Une entreprise bellechassoise à l’assaut du marché nord-américain

SAINTE-CLAIRE. Procédé utilisé depuis des décennies par la NASA, notamment, la lyophilisation représente, pour plusieurs, une voie d’avenir pour la préservation à long terme de la nourriture et pour la réduction du gaspillage alimentaire.

C’est dans cette optique que Dominic et Christian Perron de Saint-Damien ont créé, il y a trois ans et à l’aide de partenaires, l’entreprise Cryonaut qui se spécialise dans la fabrication de lyophilisateurs à usages semi-commercial et, surtout, résidentiel.

Première entreprise au Canada à produire des lyophilisateurs à usage résidentiel (on retrouve également quelques fabricants aux États-Unis), Cryonaut a vu le jour après que Dominic Perron et son père eurent découvert cette technologie un peu par hasard, précise Dominic Perron

« On a vu qu’il existait une entreprise, aux États-Unis, qui offrait des lyophilisateurs à usage commercial et résidentiel, alors nous en avons acheté un. J’ai vraiment aimé le résultat que ça donnait et j’ai compris que la lyophilisation des aliments représentait un domaine d’avenir. On voulait être dans les premiers à nous lancer là-dedans au Canada, ce qu’on a réussi », souligne le jeune entrepreneur de 28 ans.

Après avoir utilisé et étudié cet équipement, ils se sont attardés aux machines commerciales de plus grande taille afin de parfaire leurs connaissances de cette technologie, leur objectif étant d’améliorer le modèle américain et d’en produire un de plus petite taille, mieux adapté aux réalités du secteur résidentiel.

Dominic Perron mentionne que le modèle qu’ils ont mis en marché, au cours de la dernière année, connaît déjà un certain succès auprès de la clientèle qui est canadienne à 10 %, mais surtout américaine à 90 %. Une cinquantaine d’exemplaires, à 5 000 $ l’unité, ont déjà trouvé preneur jusqu’ici.

Il ajoute que le marché de la lyophilisation dans le secteur résidentiel est assurément des plus prometteur, rappelant que le modèle du compétiteur américain qu’ils ont acquis, puis étudié avant de l’améliorer, avait été vendu à des centaines de milliers d’exemplaires aux États-Unis.

« Cet équipement est mal conçu et brise souvent. On a donc vu l’occasion de faire mieux en offrant une version améliorée de ce lyophilisateur, tout en produisant un équipement plus compact qui prend moins de place et peut être transporté par une seule personne. Ce sera le plus petit modèle du genre au monde que l’on présentera sous peu », poursuit le jeune entrepreneur bellechassois.

Lors de la visite du journal, une nouvelle série d’appareils prenait la route du marché américain à partir de leur petite usine située dans un incubateur industriel de la rue de la Montagne, à Sainte-Claire.

Une voie d’avenir

Bien que la technologie soit complexe, Christian et Dominic Perron sont d’avis que la lyophilisation de la nourriture représente une voie d’avenir, surtout dans le contexte économique actuel, car elle permet de préserver la nourriture à long terme (jusqu’à 30 ans) tout en prévenant le gaspillage alimentaire. La lyophilisation est une technique de déshydratation qui utilise le froid et le vide plutôt que la chaleur pour enlever l’eau des aliments.

« Contrairement à un aliment déshydraté qui perd 90 % de son eau, un aliment lyophilisé perd 99 % de son eau. Celui-ci devient complètement sec et peut être conservé pendant 30 ou même 40 ans, car aucun développement bactérien ne s’y produit. Comme on enlève toute l’eau, les mets ainsi traités deviennent ultralégers, ce qui est pratique, faciles à transporter et entreposer. Comme ils ne contiennent ni sel ni élément de conservation, ces produits sont entièrement naturels et excellents pour la santé », affirme également le jeune entrepreneur de Saint-Damien en précisant que certains mets comme les fruits lyophilisés peuvent être mangés tels quels. Sinon, juste besoin d’ajouter de l’eau pour les réhydrater.

Il ajoute que la lyophilisation permet également d’économiser l’énergie, car une fois lyophilisés, les aliments concernés peuvent tout simplement être conservés à température pièce dans un garde-manger ou même dans le coffre arrière d’une automobile.

« On retrouve déjà certains aliments lyophilisés à l’épicerie comme les petits fruits secs dans les boîtes de céréales. Seulement de grosses entreprises avaient accès à cette technologie par le passé, comme Kellogs ou celles qui produisent des aliments de camping et autres. C’est aussi le cas pour les repas militaires qui sont pratiques, notamment en hiver, car ils ne contiennent pas d’eau et ne peuvent donc pas geler. »