Réjean Vachon: un demi-siècle chez Prevost Car

SAINTE-CLAIRE. En cette année de 100e anniversaire, l’entreprise Prevost Car de Sainte-Claire peut toujours compter sur l’appui de nombreux travailleurs d’expérience avec, notamment, 200 employés comptant plus de 30 ans de service et 128 qui sont à l’emploi de l’entreprise depuis plus de 40 ans.

Entré au service de Prevost en 1974, à l’âge de 19 ans, Réjean Vachon de Saint-Luc est le vétéran de ce groupe, lui qui compte donc, en 2024, 50 années de service au sein de l’entreprise bellechassoise.

« C’est extrêmement rare, pour ne pas dire impressionnant de voir quelqu’un qui est là pendant aussi longtemps. Il est entré ici avant que je naisse. On a beaucoup de gens d’expérience comme lui et nous sommes choyés de les avoir », indique Kathleen Martineau, vice-présidente Ressources humaines chez Prevost Car.

Soudeur de formation, Réjean Vachon souligne qu’il avait offert ses services dès l’âge de 18 ans, mais qu’il avait dû attendre son 19e anniversaire de naissance pour faire son entrée dans l’usine originale de la rue Prévost.

« Je n’avais pas de cours spécialisé à part une formation de 90 heures en soudure par les soirs, quand j’étais jeune. À ce moment, les machines semi-automatiques commençaient à arriver dans les usines. Je suis allé dans le bois avec mon père pour essayer d’avoir mon visa pour aller travailler à Jackman, mais ça n’a pas marché. En 1973, je suis allé à Montréal avec un ami et c’est là que j’ai appris à souder sur une machine semi-automatique », soutient-il en ajoutant qu’en une heure, il avait appris à utiliser celle-ci et obtenu un poste.

Il est demeuré sur place pendant quatre mois avant de s’amener chez Prevost qui avait alors besoin de nouveaux travailleurs. « J’ai donné ma démission à Montréal et une semaine plus tard, je commençais ici, à l’usine sur la rue Prévost où je travaille depuis le début. Je n’ai jamais voulu aller dans l’usine du boulevard Gagnon, car je trouvais cela trop gros. Tous les gars qui étaient ici avec moi à ce moment sont partis et c’est maintenant moi le plus vieux », dit-il en riant.

« J’ai toujours travaillé de jour, sauf pendant un mois où j’étais de soir, à ma demande. Je m’étais acheté une petite maison préfabriquée et je devais être chez moi pour superviser son installation. Nous étions 150 à mon arrivée ici en incluant les employés de bureau. C’était déjà une belle entreprise à ce moment et ils venaient d’agrandir l’usine de la rue Prévost », ajoute-t-il en mentionnant qu’il a toujours aimé travailler chez Prévost, appréciant la camaraderie de ses collègues de travail.

Des amitiés pour toujours

Réjean Vachon souligne qu’au fil de ses 50 années chez Prevost, de solides amitiés se sont formées au sein des équipes, même après le départ à la retraite de plusieurs de ses anciens collègues il y a une quinzaine d’années.

« Plusieurs sont partis à la retraite il y a 14 ou 15 ans, quand le département des pièces a été transféré sur le boulevard Gagnon. Ici, à part quelques-uns, ce sont tous des gars qui ont de 35 à 45 ans d’ancienneté et on se connaît tous. On fabrique des véhicules neufs et les conditions de travail ont toujours été excellentes. L’usine est toujours propre et l’entreprise nous fournit tout ce dont nous avons besoin pour travailler. J’aime toujours ce que le fais, car j’ai un beau poste de travail et je reste debout autour des gabarits pour souder. Je ne serais pas capable de m’agenouiller sous les structures comme le font ceux qui travaillent à l’usine principale. C’est très sécuritaire et moins physique pour nous. »

Venir travailler, beau temps mauvais temps

Natif de Saint-Luc où il demeure toujours, n’ayant jamais cherché à déménager, Réjean Vachon voyage tous les jours pour venir travailler chez Prevost, peu importe les conditions. « J’ai peut-être manqué une journée ou deux en 50 ans. Même s’il ne faisait pas beau, je me rendais ici et je travaillais. Je suis fait de même. Pendant 35 ans, j’ai travaillé à raison de six jours par semaine, avec du temps supplémentaire le samedi de 6 h à midi », se remémore-t-il.

À quand la retraite pour M. Vachon ? « Dans un an ou deux peut-être, ce qui me mènerait à la fin de la convention collective actuelle. Mais rien n’est certain encore. Certains sortent de leur retraite pour faire de la formation, ne serait-ce qu’une fois par semaine. Quand je partirai, je ne reviendrai plus, même si ce sera difficile. Je n’ai pas de date prévue », insiste-t-il en terminant.

Prévost, une famille

« Prévost, c’est comme une famille. On revoit régulièrement des gars qui ont pris leur retraite et qui donnent des heures pour de la formation. Plusieurs qui sont entrés dans les années 1980 sont toujours ici, avec des 35, 40 ou 45 ans d’ancienneté. Ils amènent une expertise, un savoir-faire et assurent la transmission des connaissances aux plus jeunes qui les suivent », indique Mathieu Claise, directeur des communications chez Prevost Car, en ajoutant que ceux-ci représentent un objet de fierté pour l’entreprise.

« On voit des gars âgés qui arrivent chez nous. La rareté de main-d’œuvre permet cela. Un soudeur de 62 ans qui vient d’ailleurs ne requiert pas le même temps de formation qu’un autre, car il a de l’expérience dans le domaine. La formation est accélérée et le reste va tout seul, ce qui peut être intéressant », précise pour sa part Michaël Viel, superviseur de production à l’usine de la rue Prévost.

« Chaque année, on célèbre ceux qui ont 20, 25 années de service et plus. Ils sont nombreux qui atteignent ce plateau à chaque fois. C’est un signe que les gens sont bien chez nous et sont attachés à l’entreprise et ils le disent chaque fois qu’on organise des activités pour des départs à la retraite. On a un bel environnement de travail, les conditions sont bonnes et on traite bien nos gens. C’est la base de tout. Il y en a qui prennent leur retraite et qui reviennent régulièrement », de conclure Kathleen Martineau.