Motoneige: un début de saison pour bientôt ?
LOISIRS. Certaines portions de sentiers de motoneige ont pu être ouvertes dans la région au cours des derniers jours, sauf que les inquiétudes demeurent vives au sein des clubs de motoneige de la région en raison des menaces de blocage de sentiers toujours en suspens.
Souhaitant dénoncer un nouveau modèle de mise en marché du bois de sciage en Côte-du-Sud, l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches avait affiché, il y a un mois, une liste de 63 municipalités touchées par des révocations de droits de passage, la grande majorité en Chaudière-Appalaches.
Une récente rencontre entre les clubs de motoneige de la région et l’Association avait permis d’espérer un dénouement positif pour les motoneigistes. L’Association avait convoqué ses membres pour une rencontre ce lundi 6 janvier, rencontre qui a finalement été reportée au mardi 14 janvier prochain.
Un début chancelant
Le froid et l’arrivée de quelques centimètres de neige, au cours des derniers jours, a néanmoins incité quelques dirigeants de club à préparer le terrain pour une ouverture des sentiers, malgré la situation. Premier vice-président à la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec et représentant de la région Chaudière-Appalaches à la table, Bruno Aubé estime que certaines portions de sentiers pourraient être rapidement en opération, certains ayant déjà affiché leurs intentions sur les médias sociaux.
« Certains devraient s’annoncer ouverts ce week-end, sauf que ce sera fermé dans quelques secteurs. Il pourrait y avoir des détours à certains endroits. »
Selon lui, certains producteurs forestiers risquent de maintenir la ligne dure. « Ce ne sera pas possible à certains endroits en raison du manque de neige, mais il pourrait y avoir des blocages à certains endroits. Difficile de dire où toutefois, pour l’instant. »
Président du Club de motoneige des Etchemins, Martin Nicol indique que son club pourrait rendre certains sentiers disponibles au cours des prochains jours. « On se prépare en prévision d’ouvrir, mais ce n’est pas rassurant. On sait déjà qu’à Sainte-Rose, ce ne sera pas possible de circuler à un endroit et peut-être un autre à Sainte-Justine aussi. »
Au Club de motoneige Bellechasse, le président Gilles Lacroix indique que certains sentiers sont ouverts depuis quelques jours, sauf que certains endroits n’ont pas encore été balisés.
« Le sentier qui passe par la voie ferrée est gratté jusqu’au club de Montmagny et la 547 qui part de Saint-Nérée, Saint-Damien vers Buckland et Saint-Luc également. On sait que c’est fermé autour de Saint-Fabien-de-Panet, ce qui veut dire que le sentier #55 ne serait pas accessible. À d’autres endroits, ça demeure incertain, comme la 549 qui va d’Armagh, vers Saint-Philémon et Saint-Magloire. »
Pour Gilles Lacroix, le nœud du problème demeure que les clubs ne savent pas où ils pourraient être bloqués, car les propriétaires ne se sont pas nécessairement encore manifestés. « Personne ne nous a dit qu’ils ne nous laisseraient pas passer. Peut-être qu’on a gratté à des endroits et c’est plus tard que l’on sera bloqués. »
Il ajoute que la chose commence d’ailleurs à inquiéter plusieurs personnes au niveau touristique. « Un propriétaire de chalet au Massif du Sud m’a appelé pour avoir des nouvelles et je ne sais pas quoi lui répondre. Les gens de Sherbrooke ou Saint-Hyacinthe qui souhaitent venir faire de la motoneige ne savent pas s’ils peuvent louer des chalets et espérer pouvoir en faire. On marche sur des œufs. »
Rencontre des producteurs de bois
Président de l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches, Renald Nadeau insiste pour dire que le blocage de sentiers n’a jamais fait l’objet d’un mot d’ordre de son organisation, que cette liberté est laissée aux producteurs.
Celle-ci a choisi de suggérer à ses membres s’opposant à une mise en marché collective de révoquer les droits de passage sur leurs terres comme moyen de pression pour faire changer le règlement qui doit entrer en vigueur le 1er février. Toutefois, le litige opposant l’Association et le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud sera entendu en cour le 3 mai prochain, seulement.
« Nous ne sommes que les porte-paroles des propriétaires. Ce sont eux qui accordent les droits de passage et qui les enlèvent, selon le cas. Nous ne sommes pas en guerre avec les clubs de motoneige. On cherche seulement à faire valoir notre point de vue. »
Selon lui, il serait possiblement illégal pour l’association de partager l’identité des propriétaires ayant choisi de bloquer les sentiers avec les clubs pour le moment. Il préfère attendre la rencontre du 14 janvier prochain avant de s’avancer davantage.
À la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec, le directeur général de l’organisation, Stéphane Desroches, observe les inquiétudes de ses membres sur le terrain, mais s’inquiète surtout des impacts de la situation sur les finances des clubs et l’implication des bénévoles nécessaires à leur fonctionnement.
« Tout cela va créer beaucoup de dommages pour les années futures. Ce sont des bénévoles qui devront composer avec la situation, qui devront recevoir des appels de motoneigistes déçus, de commerçants ou de propriétaires mécontents. Ce ne sont pas des choses intéressantes à recevoir et les dommages seront permanents ».
Il déplore la situation estimant que ce sont les motoneigistes qui sont pris en otage dans une mésentente qui ne devrait pas les atteindre. Il déplore que la situation soit aussi incertaine. « On sait une chose, c’est que le gouvernement ne se mêlera pas de la chose tant que le dossier sera judiciarisé. À l’heure actuelle, on ne peut avoir un vrai portrait de la situation puisque certains endroits sont fermés en raison du manque de neige. Ce n’est qu’au cours des prochains jours qu’on pourra en apprendre davantage. »
Les dommages à long terme risquent d’être irréparables, à son point de vue. « Ce sera difficile de revenir en arrière. Certains clubs ont des engagements avec des intervenants de leur milieu, notamment financiers. On peut aussi penser que des kilomètres de sentiers n’ouvriront plus dans le futur », se désole-t-il.