Plus complexe de se loger décemment
IMMOBILIER. La crise d’accès au logement ne diminuera pas à court terme, selon Maëlle Boulais-Préseault, économiste au Mouvement Desjardins, qui prévoit une hausse des prix hypothécaires et locatifs. Cette dernière a publié récemment une étude économique sur Chaudière-Appalaches.
Conformément à la tendance québécoise, les mises en chantier ont chuté de plus de 40 % dans la région en 2023. Elles ont toutefois doublé lors des six premiers mois de 2024, par rapport au même moment un an plus tôt. Selon Mme Boulais-Préseault, cette montée est liée surtout par une préférence à la construction des logements locatifs.
La forte immigration, sur notre territoire, explique partiellement ce dernier phénomène. Contrant la pénurie de main-d’œuvre, dans une région où la faiblesse du chômage atteint des records, ces travailleurs et leurs familles louent davantage des habitations au lieu de les acheter.
« L’ajout de logements est nécessaire pour accueillir ces nouveaux résidents. Des mesures, en vue d’augmenter l’offre de logements, ont déjà été prises dans plusieurs municipalités de la région. […] L’offre insuffisante pour répondre à la demande fait que les loyers augmentent, réduisant ainsi la disponibilité de logements abordables », rappelle Maëlle Boulais-Préseault.
Génération sacrifiée ?
Sur les difficultés d’accéder à la propriété, l’économiste pointe notamment du doigt la montée en flèche du télétravail, ainsi que l’arrivée des tests de résistance bancaire (stress tests). Ceux-ci simulent des conditions économiques difficiles, afin de voir si l’emprunteur pourrait résister à ces chocs financiers.
« Avec les salaires qui ne suivent pas toujours [les hausses immobilières], l’accès à la propriété, surtout chez les plus jeunes, sera plus complexe que les générations précédentes. […] La solution est collective. Elle peut passer, entre autres, par des crédits de taxes, changements de zonage et programmes gouvernementaux », mentionne Mme Boulais-Préseault.
En raison d’une proximité avec la région de Québec, les maisons, jumelés et condos se vendent plus cher à Lévis et les MRC au nord de Chaudière-Appalaches. En territoire lévisien, la construction résidentielle va plus vite que prévu, avec des mises en chantier grimpant de 132 % entre janvier et août 2024, par rapport au même moment en 2023.
« Le défi est maintenant de développer les infrastructures, les rues et les modes de transport pour accommoder toutes ces nouvelles résidences », cite Maëlle Boulais-Préseault dans son étude économique.
Dans une possibilité de choix à devenir propriétaire ou locataire, elle préconise la première option. « En achetant, on possède un actif prenant de la valeur. C’est de l’épargne forcée. Si on le vend à la retraite, cela permet de devenir locataire (appartement ou résidences pour aînés) sur plusieurs années », conclut celle-ci.