Importante hausse du taux d’hébergement au Havre l’Éclaircie

COMMUNAUTAIRE. Les 12 derniers mois n’ont jamais été aussi occupés au Havre l’Éclaircie. Dans son bilan annuel, la maison d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants remarque un taux d’hébergement historiquement élevé dans la région de Chaudière-Appalaches.

Lors de la dernière année, 44 femmes et 27 enfants ont été accueillis au Havre l’Éclaircie, faisant grimper le taux d’hébergement total à 123 %. Avec une capacité d’accueil de 12 personnes, la maison est demeurée à pleine capacité tout au long de l’année. Celle-ci précise être présentement en processus pour l’ajout de trois places supplémentaires. Le nombre de demandes refusées a connu aussi une hausse significative qui se chiffre à 129 refus, comparativement à 55 l’an dernier.

« Les séjours d’hébergement sont beaucoup plus longs qu’auparavant. Cette nouvelle réalité s’explique par plusieurs éléments, soit l’augmentation de l’immigration, la pénurie de logements et les démarches judiciaires avec délais plus considérables. […] Il est difficile de dire s’il y a plus de dénonciations qu’avant, mais il y a beaucoup plus de sensibilisation. Nous, au Havre Éclaircie, c’est le double. C’est certain que ça l’a un impact », affirme Véronique Mercier, agente aux communications. 

Consultations individuelles

Le nombre de consultations individuelles à Saint-Georges est demeuré stable, avec plus de 750 demandes. Celles offertes dans les différents points de service ont connu une hausse considérable. Celui des Etchemins a particulièrement ressenti cette augmentation alors que le nombre est passé de 59 à 103. « Cette augmentation témoigne de la pertinence et de la nécessité d’offrir un service de proximité aux femmes et aux enfants », explique le Havre l’Éclaircie dans son communiqué de presse en précisant que cette réalité n’est pas unique à la région, puisque les maisons d’hébergement débordent partout au Québec.

Un contexte préoccupant 

Dressant tout de même un bilan satisfaisant du travail accompli par l’organisme au cours de la dernière année, la directrice Isabelle Fecteau se dit préoccupée par la situation actuelle dans la région. « Notre organisme est toujours en attente d’une reconnaissance officielle de places supplémentaires, une démarche essentielle pour obtenir le financement correspondant aux services réellement offerts. Dans un contexte où les besoins augmentent et où les maisons débordent, la perte récente de financement pour deux projets d’hébergement sème l’inquiétude. » Depuis le début de l’année 2025, on recense sept féminicides à travers le Québec. 

Selon l’agente aux communications, la solution pour faire diminuer ces chiffres est de poursuivre le travail de sensibilisation sur le terrain, autant chez les victimes que chez les auteurs. « Même si l’on aide les victimes, si l’on ne fait rien dans la société auprès des acteurs, on n’aura malheureusement aucun pouvoir. C’est certainement la première étape vers nos objectifs. On accompagne également les proches qui s’en rendre compte qu’une femme près d’eux vit de la violence. Savoir comment les accompagner et recevoir cette information-là – qu’un proche vit de la violence – la réaction n’est pas toujours évidente. »

Présent sur le terrain

Cette année, la campagne « La violence conjugale n’a pas d’âge » a été au cœur des actions de sensibilisation. Elle a joué un rôle clé en rejoignant des personnes de tous âges grâce à des initiatives concrètes, telles que des kiosques dans les écoles et des présentations auprès de groupes de femmes et auprès de résidences pour personnes aînées. Au total, 2 366 personnes ont été sensibilisées à la réalité de la violence conjugale, soit près du double par rapport à l’année précédente.