Bellechasse-Etchemins: les paroisses à un carrefour
RELIGION. Les trois paroisses de la Mission Bellechasse-Etchemins (Saint-Benoît, Sacré-Coeur et Sainte-Kateri) vivront à nouveau de grands changements à l’automne. Après la fermeture complète de l’église de Saint-Louis, en novembre 2019, et la fin des services dominicaux à Saint-Camille, Saint-Luc et Sainte-Sabine, d’autres scénarios du genre sont actuellement à prévoir dans au moins une demi-douzaine de communautés.
Aux difficultés déjà visibles pour les équipes de pastorale des trois communautés, s’ajoute le départ prochain de l’abbé Alex Cordoni qui quittera progressivement au cours des prochaines semaines, ayant choisi de retourner en Italie pour des raisons personnelles.
Une tournée des 28 communautés chrétiennes qui composent les trois paroisses a débuté ces jours-ci, indique l’abbé Thomas Malenfant, l’autre prêtre actuellement en fonction sur le territoire. « À plusieurs milieux, nous annoncerons que nous ne pouvons plus continuer à offrir les célébrations régulières. À d’autres milieux, nous annoncerons au contraire une consolidation, et donc une certaine augmentation de la disponibilité de l’équipe à leur service », résume-t-il.
« Certaines de nos communautés chrétiennes vivent ces dernières années une certaine croissance, un certain renouvellement. D’autres communautés, par contre, en sont au point où il n’est plus possible d’y offrir des célébrations régulières. Le milieu change. Des communautés se prennent en main et d’autres, au contraire, continuent leur décroissance. Si c’était une tendance avant, la situation devient de plus en plus claire à certains endroits », ajoute-t-il.
Directeur administratif des paroisses, François Goyette est à même de constater les difficultés de certaines communautés, ayant effectué un exercice rigoureux des finances de toutes les communautés chrétiennes au cours des derniers mois. Cette situation ne le surprend toutefois pas. « Il y a 400 ou 500 habitants dans certaines communautés, alors ce déclin n’est pas étonnant alors que les gens pratiquent moins. On subit l’inflation comme tout le monde. Le chauffage, l’entretien et le reste, tout augmente, alors supporter des églises devient difficile. »
L’aspect patrimonial des églises complique aussi les choses pour les fabriques, en raison des coûts que cela engendre. « Ça coûte beaucoup plus cher pour cette raison. Il faut faire des miracles pour réussir à les maintenir. Nous sommes toutefois rendus à bout pour certaines communautés, d’où la nécessité de faire cette tournée et de faire un constat général. »
Une tournée complète
Ainsi, dès le 9 septembre, tous les lundis et vendredis, les communautés des trois paroisses seront visitées, à tour de rôle, dans le but de présenter les constats soulevés, précise l’abbé Malenfant, qui ajoute que la transparence sera de mise. « On réunira des membres de l’équipe pastorale, nos deux directeurs seront présents, pour présenter un message commun, administratif et pastoral. Chaque communauté aura un portrait de sa propre situation. On pourra aussi essayer de voir ce qui nous échappe ou recevoir des compléments d’information. »
Il ajoute que si certaines communautés reçoivent un portrait décevant, d’autres communautés voient, au contraire, du positif ressortir des constats réalisés. « Il y a des endroits où les choses vont mieux qu’avant. Il y a des milieux où nous n’avons pas le choix et où il y a urgence financière. Il faut dire les choses comme elles le sont. Il n’y aura pas de surprises pour personne, mais on veut qu’une prise de conscience se fasse, à certains endroits. Certaines communautés sont plus dynamiques et on ne souhaite pas que certaines vivent à leurs crochets, non plus. »
Ce sont donc une demi-douzaine de paroisses qui pourraient voir certaines activités ou toutes les activités éventuellement prendre fin, en raison de difficultés financières et autres. Pour d’autres, le message sera positif. « Pour une dizaine de milieux, ça va bien. Il y a des marqueurs de croissance et tout nous indique que dans 5 ou 10 ans, ils seront toujours actifs. Pour d’autres, notre message sera qu’on voit tel ou tel défi. Il n’y a pas le feu partout, mais si ne rien ne change dans certains milieux, ils seront dans la même situation dans un an ou deux. Dans certains cas, il faudra discuter de l’accueil à faire pour les gens des communautés qui pourraient fermer, car ils seront invités à faire partie de cette communauté. »
Le volet immobilier
Cette possible fin des activités pastorales, dans certains milieux, amènera visiblement une réflexion sur l’aspect immobilier des fabriques. Si la réflexion est déjà en cours, dans certaines localités, sur l’avenir de l’église, du presbytère ou autres, d’autres endroits devront se positionner. François Goyette insiste pour dire que ce sont les communautés qui auront la priorité sur l’avenir.
« On a beau mettre des pancartes à vendre devant les églises, ce sont toujours les milieux qui décideront de l’avenir de ces bâtiments. Notre priorité serait toujours qu’elles servent à servir les communautés, c’est ce que nous avons fait à Saint-Louis. Il est certain que si les milieux ne se manifestent pas et que nous sommes pris avec le bâtiment, on devra étudier d’autres options. »
L’abbé Malenfant ajoute que les municipalités seront les premières interpellées, de même que les organismes communautaires. « Les bâtiments ont été construits par les habitants du village, alors s’il y a un changement de vocation, on se doit de prioriser cela, mais aussi de limiter les dégâts, le cas échéant. »
M. Goyette est à l’emploi des paroisses depuis janvier dernier et s’est rapidement donné comme objectif de tracer un bilan complet de chacune des fabriques. Il estime que son exercice en a été un de rigueur, pour donner le meilleur éclairage possible aux différents milieux. « Il fallait avoir un état de situation le plus clair possible pour assurer la pérennité de l’ensemble de l’église de Bellechasse-Etchemins. Nous serons très factuels avec les communautés. »
L’abbé Malenfant réitère qu’il y a urgence à certains endroits et que sans vouloir créer des déserts de service, il n’y aura aucun esprit de compétition entre les communautés. « Nous sommes rendus là. Les décisions se prendront avec les gens qui se pointent. Il y a une certaine urgence à ces rencontres. On ne fermera pas un endroit si les choses vont bien, même si ça va aussi bien dans la communauté voisine. On voit des succès à certains endroits et c’est ce que l’on veut protéger aussi », résume-t-il.
Il ne faut pas tomber dans l’esprit de clocher, ajoute M. Goyette. « C’est très émotif ces choses-là, particulièrement chez les gens plus âgés, mais nous sommes face à cela. Une fois que les faits seront présentés, je pense que les gens jugeront raisonnable, les décisions à prendre. »
Quant aux dates de visites dans les différentes communautés, l’abbé Malenfant invite les citoyens à suivre le site de la Mission Bellechasse-Etchemins ou leur feuillet paroissial pour en connaître les détails. Les rencontres s’échelonneront jusqu’à la mi-octobre.