Collège de Saint-Damien: une demande de classement est déposée
PATRIMOINE. À moins d’un mois de l’échéance du 10 janvier qui lui a été donnée par le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud pour la présentation d’un projet et d’un montage financier viables pour la sauvegarde du Collège de Saint-Damien, la Fondation Saint-Joseph-de-l’Espérance ne lance pas la serviette et poursuit ses démarches tout en espérant obtenir un délai supplémentaire.
Dans un premier temps, la Fondation s’est associée au Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) pour demander au ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, d’accorder un classement d’immeuble patrimonial au Collège de Saint-Damien, cela dans le but de bien sûr éviter sa démolition.
Dans la lettre datée du vendredi 13 décembre, le vice-président du GIRAM, Gaston Cadrin, souligne que la préservation et la mise en valeur du bâtiment de l’ancienne École normale de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, inauguré en 1961 et devenu le Collège de Saint-Damien en 1969, « étaient suffisamment d’intérêt public pour obtenir une reconnaissance nationale et une éventuelle inscription au Registre patrimonial du Québec. »
Dans un courriel acheminé au journal, M. Cadrin a dit collaborer avec la Fondation Saint-Joseph-de-L’Espérance dans ce dossier et appuyer l’organisme dans son projet de reconvertir une partie de ce bâtiment en y aménagement 84 logements abordables, tout en y conservant les fonctions communautaires et culturelles s’y trouvant, notamment la salle de spectacles de la Maison de la Culture de Bellechasse qui a déjà déposé, auprès du même ministère, un projet de relocalisation de ses installations au Centre sectoriel des plastiques de l’école secondaire Saint-Damien.
Prêts à déposer
Respectivement président et secrétaire du conseil d’administration de la Fondation, Jean-Marie Chabot et Annie Godbout soulignaient, lors d’un entretien avec le journal le jeudi 12 décembre dernier, que le volet « logement » avait été pris en charge par le GRT Nouvel Habitat de Lévis et que celui-ci était prêt à déposer, au nom de la Fondation, une demande d’aide financière dans le cadre du (Programme d’habitations abordables du Québec [PHAQ] de la SHQ, pour lequel ils ont été déclarés admissibles.
Cependant, le programme a été mis sur la glace temporairement par le gouvernement du Québec dans le cadre des actuelles restrictions budgétaires actuelles, ce qui a empêché le dépôt d’une demande d’aide financière au cours de l’automne, comme prévu initialement. « On nous a dit que ça ouvrirait en début d’année 2025, sans nous donner de date », indique M. Chabot.
Les deux intervenants ajoutent que la date butoir du 10 janvier prochain avait été arrêtée en fonction d’un appel de projets à ce programme et que pour cette raison, ils souhaitent obtenir un délai supplémentaire du centre de services scolaire.
« Notre projet est jugé admissible, mais il a aussi été retardé du fait qu’on doit aussi leur dire ce que nous ferons avec l’autre 50 % de l’immeuble, soit la partie centrale, qui n’est pas admissible à des subventions. Nous avons de bons prospects qui ont manifesté l’intérêt de s’y installer si notre projet fonctionne », indique Jean-Marie Chabot.
Ancienne présidente et actuelle secrétaire du conseil d’administration, Annie Godbout rappelle que des données émanant de Développement économique Bellechasse prouvent le manque criant de logements dans Bellechasse, ajoutant que près de 150 personnes avaient signé un sondage d’intérêt en vue de s’établir au collège. Elle rappelle également que la partie centrale du collège offre des locaux très intéressants depuis que l’école est partie, notamment le gymnase ou même la piscine qui pourrait être relancée à peu de frais.
Soulignons que la Fondation est admissible à deux subventions fédérales totalisant 250 000 $ qui les aidera à préparer leurs demandes prochaines et payer les architectes dans la préparation des plans et l’évaluation des coûts.
Prolongation de délai ou pas ?
Les deux intervenants indiquent que les discussions entre le GRT et le Centre de services scolaire, pour un éventuel prolongement de ce délai, étaient en cours. En ce sens, Jean-Marie Chabot est d’avis que toute démolition du bâtiment ne pourrait pas survenir avant 2026 ou même 2027. Il ajoute que dans sa première requête de moratoire à long terme, la fondation avait demandé d’établir celle-ci au 31 décembre 2025, avec le soutien de la municipalité de Saint-Damien dans un écrit datant du 23 mai dernier. Cette dernière rappelait toutefois ses conditions à un tel appui, soit un financement assuré, une pérennité dans le temps et une viabilité financière à long terme.
