Des délinquants sexuels orientés vers des thérapies
TRIBUNAL. Le devoir de la cour est certes de punir, mais avant tout de dissuader et de favoriser la réhabilitation sociale. C’est particulièrement le cas en matière de délits à caractère sexuel et deux causes parmi les nombreuses qui portaient sur cet aspect de la criminalité, mardi au palais de justice de Québec, en illustrent l’intention.
Traitements pour leurre d’enfants
Arrêté il y a plus de deux ans et ayant plaidé coupable à des accusations d’incitation à des attouchements et de leurre informatique de neuf mineures, dont une enfant de 9 ans, Jocelyn Mathieu s’expose à une peine d’emprisonnement. La Couronne suggère 15 à 18 mois, tandis que la Défense estime que le minimum d’un an s’applique. L’accent est mis sur l’obligation de suivi de thérapies sexologiques et psychologiques.
Résident de Sainte-Justine, maintenant installé à Lévis, Mathieu était de retour pour la phase des représentations sur sa peine, mardi. Entre mai 2013 et le moment de son arrestation en 2014, il s’est fait passer pour une jeune fille de 14 ans, afin d’entrer en contact via Internet avec d’autres adolescentes. Au fil des discussions, il les mettait en confiance et demandait des photos de leurs seins et parties génitales, en échange de récompenses comme de l’argent, de la drogue et des bijoux (pursing).
Le subterfuge avait été décelé par le père d’une petite victime de 9 ans de Québec, qui après avoir vu les échanges sur son ordinateur a porté plainte à la police. À la suite de son arrestation, Mathieu a vu sa conjointe mettre un terme à leur relation de plus de 14 ans et limiter les liens avec leurs trois enfants. Homme au foyer de 36 ans, il s’est retrouvé sur l’aide sociale et est retourné habiter chez ses parents à Lévis.
Comme circonstances aggravantes, la Couronne note le nombre de victimes, la présence d’une enfant parmi elles et le stratagème mis en place pour attirer les jeunes. La Défense considère comme facteurs atténuants le plaidoyer de culpabilité et la collaboration de l’accusé à l’enquête, la reconnaissance de ses problèmes d’ordre sexuels et le fait qu’il n’y ait pas eu exhibitionnisme ni tentative de rencontrer les victimes.
Les parties s’entendent pour assortir la peine de prison d’une probation de 3 ans, d’un suivi de toute thérapie utile, de l’inscription au Registre des délinquants sexuels pour 20 ans, un prélèvement d’ADN et une interdiction d’accès à Internet. Le juge Bernard Lemieux rendra sa décision sur la peine le 22 avril.
Déviance sexuelle et toxicomanie
Arrêté après des épisodes d’exhibitionnisme à proximité de cours d’école dans la région de Québec, Francis Bolduc en reconnu ses gestes déplacés et accepté de suivre une thérapie sexologique. Il s’est également dit prêt à prendre des mesures pour cesser sa consommation de drogue, qui le porte à avoir des idées déviantes.
L’homme dans la trentaine originaire de Dolbeau a bénéficié d’une certaine confiance de la cour en faveur de sa réhabilitation en recevant une peine de 90 jours discontinus de prison. Il a aussi obtenu la permission de se rapporter les fins de semaine au centre de détention de Roberval, afin de lui permettre de maintenir son emploi comme camionneur dans l’industrie forestière au Lac Saint-Jean.
Sans antécédents judiciaires, Bolduc s’est dit prêt à tout faire pour résoudre ses problèmes et profiter de la chance qu’on lui donne de se reprendre en main. Le juge Lemieux a entériné la suggestion commune des procureurs, assortie d’une probation de 3 ans, d’une inscription au Registre des délinquants sexuels pour 10 ans et d’une interdiction de se retrouver dans des parcs où se trouvent de jeunes de moins de 16 ans.
Québec Hebdo