Développement du site conventuel NDPS: sentiment de fierté pour Serge Comeau
SAINT-DAMIEN. Beaucoup de chemin a été franchi depuis que les religieuses de la Congrégation Notre-Dame du Perpétuel-Secours ont annoncé leur départ de Saint-Damien en 2018. Cet épisode a été suivi de l’embauche, il y a quatre ans, d’un chargé de projet, Serge Comeau, dont le mandat était d’accompagner les religieuses et le milieu socioéconomique de Saint-Damien et Bellechasse dans la transition.
« Il y a quatre ans, j’avais annoncé à la population que nous serions possiblement en mesure de développer 14 projets sur le site conventuel et on peut dire que nous sommes rendus là. Nous avons actuellement 85 travailleurs et 240 personnes qui fréquentent quotidiennement le site, que ce soient des résidents ou des usagers. La maison est pleine », exprime-t-il avec fierté en ajoutant que l’objectif des religieuses était atteint, les projets ciblés à ce moment étant presque tous concrétisés aujourd’hui.
M. Comeau affirme que la façon de procéder, lorsque vient de travailler avec une congrégation religieuse, s’effectue toujours à deux niveaux. « Notre mission première est d’assurer la santé et la sécurité de la dernière religieuse vivante. L’autre mission était d’avoir un avenir pour ce site-là, mais avant de se lancer là-dedans, il fallait comprendre le charisme autour de cette congrégation », poursuit-il en mentionnant que les quatre premiers mois de son mandat a été de passer le plus de temps avec elle, que ce soit en partageant leurs repas, en arpentant les corridors des lieux et en écoutant leurs histoires.
« Dès les premiers moments, je saisissais l’attachement des religieuses envers Saint-Damien et qu’elles étaient heureuses de ce qu’elles avaient accompli au fil du temps. Dans nos échanges avec les sœurs les plus âgées, le mot qui revenait le plus souvent était accompagnement : on a accompagné les gens en Afrique et ailleurs dans nos missions, on a accompagné les jeunes et les personnes âgées », poursuit-il en ajoutant que le choix logique, après réflexion, était d’accompagner le développement socioéconomique de Sant-Damien et de Bellechasse.
« À partir des échanges que l’on a eus à l’interne avec les membres du Conseil, on a pris cette avenue et c’est là que nous avons vu apparaître les différents projets. J’ai d’abord accueilli les gens d’Olymel avec qui on a établi des trajectoires et des ententes de service. Ce fut le premier projet. On a ensuite procédé à la réouverture de la boulangerie et à cet effet, je tiens à saluer le travail de Solange et Chantal Viens qui ont rallumé la flamme du vieux four qui avait cessé de fonctionner 40 ans auparavant. Les sœurs étaient tellement heureuses de cela », commente le chargé de projet.
Des legs acceptés ou refusés
Dans la suite des choses et en vue de la mise en place des différents projets qui ont vu le jour sur le site conventuel au cours des quatre dernières années, la congrégation religieuse avait mis en place différents legs pour ses bâtiments et infrastructures, puis avait ciblé certains partenaires pour les recevoir.
En tête de liste se trouvait bien sûr la municipalité de Saint-Damien, à qui 60 % du site a été légué, et qui est rapidement devenue le partenaire principal de la congrégation. Après réflexion, certains ont été écartés et d’autres ont refusé le legs consenti après mûre réflexion, comme ce fut le cas de la Société historique de Bellechasse qui a décidé de revoir ses priorités et ajuster son action.
« La Société historique conserve son pied à terre chez nous avec son centre d’archives et ça demeure un partenaire important pour nous. Ils ont fait un excellent travail dans la mise en place du Musée des religieuses, qui est un musée de calibre national, et nous leur en sommes reconnaissants », précise M. Comeau en confirmant que la coopérative des Choux Gras est en réflexion pour un legs touchant la boulangerie, la Maison généralice et les bâtiments contigus à celle-ci. Cela sans oublier l’Oasis Saint-Damien qui est appelé à déménager dans l’ancienne infirmerie une fois les travaux de réaménagement du CHSLD Saint-Raphaël complétés.
Appui du Vatican
Avant de lancer tous ces travaux, Serge Comeau rappelle que la Congrégation NDPS devait obtenir les autorisations nécessaires du Vatican, celle-ci étant bien sûr rattachée à Rome.
« Il a fallu faire des études sur les bâtiments et la valeur de ceux-ci, ainsi que sur les orientations à prendre. Il fallait que ce soit rattaché à de la charité et c’est pour cela qu’on se retrouve, sur le site, avec des personnes handicapées, des personnes en perte d’autonomie, des travailleurs immigrants et même une garderie prochainement. Tout ce qui se passe actuellement se rapproche de ce qu’était la congrégation au fil des ans et en parallèle, on a réussi à apporter une nouvelle économie qui est importante pour Saint-Damien, car les religieuses étaient conscientes de l’impact de leur départ », poursuit-il en ajoutant que ce soit pour la société historique, l’Oasis, la Municipalité, les Choux-Gras, la Barre du jour ou les Résidences HANA, tous les travaux et les discussions ont permis de faire avancer le dossier positivement.
