Desjardins: des citoyens déçus à Saint-Damien  

Près de 150 personnes se sont déplacés mardi soir à Saint-Damien pour assister à une rencontre d’information sur la perte prochaine de plusieurs services offerts par la Caisse Desjardins de Bellechasse, qui annonçait, il y a trois semaines, la fermeture des centres de services de Saint-Gervais et Saint-Damien, en plus du retrait éventuel de six guichets automatiques sur son territoire.

Les citoyens présents ont toutefois eu une mauvaise surprise dès le départ, lorsque la présidente du conseil d’administration de la Caisse, Paule Baillargeon, a annoncé que la décision était irrévocable, avant-même le début de la période de questions.

Le directeur général de la Caisse, Marc Bouchard, est celui qui a occupé la large part de la présentation, expliquant aux gens présents que les discussions sur le maintien ou la fin de certains services sont toujours basées sur l’utilisation ou la fréquentation qu’en font les membres, sur l’ensemble du territoire de la Caisse de Bellechasse.

« On observe si le nombre de transactions est acceptable. Si nous avions appliqué la décision selon ces critères, ce sont quatre comptoirs qui seraient toujours ouverts dans Bellechasse et non six », a-t-il indiqué à quelques reprises.

« Durant la pandémie, les gens ont essayé autre chose et ont adopté d’autres habitudes. 60 % des rendez-vous dans nos succursales se prennent à distance maintenant. 57 % des gens souhaitent ne plus se rendre dans une succursale. On essaie de garder un équilibre dans nos opérations qui nous permettront de consolider des activités. »

Il a ajouté que pour avoir un niveau acceptable de transactions, il fallait un minimum de 2 000 transactions au comptoir et 6 000 dans un guichet automatique dans un mois. Il a rappelé que dans Bellechasse, seulement 1 % des transactions ont lieu au comptoir et 5 % au guichet automatique, le reste se faisant de manière virtuelle. « On sait que des gens sont démunis et notre intention est de les accompagner. Nous sommes conscients que ce sont des changements d’habitudes, mais cela vient avec le contexte actuel. »

Inquiétudes et frustration

Ses propos n’ont toutefois pas convaincu quelques citoyens ayant pris la parole pour questionner la décision. Le maire de Saint-Damien, Sébastien Bourget, espérait malgré tout que la population ait été entendue. « Ça entraîne des inquiétudes, des questions et des frustrations. S’ils balaient du revers de la main les plus de 2 000 noms reçus par pétitions, en plus des différentes résolutions, ce sera un manque de respect envers les élus de la région et les personnes ayant signé des pétitions. »

Deux pétitions ont été déposées au cours de la soirée : une première de 1 500 signatures par le maire Bourget et une deuxième par un citoyen d’Armagh illustrant plus de 1 350 signatures provenant des localités d’Armagh, Saint-Philémon et Sainte-Euphémie, en plus de résolutions de la MRC de Bellechasse et des municipalités de Saint-Damien et Saint-Nazaire. 

Sébastien Bourget a illustré à quelques reprises son inquiétude pour les services de proximité, particulièrement dans le sud de la MRC, alors que des efforts pour son développement sont sur le point d’éclore. « Si on oblige les gens à se rendre à Sainte-Claire, Saint-Charles ou ailleurs pour leurs transactions, il est clair que certains vont en profiter pour faire quelques emplettes. « La personne qui aura à le faire en profitera sûrement pour y faire le reste de ses achats, mettre de l’essence ou autres et ce sera une perte nette pour nos plus petites communautés. J’ai une inquiétude pour mes commerces locaux. »

Selon lui, le sud de Bellechasse pourrait bientôt devenir un pôle touristique. « Je pense à ce qui se fait au Lac-Vert, au Parc des chutes d’Armagh et autant au parc régional qu’à la Station touristique Massif du Sud, ce sont des masses de gens qui vont monter chez nous. J’ai de la misère à croire que personne au conseil d’administration n’a pensé à attendre ces développements, avant toute chose, et absorber certaines pertes, si pertes il y a. »

Sur ce point, le maire Bourget aurait aimé davantage d’informations. « Ils n’ont pas été en mesure de nous donner des chiffres sur ce qui se passe localement, ici à Saint-Damien, sur la fréquentation et les coûts reliés aux opérations. Malheureusement, ça laisse un doute dans mon esprit et celui des gens, de dire que le comptoir de Saint-Damien n’est pas aussi déficitaire qu’ils le prétendre et on paye quand même le prix d’une décision stratégique. »

Rencontré à la suite de la séance, Marc Bouchard a convenu que des gens auront besoin d’un accompagnement pour assurer une certaine transition. En plus de gens ayant des besoins particuliers, certains commerçants s’inquiètent de la disparition d’un dépôt de nuit et de devoir parcourir plusieurs kilomètres pour réaliser leurs opérations. Il réitère que la Caisse recherchera des solutions avec les personnes concernées.