Dans un échange de courriel datant du 16 décembre, la conseillère en communications au CSSCS, Isabelle L’Arrivée-Lavoie a indiqué, que l’échéance demeurait pour le moment, ajoutant que les membres du conseil d’administration prendront une décision, lors de la prochaine séance, à la lumière des renseignements qu’ils auront à ce moment.
Maintien des acteurs actuels dans le Collège
Se disant malgré tout confiants d’obtenir gain de cause après du CSSCS quant à une possible prolongation de ce délai, Annie Godbout et Jean-Marie Chabot ont aussi dit souhaiter le maintien, à court ou moyen terme, des activités de la Maison de la Culture et de la bibliothèque municipale dans le Collège Saint-Damien qui, à compter de la fin du mois de juillet, devraient normalement déménager temporairement dans la chapelle de la Maison Mère et le Centre historique NDPS, respectivement.
Le maire Sébastien Bourget et le directeur artistique de la Maison de la Culture, Olivier Leclerc, ont rappelé que cette décision de relocaliser leurs activités, en attendant une réponse positive du gouvernement au projet de création d’une nouvelle Maison de la culture dans le Centre sectoriel des Plastiques, relève directement du moratoire du 10 janvier et de l’obligation émise par le CSSCS que les locataires du Collège aient quitté les lieux le 31 juillet.
« Dans cet esprit, on sait que des aménagements seront nécessaires dans le centre historique et on ne peut pas attendre de voir ce qui va se passer avec ce projet-là. Un aménagement sera requis dans ce local temporaire et selon l’entente que nous avons avec la congrégation, celle-ci doit vider les lieux pour nous accommoder », rappelle-t-il en ajoutant que ce n’est rien contre le projet de la fondation elle-même.
« C’est certain que si le Centre de services scolaire devait accorder un nouveau délai à la fondation et nous permettait de demeurer ici en attendant notre relocalisation, nous ne demanderions pas mieux. Ce serait plus facilitant pour nous, car la chapelle demeure un plan B », indique Olivier Leclerc.
M. Chabot et Mme Godbout ont même émis le souhait que la Maison de la culture demeure à long terme dans le bâtiment actuel, toujours si leur projet fonctionne. Ils entendent d’ailleurs présenter aux responsables de la Maison de la culture un projet de transformation des lieux actuels, préparés par leurs architectes, qui pourrait les inciter à rester dans le collège. « Ils ne l’ont pas vu encore, mais on espère leur présenter sous peu », précise Mme Godbout.
M. Leclerc s’est dit ouvert à les rencontrer à ce sujet, tout en demeurant sur ses positions quant à un éventuel déménagement dans le Centre sectoriel des plastiques, rappelant que leur projet était réfléchi depuis longtemps, porteur économiquement pour Bellechasse et que le Centre de services scolaire leur offrait des conditions qu’il serait difficile, pour la fondation, d’égaler.
« Nous ne sommes pas contre leur projet de maintenir le Collège et qu’ils y établissent des logements ou autres comme ils veulent le faire, mais ils ne doivent pas nous inclure dans leur projet. On leur a dit par le passé et on devra leur répéter », a-t-il indiqué en se disant confiant que leur dossier, qui est à l’étude depuis un an au ministère, finira par recevoir un appui du ministère.
Rencontre souhaitée avec la municipalité
La fondation dit avoir demandé à rencontrer les élus de Saint-Damien afin de discuter avec eux de certains points techniques et de l’avancement de leur projet, ce qui leur aurait été refusé selon Mme Godbout.
« Dans nos prochaines demandes de subvention, nous aurons besoin de l’appui de la municipalité, notamment pour l’aqueduc et les égouts. Il faudra ajuster les services à l’édifice en fonction du développement que nous y ferons. Et cela, c’est la municipalité qui devra effectuer les demandes », soutient-elle.
À ce sujet, le maire Sébastien Bourget répond que la demande datait du début de décembre et qu’avant la date butoir du 10 janvier, il ne jugeait pas nécessaire pour la municipalité de rencontrer les responsables de l’organisme, la municipalité ayant accordé tous les soutiens demandés jusqu’ici, incluant celle pour le délai du 10 janvier qui devait être « une demande ultime de la part de la fondation. Si des délais supplémentaires devaient être accordés par le Centre de services scolaires, il n’écarte pas la possibilité de s’asseoir avec les responsables de la fondation pour la suite des choses.
Il dit par ailleurs s’élever contre la venue du GIRAM dans ce dossier, ajoutant que plus rien ne le surprenait, d’autant plus que cette option avait été regardée, puis rejetée, par le ministère de la Culture en 2022.