Suspects tués par balle: aucune accusation pour deux policiers de Chicago

CHICAGO — Aucune accusation ne sera portée contre les policiers de Chicago qui ont abattu Adam Toledo, 13 ans, et Anthony Alvarez, 22 ans, lors de poursuites à pied à quelques jours d’intervalle l’an dernier, a annoncé mardi une procureure.

La procureure de l’État du comté de Cook, Kim Foxx, a déclaré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour inculper les officiers concernant ces décès, qui ont été filmés et dont les images ont montré que les deux suspects semblaient avoir des armes de poing avant la fusillade.

La diffusion publique des vidéos en avril 2021 a relancé les appels à la réforme du service de police de Chicago, qui pendant des décennies a eu une réputation de brutalité, d’inconduite et de racisme.

Ces événements sont survenus alors que des vidéos d’interventions policières ont soumis les services du pays à un examen minutieux, en particulier après les images de 2020 qui ont contribué à une condamnation de meurtre pour la mort de George Floyd.

Mme Foxx a critiqué les policiers pour la mort par balle d’Anthony Alvarez, affirmant qu’ils avaient engendré la situation qui les a mis en danger. La victime marchait lorsque des agents l’ont approchée à cause d’un incident lié à la circulation la nuit précédente.

M. Alvarez s’est enfui, a tourné à une intersection et il est tombé, a relaté la procureure. Lorsque l’agent Eric Solano a tourné à l’intersection, le jeune homme se relevait et le policier a cru qu’il était sur le point de lui tirer dessus.

«Alors qu’il (M. Alvarez) commençait à utiliser ses deux mains pour se pousser du sol, l’agent Solano est arrivé au coin de la résidence et a observé M. Alvarez dans une position accroupie avec une arme de poing dans la main droite», a déclaré Mme Foxx. Cela a conduit le policier, a-t-elle dit, à croire que le suspect «attendait de lui tendre une embuscade».

Dans le cas de la mort d’Adam Toledo, la police était sur les lieux après qu’un système de détection de coups de feu utilisé par la Ville a enregistré huit tirs dans le secteur. À leur arrivée, les deux seules personnes qu’ils ont vues étaient Adam Toledo et un Ruben Roman, alors âgé de 21 ans, qui ont tous deux immédiatement commencé à s’enfuir.

L’agent Eric Stillman a vu qu’Adam Toledo avait ses mains près de sa taille, lui faisant croire que l’adolescent avait une arme à feu. La procureure Foxx a mentionné que lorsque le policier a rattrapé le jeune et lui a ordonné de poser l’arme, la main de l’adolescent qui tenait l’arme se trouvait derrière un poteau de clôture en bois. Elle a dit que l’adolescent avait levé la main droite si rapidement qu’il était impossible de déterminer s’il avait laissé tomber l’arme.

Le temps entre le moment où il a commencé à tourner la main droite qui tenait l’arme et celui où l’agent lui a tiré dessus alors qu’il ne tenait plus l’arme «a été estimé à 838 millisecondes», a précisé Mme Foxx.

La procureure a déclaré qu’elle avait rencontré les familles des deux victimes plus tôt mardi. Lors d’une rencontre avec les proches de M. Alvarez et leur avocat, Mme Foxx a indiqué que la famille avait «sans aucun doute le cœur brisé» et avait «beaucoup, beaucoup de questions» sur la façon dont les agents l’ont approché, y compris pourquoi ils ne sont pas venus chez eux s’ils savaient qu’ils le cherchaient.

La procureure Foxx a également décrit la famille d’Adam Toledo comme ayant «le cœur brisé».

Elle a affirmé que les policiers dans les deux cas avaient démontré qu’ils craignaient pour leur vie au moment où ils ont tiré, mais elle était «profondément préoccupée» par la politique de poursuite à pied du service de police de Chicago. La Ville a mentionné qu’elle révisait cette pratique.

«Je pense que dans les cas que nous avons vus, en particulier avec M. Alvarez, nous devons nous demander, est-ce que cela en valait la peine?» a soutenu Mme Foxx.

Elle a indiqué s’être entretenue avec le maire de Chicago, Lori Lightfoot, le surintendant de police David Brown et le chef du Bureau civil sur la responsabilité de la police. La procureure a noté qu’il y avait «une pleine conscience» que la politique de poursuite à pied doit changer.

«Je pense que les décès que nous avons vus, le risque pour nos officiers, nécessitent absolument que nous ayons une politique de poursuite à pied qui assure la sécurité de tout le monde», a-t-elle fait valoir.

Avec la contribution de Don Babwin de l’Associated Press