30 ans de vie radiophonique pour Roch Bernier
LAC-ETCHEMIN. Le 12 janvier 1995, Roch Bernier se lançait dans une aventure qui, 30 ans plus tard et malgré quelques interruptions, se poursuit. L’ancien policier devenait animateur-bénévole à CFIN-FM, prenant le micro de « La grande rétro », émission qui allait devenir une des plus grandes marques de commerce de la station communautaire régionale à cette époque, aujourd’hui Passion-FM/Radio Bellechasse-Etchemins.
Pour souligner le 30e anniversaire de cette première de 778 émissions et d’une carrière radiophonique de 17 ans s’étalant sur 30 ans, les proches de M. Bernier, en collaboration avec la directrice Sylvie Lamontagne, ont décidé de prendre le contrôle de l’émission matinale de l’animateur de 74 ans, « Debout c’est l’heure » du lundi 13 janvier.
« Depuis décembre que Roch me disait que ça allait faire 30 ans, le 12 janvier, qu’il était entré à la station. Le 12 étant un dimanche, il se demandait ce qui allait se passer le lendemain, si la direction de la radio allait y penser ou non. J’ai parlé à ses enfants et on a décidé de s’en occuper », indique la nouvelle conjointe de l’animateur et mairesse de Saint-Louis, Lucie Gagnon.
Cette dernière ajoute que chacun, elle et les enfants de Roch ainsi que la nièce de ce dernier, Stéphanie Bouffard, ont décidé de mettre la main à la pâte afin de faire de cette émission du 13 janvier un moment inoubliable. « Chacun, avec ses contacts, avait des appels à faire et tout a marché sur des roulettes. Cela n’aurait pu être possible sans la participation de Sylvie Lamontagne qui était là pour nous aider et faire des changements à l’horaire lorsque nécessaire », poursuit-elle.
Tour à tour, quelques personnes près de Roch Bernier ont pris les ondes pour souligner leur appréciation envers le travail de Roch Bernier à commencer par ses enfants, Dany et Peggy Bernier, les préfets Camil Turmel et Luc Dion, ainsi que les députées Stéphanie Lachance et Dominique Vien.
Surprise en studio
Cette dernière, en compagnie de son attachée politique Denise Gagné, de Mmes Gagnon et Bouffard, ainsi que d’André Aubé de Saint-Malachie, ami de longue date de Roch Bernier, étaient de passage en studio vers 9 h lundi matin pour prendre la parole et faire part de leur appréciation envers l’animateur qui n’a pas caché sa surprise devant tous ces témoignages à leur égard.
Reprenant le micro qu’elle a utilisé pendant toutes ses années à la radio, Mme Vien a lancé la discussion avec celui qu’elle considère comme un ami.
« C’était un collègue de travail et un ami. CFIN, c’était une équipe. Cette amitié s’est consolidée lorsque nous avons fait CFIN en tournée, qui avait connu un franc succès. On a eu beaucoup de plaisir à faire cela », indiquait la députée fédérale après son passage en ondes.
« Je connais Roch depuis longtemps et il a toujours été un père pour moi. Quand j’étais jeune, il pensionnait chez une voisine près de chez nous et venait régulièrement faire son tour à la maison pour jouer aux cartes. On a une belle connexion », a pour sa part précisé André Aubé.
De beaux souvenirs pour Roch Bernier
Très émotif devant tant de reconnaissance et d’affection à son égard, Roch Bernier soulignait, en après-midi, qu’il se doutait que quelque chose se tramait lors de l’appel de son fils Dany Bernier pour discuter des activités de la formation Sénior AAA Bellechasse.
« Je sentais, dans ses propos que j’étais pour me faire avoir, alors je lui ai dit, en boutade, que ce n’était pas aujourd’hui le 30e anniversaire de La grande rétro, mais en mars. Lorsque j’ai dit cela, ma conjointe m’a dit que c’était la panique, que tout le monde l’appelait. Peggy m’a ensuite appelé en ondes, à son tour, pour me dire qu’elle et son frère étaient fiers de moi. C’était très émotif. Ce fut une belle journée, remplie de beaux moments. Ça allait très vite », indique le principal intéressé qui dit avoir apprécié les appels des préfets, de la députée Stéphanie Lachance et bien sûr la visite de femmes importantes dans sa vie en studio, soit Dominique Vien, Lucie Gagnon et Stéphanie Bouffard.