« La commotion du départ est devenue une opportunité de développement pour Saint-Damien, sans oublier les projets de développement en cours au Lac-Vert avec l’hôtellerie, la restauration et le plein air. C’est un complément important et intéressant à tout le développement touristique de Bellechasse. C’est assurément, selon moi, le plus important projet de la MRC de Bellechasse au cours des dernières années. La contribution de la congrégation dans ce dossier est importante, car elles ont le développement de Saint-Damien et Bellechasse à cœur. »
Corporation et syndicat de copropriété
Afin d’assurer la pérennité des lieux, une nouvelle corporation de bienfaisance est en création. Sous l’appellation La Sauvegarde du patrimoine NDPS, celle-ci devrait entrer en fonction d’ici la fin de l’année et prendra la place du Conseil général de la congrégation qui conservera trois sièges sur celle-ci, les autres étant occupés par différents partenaires du milieu comme la Municipalité de Saint-Damien, la MRC de Bellechasse, les Choux Gras, l’Oasis et autres.
« La corporation s’assurera que les conventions signées seront respectées. Celles-ci sont basées sur le développement d’un site à caractère sociocommunautaire. Il y a aussi le musée et les archives des religieuses que nous avons décidé de conserver sur place au lieu de les envoyer à l’extérieur. Il était important de conserver le berceau historique de la congrégation sur place, car ce sont les fondatrices de Saint-Damien. On a fait le choix que ces histoires survivent et soient connues », précise-t-il en ajoutant que la corporation gèrera ces archives et le musée.
Pour chapeauter (et gérer) le tout, un regroupement de propriétaires a été créé, celui-ci prenant la forme d’un syndicat de copropriété unissant actuellement la congrégation et la municipalité, le temps que les legs soient finalisés vers l’Oasis et, possiblement, les Choux-Gras.
« Dès que ceux-ci accepteront, ils deviendront membres du syndicat de copropriété et la congrégation va tirer sa révérence, ne conservant que deux petits terrains, soit les tombeaux des deux fondateurs dans la grande chapelle. Légalement, on ne peut pas de départir de tombeaux ou de sépultures », précise-t-il en ne cachant pas sa fierté devant le travail accompli.
« C’est énorme ce qui se passe ici à Saint-Damien, mais c’est toute la MRC de Bellechasse qui va sortir gagnante de tout cela. Ça prenait de la vision et il a surtout fallu prendre des risques pour en venir à tout cela. »
Un développement qui ravit le maire
Pour le maire de Saint-Damien, Sébastien Bourget, le développement des dernières années sur l’ensemble du site conventuel, en particulier les deux dernières, dépasse toutes ses attentes.
« Je n’aurais jamais imaginé qu’on serait rendus là au début des discussions il y a quatre ans, mais également au cours des deux dernières. Ma crainte était qu’on nous oblige d’attendre le transfert officiel de l’endroit pour nous permettre de faire quelque chose, mais nous sommes chanceux que les Sœurs nous aient permis d’agir avant, car des opportunités se sont présentées à nous. Même si nous n’étions pas officiellement propriétaires, on s’est entendus avec elles sur la gestion des bâtiments en question, le temps que les signatures se fassent », précise-t-il en rappelant que cette bonne entente entre les deux parties a permis de développer et de signer des ententes avec des organismes importants comme le CISSS et autres.
« Je crois qu’un partenaire ne pouvait pas avancer sans l’autre. Si la municipalité avait décidé de ne pas embarquer dans l’aventure, je ne crois pas que nous en serions où nous sommes aujourd’hui. Il en serait de même si la congrégation n’avait pas appuyé financièrement la municipalité », soutient-il en se réjouissant de la confiance et la collaboration entre les deux parties.
« Nous avons aussi le développement du Parc des Sœurs qui avance bien. Notre objectif était d’assurer un développement harmonieux de tout cela, que ça fasse un tout et c’est ce qu’on est en train de créer avec l’arrivée des Choux Gras qui se sont occupés de la réouverture de la boulangerie et du café, le nouveau musée qui vient d’ouvrir ses portes, ce qu’on développe au lac des Sœurs l’hébergement dans la maison mère et tout cela », en saluant le caractère sociocommunautaire de ce développement qui vient compléter celui du Lac-Vert qui est plus de nature récréotouristique.
Il ajoute que tous ces travaux se font dans une optique de développement du cœur du village et de revitalisation du haut de la rue Commerciale, la municipalité souhaitant aussi mettre en valeur différents bâtiments patrimoniaux se trouvant dans ce secteur.