Prevost obtient le plus gros contrat de son histoire

AFFAIRES. Le fabricant d’autocar Prevost vient de se voir octroyer le plus important contrat de son histoire avec l’obtention d’une commande majeure de la Metropolitan Transportation Authority (MTA) de la ville de New York, soit une commande pour la fabrication de 381 autocars, pour un montant de plus de 447 millions $ CA, incluant pièces et services.

L’entente implique une commande ferme de 250 autocars à livrer entre 2025 et 2026, ainsi que des options pour l’achat de 131 autocars supplémentaires. Il permettra de consolider le personnel actuel et d’embaucher près de 150 nouveaux employés à l’usine de Sainte-Claire, et ce, dès 2024, en plus d’être bénéfique pour les nombreux fournisseurs de la région et d’ailleurs.

Élément important de l’annonce, 100 % des véhicules seront assemblés à Sainte-Claire, malgré l’existence du Buy America Act (BAA) chez nos voisins du sud qui stipule qu’un certain pourcentage des contrats étrangers doivent provenir des États-Unis. « Comme ce n’est pas le gouvernement fédéral, mais l’État de New York qui finance le contrat, ça donnait l’opportunité à la MTA de faire construire les véhicules en dehors du pays. On a même rapatrié des pièces qui étaient fabriquées aux États-Unis ici », a indiqué le président de Prevost, François Tremblay.

Le contrat comprend quelques particularités, a ajouté M. Tremblay, notamment au niveau de la conception. « On parle du modèle X dont le châssis est plus bas que le H, de la protection du chauffeur, des systèmes de caméras, le côté accordéon, et autres. Il y a énormément de technologie, beaucoup de choses qui ne sont pas sur nos véhicules standards, raison pour laquelle les véhicules sont dispendieux », de poursuivre M. Tremblay.

La main-d’œuvre

Déjà 720 autocars Prevost sillonnent la ville de New York, notamment grâce à un contrat obtenu avec l’État de New York en 2014 et un autre avec la MTA en 2019. Le contrat vient ainsi préserver les emplois déjà en place et surtout, amènera la création de 150 nouveaux emplois au cours de la prochaine année.

Sur ce point, M. Tremblay estime que la marque Prevost est attractive. « Nous avons triplé notre production depuis deux ans et engagé plus de 625 nouveaux employés. Nous avions des craintes au début, mais la force de la marque fait que même des gens qui vivent sur la Rive-Nord travaillent ici à Sainte-Claire. Nous avons des enjeux, mais entendons davantage parler de mises à pied et de la hausse du taux de chômage à l’heure actuelle qu’avant. Certains métiers spécialisés représentent toutefois un défi », a-t-il résumé.

Le milieu politique était bien représenté, alors que le ministre de l’Éducation et député de Lévis, Bernard Drainville, a indiqué que Prevost représentait un bel exemple et une belle vitrine du secteur manufacturier de la province et souhaite voir son ministère préparer adéquatement les jeunes aux métiers du futur. Ministre des Relations internationales et députée des Chutes-de-la-Chaudière, Martine Biron a précisé que la moitié des échanges commerciaux du Québec se font avec les États-Unis. La députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance, a elle aussi insisté sur les retombées indéniables pour Bellechasse et Chaudière-Appalaches, en général.

De son côté, la députée fédérale de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, Dominique Vien, a bien fait rire l’assistance au début de son allocution en indiquant qu’il y avait beaucoup de politiciens à l’annonce, alors qu’aucun sou des gouvernements n’y était investi. Elle a par la suite salué la contribution des employés au succès de l’entreprise.

L’électricité, puis l’hydrogène

Comme annoncé en grande pompe en avril 2022, Prevost lancera en 2026 la prochaine génération d’autocars qui sera 100 % électrique. L’électrification des transports implique toutefois beaucoup de choses, selon M. Tremblay. « Il faut réaliser que le véhicule, c’est une chose. Avoir les infrastructures en est une autre. Charger 100 véhicules Prevost dans un dépôt la nuit, c’est l’équivalent d’électricité pour 7 000 résidences. C’est énormément d’énergie. C’est aussi du haut voltage, alors il y a plein d’implications. Comme le gouvernement investi dans de nouveaux réseaux de bornes, le timing sera bon pour nous. »

L’hydrogène pourrait être la prochaine étape dans la modernisation des flottes de véhicules, tel que les autocars. M. Tremblay espère voir des appuis gouvernementaux et autres se matérialiser à cet effet. « Ça dépendra du moment où nous aurons sécurisé du support. On travaille déjà avec l’Université de Trois-Rivières qui a une chaire de développement exceptionnelle dans le domaine et d’autres partenaires. Notre carnet de commandes est pas mal rempli jusqu’en 2027, alors on peut penser à 2029 ou 2030 ».

Présent à l’annonce, l’ancien député fédéral de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis et aujourd’hui PDG d’Hydrogène Québec, Steven Blaney, estime que l’hydrogène pourrait être la voie de l’avenir dans le transport longue distance. « Lorsque l’électrification directe est la plus avantageuse, tant mieux, mais lorsque nous avons beaucoup de charges à transporter, on doit avoir un vecteur énergétique performant. Voir Prevost, qui est le plus important manufacturier d’autocars en Amérique du Nord, et se diriger vers la décarbonation de son produit s’y intéresser, c’est réjouissant. »

La nouvelle arrive à la vielle du lancement des festivités du 100e anniversaire de l’entreprise et amènera Prevost à augmenter sa cadence de production à 4 véhicules par jour dans les mois à venir, a précisé M. Tremblay en rappelant que ces fêtes connaîtront leur point culminant le 14 septembre prochain. « On attend près de 10 000 personnes à Sainte-Claire. »