Caisse de Bellechasse: nouvelle vague de fermetures confirmée
DESJARDINS. Quelques semaines à peine après la nouvelle voulant que Desjardins fermerait de nombreux centres de service à la grandeur de la province, sans oublier le retrait de guichets automatiques, la Caisse Desjardins de Bellechasse a confirmé, ce mardi 13 février, qu’elle avait prise des décisions en ce sens.
L’institution financière fermera complètement, à compter du 8 mars prochain, son centre de services de Saint-Gervais, mesure qui comprend également le retrait du guichet automatique s’y trouvant. Dans la même veine, le dernier centre de services du sud de Bellechasse toujours en opération, soit celui de Saint-Damien, fermera également ses portes, mais le guichet automatique s’y trouvant demeurera.
Dans un autre temps, les guichets automatiques toujours accessibles à Saint-Léon, Armagh et Saint-Michel seront retirés, la Caisse ayant par le fait même décidé de retirer un guichet à chacun de ses centres de services situés sur la 277, soit à Sainte-Claire, Saint-Anselme et Saint-Henri. Il ne restera donc qu’un seul guichet à ces endroits, au lieu de deux.
Soulignons enfin que les centres de services de Beaumont, Saint-Charles et Saint-Raphaël ne sont pas touchés par cette mesure, la statu quo demeurant à ces endroits.
Présidente du conseil d’administration de la Caisse Desjardins de Bellechasse, Paule Baillargeon a souligné que ce n’était pas de gaité de cœur que les administrateurs de la Caisse avaient pris ces décisions, rappelant que c’est uniquement sur la base de l’utilisation que ces fermetures et retraits de guichets avaient été décidés.
Elle a mentionné que la décision a été prise au cours du mois de janvier, mais que les annonces au personnel et aux élus des localités concernées avaient été gardées pour ce mardi 13 février.
« On n’abandonnera pas nos membres, c’est certain. Chaque membre des centres de service concernés qui utilisaient exclusivement le comptoir sera appelé personnellement d’ici le 8 mars et pourra bénéficier d’un accompagnement personnalisé », a-t-elle mentionné.
Le directeur général de la Caisse de Bellechasse, Marc Bouchard, a pour sa part confirmé que la mesure sera effective le 8 mars autant pour les centres de services que pour l’arrêt de la mise en service des guichets concernés. Le retrait officiel de ces derniers se fera de façon graduelle.
Déception à Saint-Gervais
La municipalité de Saint-Gervais est assurément la grande perdante de cette journée, elle qui perdra à la fois son centre de services et son guichet le 8 mars. Premier à sonner l’alarme, le maire Gilles Nadeau n’a pas caché sa déception devant la tournure des événements.
« On nous a dit que la baisse marquée de fréquentation au comptoir et d’utilisation du guichet, qui frisaient le 1 % dans les deux cas, aurait mené les dirigeants de la Caisse à prendre cette décision », a-t-il indiqué.
Même s’il dit comprendre les arguments derrière cette décision, sachant que les gens effectuent de plus en plus leurs transactions par voie électronique, il ajoute que cette décision aura un impact majeur pour toutes les personnes ou entreprises qui ont des dépôts en argent à effectuer, qu’il s’agisse d’épiceries, dépanneurs ou même les clubs de l’âge d’or comme celui de Saint-Gervais dont il est le président.
« Les personnes âgées sont habituées d’avoir de l’argent avec elles. Même s’ils vont communiquer avec les utilisateurs du comptoir et les accompagner dans la transition, on trouve que trois semaines d’avis, c’est pas mal court », ajoute le magistrat qui dit n’avoir pas pu venir cette décision.
« Il y a une couple d’années à peine, on nous disait que Saint-Gervais était un centre de services qui fonctionnait bien et on avait même des conseillers qui étaient ici à temps plein pour accueillir les gens, que ce soit pour leurs placements ou leurs emprunts », soutient-il en rappelant également que Saint-Gervais était une municipalité pleine en croissance.
« C’est une annonce qui sera lourde de conséquences pour bien des gens. J’ai été président de la Caisse de Saint-Gervais pendant 15 ans. On prenait certaines décisions à prendre qui ne faisaient pas l’affaire des gens, mais dans ce cas-ci, il me semble que de le faire en collaboration avec le milieu, ça aurait mieux passé que de l’apprendre comme cela, sans prévenir. »
Le sud de Bellechasse encore perdant
Invité lui aussi à commenter cette décision de la Caisse de Bellechasse, le maire de Saint-Damien, Sébastien Bourget, s’est dit déçu de la tournure des événements. S’il se disait peu surpris de l’annonce en tant que telle, il s’est dit surpris de l’ampleur des fermetures annoncées.
Ayant toujours fraîche à sa mémoire la fermeture du comptoir de la Banque Nationale en 2020, M. Bourget croit que c’est non seulement sa municipalité, mais tout le sud de Bellechasse qui fasse les frais de statistiques qui favorisent le secteur ouest du territoire, en particulier l’axe Sainte-Claire/Saint-Anselme/Saint-Henri.
« C’est encore la 279 et la 281 qui paient les frais de décisions administratives qui sont prises sans tenir compte des besoins populationnels. Ces décisions sont prises à partir de statistiques provinciales, mais on ne sait pas quelles sont les nôtres », poursuit-il en rappelant que si Desjardins est une entreprise de services, le mouvement coopératif qui a servi à la mise en place du Mouvement Desjardins ne tient plus autant qu’avant.
« Ils s’impliquent dans nos communautés et soutiennent les projets du milieu, ça je leur donne et Saint-Damien en a profité comme d’autres municipalités, mais après cela, qu’est-ce qui reste de coopératif de ce mouvement ? À part cela, c’est un modèle qui ressemble aux banques », affirme-t-il également en ajoutant que « l’on veut bien montrer notre désarroi, mais serons-nous entendus ? »
M. Bourget se désole lui aussi que ses entreprises de services auront à se déplacer pour faire leurs dépôts d’argent. Ce qui est dommage là-dedans, c’est qu’il n’y a pas de modèles hybrides dans tout cela. C’est fermé ou c’est ouvert », déplore-t-il également tout en ajoutant que les milieux ruraux sont toujours victimes, en fin de compte, des changements technologiques.
« Ce sont des décisions uniquement financières et le côté social au sens pur du terme, tout comme le volet coopératif, n’est plus pris en considération », dit-il en terminant.