Daniel Guillemette ramène à la vie un Lévisien victime d’un arrêt cardiaque

SAINT-DAMIEN. Armé d’un défibrillateur, de ses connaissances en tant qu’ancien premier répondant et du soutien de plusieurs personnes présentes à l’occasion, Daniel Guillemette de Saint-Damien a ramené à la vie un homme victime d’un arrêt cardiaque le 15 juin dernier au Centre Pickleball de Lévis.

La nouvelle a fait la manchette, partout dans la région de Québec au cours des derniers jours, après une conférence de presse lors de laquelle les propriétaires des lieux sont revenus sur l’événement, mais surtout sur l’importance d’avoir un défibrillateur dans les centres sportifs et l’ensemble des lieux publics. La victime, Jack Dufresne, ainsi que son sauveteur ne pouvaient pas être plus en accord.

Invité à commenter son grand acte de civisme, Daniel Guillemette a rappelé que c’est son réflexe d’ancien premier répondant, pendant de nombreuses années, qui lui a permis d’agir rapidement.

« Je m’étais inscrit au tournoi en double le matin même et après avoir disputé mes parties, j’étais assis sur un banc afin d’assister aux parties restantes, sans être certain s’il m’en restait à disputer ou non. Tout d’un coup, j’ai vu le gars tomber. Sur le coup, je pensais qu’il jouait la comédie, mais quand j’ai entendu son partenaire de jeu parler fort et lui demander ce qu’il avait, je suis allé voir ce qui se passait », indique d’entrée de jeu M. Guillemette.

Dans les secondes suivantes, il dit s’être aperçu que la victime avait une respiration agonale, état ne permettant pas le transfert d’oxygène dans le sang.

« Ce n’est pas la respiration normale d’une personne qui est en vie et quand tu es dans cet état, c’est que tu es en fin de vie ou même mort. C’est comme si tu avais des réflexes de respiration », explique-t-il en ajoutant qu’après avoir vérifié son état de conscience et vu qu’il ne répondait à aucun de ses mots ou stimuli, il a dit aux gens présents d’appeler les ambulanciers pour un arrêt cardiaque et a lui-même commencé à appliquer des massages cardiaques sur la victime.

« Pendant une minute et demie d’abord, je faisais des compressions thoraciques, puis des gens sont arrivés avec le défibrillateur qu’il y avait sur place. On a rapidement levé son chandail, essuyé son torse et installé les électrodes pour ensuite reprendre les massages cardiaques. J’ai demandé à son ami de se calmer pour que je puisse écouter ce que disait l’équipement et après analyse, on lui a donné un premier choc avant de le masser à nouveau pendant 45 secondes », mentionne-t-il en ajoutant qu’à ce moment, il est brièvement revenu à lui avant de perdre connaissance à nouveau.

« J’ai repris les manœuvres de réanimation et une minute plus tard, il a repris connaissance. Il ne savait pas ce qui se passait et où il était, mais on lui a dit de se reposer et qu’on s’occupait de lui », poursuit-il en ajoutant que les premiers répondants et ambulanciers, arrivés peu après, ont rapidement pris le relais.

« Il y avait un bon protocole sur place, les gens savaient quoi faire et tout cela. Plein de gens se sont investis pour aider et tout s’est bien déroulé. »

Conférence de presse émotive

C’est lors de la conférence de presse du 4 juillet, au Centre de pickleball de Lévis, que Daniel Guillemette a pu revoir Jack Dufresne pour la première fois depuis les événements du 15 juin. Les présentations ont été effectuées par l’entremise de Jean Malboeuf, copropriétaire des lieux.

« J’avais eu des nouvelles par l’entremise de Jean, car on ne se connaissait pas. Quand il nous a présentés, c’était bien émotif et on s’est donné de bonnes accolades », a souligné le Bellechassois.

Son acte de civisme envers l’homme de 57 ans de Lévis n’était pas le premier événement du genre, lui qui avait 14 massages cardiaques à son actif en plus d’avoir réanimé une résidente de l’Oasis de Saint-Damien alors qu’il était directeur de la résidence.

« Comme premier répondant, j’ai été formé pour cela, ça devient un automatisme. Tu vois la personne qui est en détresse et tu décides de prendre cela sous ta responsabilité », mentionne-t-il en rappelant que ce n’est que le lendemain, journée de la fête des Pères, qu’il a véritablement pris conscience de son acte et de l’importance que celui-ci avait eue.

« La première fois que j’ai vécu cela, j’avais suivi mes cours de secourisme, mais je n’étais pas encore premier répondant. J’ai hésité, mais quelqu’un qui l’avait déjà fait m’a rassuré en disant qu’on le referait ensemble et on a fait le sauvetage à deux. Quand tu ne fais rien, tu n’as pas de résultats. Dans le fond, c’est mieux qu’à la loterie. Tu ne peux pas perdre, car la personne est déjà morte et tu as une chance de gagner en réanimant la personne. »

Équipement important

Aujourd’hui directeur général de l’OMH des Plaines et des Monts de Bellechasse, Daniel Guillemette prône l’acquisition de défibrillateurs dans les lieux publics, même si l’investissement peut sembler élevé au départ.

« Le défibrillateur vient t’aider et c’est parfait. Souvent, le cœur est fébrile en ce sens qu’il vibre au lieu de battre et le choc arrête la vibration, dans l’espoir qu’il arrête et reparte sur le sens du monde, qu’il fasse ce qu’il a à faire. Dans le cas de Jack, c’est possiblement ce qui s’est passé. Il y avait encore un peu de courant électrique en lui, il était encore vivant, il n’allait pas bien et le choc lui a permis de repartir sur le sens du monde », a-t-il précisé en rappelant que ce dernier n’avait aucun signe annonciateur de ce qui allait lui arriver.