bâtiment est désormais jugé non sécuritaire et ne peut plus présenter de pièces de théâtre sans rénovations majeures.

Selon Dany Desjardins, directeur général de la municipalité de Saint-Prosper, et le maire Alain Maheux, les coûts pour la rénovation du Théâtre du Ganoué s’annoncent pour être très élevés. En raison de l’année de construction et de l’absence de fondation solide, la municipalité ne sait même pas si quelqu’un voudra réaliser de tels travaux.

M. Maheux croit que si la municipalité va de l’avant avec un tel investissement, le théâtre devra être utilisé à l’année et pas seulement quelques mois par année. « Selon nos informations, réparer le Ganoué ne nous coûtera pas le prix d’un neuf, mais on devra dépenser énormément d’argent. À titre comparatif, j’ai fait mes recherches et la construction d’un théâtre neuf de 250 personnes représente un investissement entre 8 M$ et 9 M$ », mentionne-t-il.

Les responsables du site, qui est géré par un organisme à but non lucratif (OBNL) malgré l’achat du Village Beauceron par la municipalité, ont demandé s’il était possible de réaliser des travaux au Théâtre l’été dernier. Rappelons qu’aucune pièce de théâtre n’avait été offerte au Ganoué en raison de la pandémie.

La municipalité a accepté cette demande et a rencontré une firme d’ingénieurs spécialisée dans le domaine. Après une analyse du bâtiment, un rapport a été remis jugeant le bâtiment non sécuritaire et désormais non utilisable alors que plusieurs personnes peuvent entrer à l’intérieur du théâtre, indique M. Desjardins.

Habituellement, trois pièces de théâtre d’été étaient offertes annuellement au Ganoué.

Un long processus

À la suite de cette annonce, un comité culturel a été formé pour faire le point sur ce dossier. Il devra se rencontrer à quelques reprises avant de donner ses recommandations au conseil municipal. À partir du moment où les recommandations seront faites, la municipalité aura une décision à prendre, mais le processus pourrait être long, précise le directeur général.

« Les évaluations faites nous ont un peu surpris. Lors de sa construction, les gens l’ont bâti avec les ressources disponibles. Il est construit comme une grange. On savait qu’il n’était pas dans un état optimal, mais pas dans de telles conditions », admet M. Maheux.

« Devons-nous le réparer ou construire un nouveau théâtre ? Est-ce que des gens sont intéressés par ce type de service ? Quelles sont les alternatives pour le moment ? Y a-t-il des troupes de théâtre toujours intéressées à venir s’installer chez nous ? Nous sommes rendus au mois de février, le temps commence à se faire tard pour l’organisation d’événements culturels, mais il a toujours moyen d’organiser quelque chose », indique le maire.

Un futur incertain

De son côté, l’OBNL, présidé par Marie-Claude Paradis, avoue que l’avenir du Théâtre du Ganoué est plutôt vague. Selon elle, il y a beaucoup de discussions pour peu d’avancement. La présidente a été mise au courant de la nouvelle en automne dernier, quelques semaines avant les élections.

« On est vraiment entre deux chaises. Sera-t-il réparé, la municipalité construira-t-elle un nouveau théâtre ? Serons-nous déplacés à un autre endroit ? Y aura-t-il des pièces de théâtre cet été ? On ne sait pas ce qui va arriver », affirme-t-elle. Pour la saison 2022, l’équipe responsable de la gestion des événements indique que l’insécurité de la situation est trop grande pour commercer des démarches.

« Si la municipalité ne veut pas reconstruit un théâtre, on n’investira pas autant de temps et d’expérience dans quelques choses qui n’aura jamais lieu. Pour ma part, ça ne me dérange pas de faire une mini-saison à un autre endroit, mais à long terme, on veut une assurance de pouvoir se retrouver dans un endroit stable et durable », indique Mme Paradis.

« Je ne crois pas que Saint-Prosper ne peut plus avoir son Ganoué. C’est tellement un bâtiment emblématique et touristique de la région. Mais maintenant, c’est entre les mains de la municipalité. Nous, on n’a pas beaucoup de pouvoir », conclut-elle.