De la Colombie aux Etchemins : « notre vie a pris un virage de 180 degrés »
SOCIÉTÉ. Jonatan Rueda Suàrez immigre à Saint-Prosper en 2021, suivi par sa femme et ses enfants l’année suivante. Cette famille colombienne s’est adaptée rapidement au climat de la région.
Le quatuor résidait à Bucaramanga, cité dépassant les 600 000 habitants, avant son arrivée en terre québécoise. Cette ville est reconnue pour ses nombreux parcs et un bas taux de chômage. Conserver un niveau de vie décent demeurait toutefois difficile, selon Jonatan.
« Il faut travailler sept jours sur sept. Juste s’acheter une voiture prend une grosse partie du salaire. […] On vivait dans un quartier difficile. Il existe beaucoup de pauvreté en Colombie, mais ce n’est pas violent comme dans les films […] Nous voulions surtout donner une meilleure qualité de vie à nos enfants », précise-t-il.
Diplômé en électricité, téléphonie et technologie, Jonatan Rueda Suàrez a d’abord concentré ses recherches auprès du Servicio Nacional de Aprendizaje (SENA) où il a effectué une partie de ses études. C’est finalement par une mission de recrutement que Jonatan décroche un emploi comme mécanicien, en pleine pandémie, chez Produits Forestiers D&G à Sainte-Aurélie. Il sera ensuite promu électromécanicien.
« Avant d’immigrer, j’ai suivi quelques cours de français par internet. J’ai ensuite suivi des cours de francisation à Saint-Georges avec Olga (conjointe). C’était nécessaire pour bien s’intégrer à la communauté et dans l’usine », affirme ce dernier, Olga travaillant comme employée de services à domicile.
Salome, dix ans, étudie à l’école du Trait-d’Union. Joseph, 13 ans, suit un programme spécial à la polyvalente des Abénaquis. « Mon fils est autiste. On ne pouvait pas l’envoyer à l’école en Colombie. Ça coûtait trop cher. Ici, il développe des contacts et possède un bon encadrement », confirme le Colombien de 35 ans.
Redonner au suivant
Malgré ses propres défis d’adaptation, Jonatan Rueda Suàrez garde du temps pour aider son prochain. Il redonne au suivant auprès de ses collègues hispaniques, par la formation, l’intégration, comme interprète ou guide dans la communauté.
« Ça peut être des choses simples comme donner un lift à l’épicerie ou apprendre à utiliser une carte de crédit. […] J’ai reçu de l’aide dans la communauté et je souhaitais faire la même chose », mentionne celui-ci.
Jonatan a joué un rôle crucial pendant les négociations entourant le renouvellement de la convention collective chez Produits Forestiers D&G. Comme délégué syndical, il pouvait notamment expliquer les offres patronales aux employés et les raisons entourant la grève générale illimitée, échelonnée sur près de deux mois entre août et octobre 2024.
Au moment de l’entrevue, Jonatan Rueda Suàrez venait d’envoyer tous les documents nécessaires à l’obtention des résidences permanentes pour lui, Olga, Salome et Joseph, auprès d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. « Nous sommes positifs que ce sera accepté. J’aime la tranquillité ici et la résilience des Québécois, même si l’hiver est très froid », conclut-il en riant.