Des citoyens de Bellechasse réclament la création d’une école alternative

ÉDUCATION. Alors qu’une nouvelle année scolaire approche à grands pas, des citoyens souhaitent la création d’une école alternative sur le territoire de la MRC de Bellechasse.

Une étape cruciale en ce sens pourrait avoir lieu au courant de l’automne alors que les quatre personnes qui pilotent ce dossier devraient obtenir une rencontre en ce sens avec des représentants du Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud.

Membre du groupe de parents qui pilote ce dossier depuis plusieurs mois, Tanya Bolduc souligne que tout sera fait pour aider le Centre de services scolaire dans sa réflexion et sa prise de décisions.

« On va leur fournir des données émanant de sondages que nous avons menés jusqu’ici auprès des citoyens de la région. Nous avons près de 150 familles qui ont manifesté de l’intérêt. Il y a des parents qui sont prêts à faire du transport et des enseignants prêts à embarquer dans l’aventure et assurément des établissements qui pourraient accueillir un tel projet », indique Mme Bolduc en se disant consciente que le CSS Côte-du-Sud voudra aussi réaliser ses propres sondages avant de prendre une décision.

Aucune date n’a encore été arrêtée pour la tenue d’une telle rencontre, les deux parties ayant convenu de se reparler au retour de l’année scolaire. « Peut-être y aura-t-il une soirée d’information pour expliquer aux gens ce qu’est un milieu alternatif et ensuite, un sondage pour obtenir des données tangibles avec lesquelles ils pourront travailler », poursuit Mme Bolduc.

Cette dernière ajoute qu’elle et son groupe feront une présentation, en septembre, devant les enseignants stagiaires de 3e et 4e années de l’UQAR, à Lévis, afin de leur expliquer ce qu’est une école publique Frenet, modèle d’école alternative dont ils souhaitent l’implantation dans Bellechasse.

« Nous ferons ensuite une présentation auprès de l’ancienne directrice Annick Dumas qui œuvre auprès des gens qui travaillent au démarrage d’écoles alternatives. Un sondage sera aussi mené auprès d’enseignants souhaitant évoluer dans un tel milieu », poursuit-elle en ajoutant que la diversification de l’approche éducative est favorisée dans un tel système et que tout sera fait pour que ça fonctionne.

Qu’est-ce qu’une école alternative Freinet ?

Ce n’est pas la première fois qu’un groupe de parents travaille à la mise en place d’une école alternative Freinet dans Bellechasse. La dernière tentative remonte à il y a dix ans, divers parents ayant eu des visées dans les localités de La Durantaye et Saint-Nérée, mais sans succès. Ces écoles, qui disposaient à ce moment d’espaces disponibles, ce qui n’est plus le cas maintenant.

Outre Tania Bolduc, le groupe de parents concerné est formé de Rachel Larouche, Lydia C. Gendron et Malcolm Savard. Lors d’une rencontre tenue récemment avec le journal, ceux-ci expliquaient que la méthode Frenet offre à l’enfant un environnement où celui-ci est maître de son apprentissage, une approche éducative où le milieu met en collaboration toutes les personnes qui gravitent autour de ce dernier, que ce soit l’enseignant, les parents et autres, dans le respect de l’unicité de l’enfant.

« C’est une manière de penser et de faire », soutient Malcolm Savard en ajoutant que les outils diffèreront d’un enfant à l’autre.

« L’horaire de chaque journée est différent d’un horaire traditionnel, ainsi que d’un enfant à l’autre. Cela laissera plus de place à la créativité, à la réalisation de projets et autres », poursuit-il en rappelant que plusieurs approches alternatives ont été étudiées et regardées, le groupe ayant décidé de se tourner vers la méthode Célestin Freinet qui, au fil des discussions avec une orthopédagogue qui les accompagne dans leurs réflexions, leur a aussi permis de constater, selon eux, que cette méthode offrait beaucoup de polyvalence, autant pour les enseignants que les enfants.

« Au quotidien, le programme offre des outils et des approches à travers lesquels les jeunes vont apprendre. Peu importe la matière choisie, la seule différence est que l’enfant a six ans pour acquérir ces compétences au lieu de le faire par cycle, selon le programme régulier. Ils ont l’ensemble du primaire pour y arriver », mentionnent-ils en ajoutant que la méthode amène les enfants à se responsabiliser et s’engager davantage.

Prioriser les compétences

Le respect des compétences, tel prévu dans le programme du ministère de l’Éducation, demeure une priorité au sein d’une école Freinet.

« Les élèves doivent passer à travers toutes les étapes que le gouvernement met en place et il n’y aura pas de dérogation là-dessus, car ils doivent se qualifier en vue de leur entrée au secondaire. Plusieurs enfants provenant du programme alternatif poursuivent leurs études au secondaire et au collégial par la suite et cela sans problème, car ils acquièrent plein de compétences sans savoir qu’ils le font. Ils apprennent naturellement, mais les parents ont un rôle à jouer là-dedans. »

Les quatre parents rencontrés soulignent que le système des écoles alternatives permet une plus grande implication des parents dans le cheminement scolaire de l’enfant et que ceux-ci sont les bienvenus autant en classe que dans l’école, ce qui est plus difficile à faire, pour le moment, dans les écoles primaires régulières où, selon eux, les enseignants sont plus réfractaires à une telle implication.

Ceux-ci rappellent que l’école traditionnelle n’est pas faite pour tous les enfants et en ce sens, ils croient que plusieurs enfants pourront s’épanouir davantage dans un mode alternatif, car ils ne seront pas ralentis dans leur apprentissage du fait que d’autres enfants ne sont pas rendus au même point qu’eux.

« Les jeunes décident de leur horaire et gèrent leur temps dans le respect des apprentissages à acquérir. Cela fait d’eux des personnes encore mieux organisées, car cela se fait démocratiquement. C’est un héritage précieux pour eux », précise Tania Bolduc en terminant.