Profiter de la vie à 100 %
Invité à revenir sur une carrière des plus remplie sur trois décennies, marquée de quelques interruptions totalisant 13 ans, Roch Bernier n’hésite pas à dire que la radio a pris beaucoup de place dans sa vie. « Sur 30 ans de radio, j’ai travaillé 17 ans, je suis parti et revenu trois ou quatre fois à travers cela. Si la vie et le Bon Dieu sont de mon côté et que j’ai la santé, je n’ai pas l’intention d’arrêter pour le moment », a-t-il mentionné.
Policier, puis animateur
Roch Bernier souligne que cette passion pour la radio remonte au temps où il étudiait au Juvénat Notre-Dame, à Lévis, alors qu’il était adolescent. Un ancien animateur, De Verchères Mercier qui animait Blue Skies à CKCV et Monsieur Minuit à CHRC, lui vient particulièrement en tête.
« Je l’écoutais de nuit et à ma deuxième année, nous avions un studio de langue française avec 24 microcabines où on parlait dans un micro tout en nous écoutant. J’achetais l’Action catholique et je me préparais des nouvelles dans ma boîte à moi. C’est à ce moment que j’ai eu la piqûre », indique celui qui, avant de faire de la radio, a été policier pendant 25 ans à la Sûreté du Québec le 17 juillet 1967, à l’âge de 17 ans seulement.
« J’ai pris ma retraite à 42 ans, après une carrière extraordinaire à la Sûreté. J’ai été patrouilleur pendant 8 ans, avant d’œuvrer pendant 6 ans dans le monde des stupéfiants en tant qu’agent double. J’ai terminé terminer ma carrière aux relations communautaires de 1986 à 1992. On a mis sur pied ce département et nous étions seulement trois policiers sur 4 300 au Québec à en faire partie », indique-t-il en mentionnant que lui et ses collègues avaient formé plusieurs policiers pour ce rôle spécifique.
« J’ai pris ma retraite de la SQ en 1992 et après avoir travaillé comme socioéducateur dans une école privée, en 1992, je suis entré comme conseiller aux ventes chez Paré Chevrolet Oldmobile à Saint-Anselme et entre-temps, je conduisais mon fils Dany et mon neveu Bruno Lachance à la radio, à Lac-Etchemin. Le 12 janvier 1995, j’ai animé ma première grande rétro les samedis et dimanches. C’est comme cela que tout a commencé », poursuit-il en ajoutant que pour 778 émissions en ligne, les samedis et dimanche, il n’a jamais manqué une journée.
« En parallèle sont arrivés, assez rapidement, » Les petits matins de Rock Bernier ». Pendant 5 ans, j’ai animé 7 jours sur 7. Je ne prenais pas de congé. La radio, c’était ma passion et ma vie et ça l’est toujours », dira-t-il avec une émotion à peine retenue.
Partir pour mieux revenir
Après quelques hésitations, il quitte ses fonctions au début des années 2000 pour accepter un nouveau défi en tant que chauffeur pour le député fédéral Gilbert Normand qui avait été nommé secrétaire d’État à l’industrie, sous la responsabilité du ministre Brian Tobin. Une fois que M. Normand a perdu son poste, Dominique Vien l’appelait pour qu’il reprenne les rênes de La grande rétro, ce qu’il accepta de faire à condition d’avoir un poste à temps plein dès que l’occasion se présenterait à nouveau. En 2005, à l’âge de 55 ans, il décide de quitter pour prendre sa retraite en Gaspésie, où il avait une résidence.
« Ma conjointe du temps et moi avons été là-bas pendant 7 ans et je suis revenu en 2012, avant de repartir en 2015 et de revenir à nouveau en 2017. Après deux années, je suis reparti une fois de plus et je suis de retour depuis deux ans. Je ne fais cela pas pour l’argent, mais par passion. On a fait bien des sacrifices dans les années plus difficiles pour sauver la radio, même si ce ne fut pas toujours facile. Ma vie, c’est ma famille et la radio. »
Mourir et revenir à la vie
Depuis de nombreuses années, Roch Bernier est aux prises avec le diabète, maladie qui lui en a fait voir de toutes les couleurs au fil des ans, lui qui a notamment été victime, pendant 11 heures, d’un coma diabétique lors du dernier radiothon de Passion-FM à la fin de mars 2024. Il était de retour derrière son micro le lundi suivant.
« J’aime ma vie, je ne veux pas perdre un instant de celle-ci. Je vis actuellement les plus beaux moments de ma vie. J’ai une compagne merveilleuse, un cadeau du ciel, et j’ai la chance de faire ce que j’aime, ce que je souhaite à tout le monde. J’essaie de redonner le plus possible et j’ai la chance d’avoir de bons amis, que ce soit ici à la radio ou au journal. Je considère que nos médias vivent des moments qui ne sont pas toujours faciles et il faut trimer fort pour réussir. »