Une mer de supporters accueillent les joueurs de l’équipe de soccer de l’Argentine

BUENOS AIRES, Argentine — Un défilé organisé pour célébrer les champions argentins de la Coupe du monde de soccer a été brusquement interrompu mardi, alors que des millions de personnes se sont déversées sur les grandes artères, les autoroutes et les viaducs dans une tentative chaotique d’apercevoir l’équipe nationale qui a remporté l’une des plus grandes finales de l’histoire du tournoi.

La capitale a été envahie par un tel nombre de supporters en liesse, agitant des drapeaux, que les joueurs ont dû abandonner le bus en plein air qui les transportait à Buenos Aires et monter dans des hélicoptères pour un survol de la capitale que le gouvernement a présenté comme un défilé aérien.

«Les champions du monde survolent tout le parcours en hélicoptère car il était impossible de continuer par voie terrestre en raison de l’explosion de joie des gens», a écrit Gabriela Cerruti, porte-parole du président Alberto Fernández, sur les médias sociaux.

Après avoir survolé les points clés de Buenos Aires où les supporters s’étaient rassemblés, les hélicoptères sont retournés au siège de la Fédération argentine de football (FAF), situé à l’extérieur de la capitale.

Le responsable de la Fédération de football, Claudio Tapia, a imputé aux forces de l’ordre la responsabilité de ce changement de plan.

«Les mêmes organismes de sécurité qui nous escortaient ne nous permettent pas d’avancer», a écrit Tapia sur les médias sociaux. «Je m’excuse au nom de tous les joueurs champions.»

Le bus avait avancé à pas de tortue pendant plus de quatre heures à travers les foules humaines avant que le défilé terrestre ne soit annulé. Le capitaine de l’équipe, Lionel Messi, et le reste des joueurs ont salué la foule en brandissant le trophée de la Coupe du monde après avoir remporté le troisième titre du pays, le premier depuis 1986.

L’Argentine a vaincu la France 4-2 aux tirs de barrage, dimanche.

«C’est de la folie, c’est indescriptible», a déclaré Brian Andreassi, 23 ans, en marchant dans le centre-ville avec le maillot de l’équipe. «Il n’y a pas de mots.»

La Coupe du monde et le succès de l’équipe dirigée par Messi ont apporté une bonne nouvelle bien nécessaire à un pays qui est coincé dans le marasme économique depuis des années, subit l’un des taux d’inflation les plus élevés au monde et où près de quatre personnes sur 10 vivent dans la pauvreté.

«Il y a une immense union entre tous les Argentins – unité, bonheur. C’est comme si on pouvait respirer un autre air, il y a une autre énergie dans l’air», a déclaré Victoria Roldán. «Mon corps et mon cœur sont sur le point d’éclater.»

Portant une réplique de la Coupe du monde, la jeune femme de 32 ans se dirigeait vers le centre-ville avec sa sœur, Mariana, alors qu’elles essayaient de trouver le meilleur endroit pour apercevoir l’équipe, et en particulier son capitaine.

«Nous allons là où ils disent que ‘Leo’ (le surnom de Messi) sera parce que nous mourrons d’envie de le voir», a déclaré Roldán.

On estime que quatre millions de personnes étaient dans les rues mardi après-midi, selon des médias locaux citant des sources policières.

Les supporters en liesse ont envahi les autoroutes, les avenues et les voies d’accès à la capitale par une température de 30 degrés Celsius.

Des milliers de personnes avaient installé leur campement depuis tôt mardi matin à l’Obélisque, le monument emblématique de Buenos Aires qui est le lieu traditionnel des célébrations.

«Nous sommes un peu désorientés parce que nous ne connaissons pas la route du bus et un peu frustrés parce que nous avons parcouru tant de kilomètres et que nous ne pourrons peut-être pas les voir», a déclaré Giselle Pisani, 34 ans, qui a parcouru 350 kilomètres avec sa famille depuis la ville d’Olavarria.

Le président argentin a déclaré un jour férié mardi pour que le pays puisse célébrer la victoire en Coupe du monde.

«Muchachos», une chanson écrite par un fan et devenue un hymne populaire non officiel pour les fans argentins lors de la Coupe du monde au Qatar, résonnait partout dans les rues, les fans l’entonnant encore et encore.

Certains fans ont également rendu hommage à la légende du football argentin Diego Maradona, le capitaine de l’équipe de 1986 qui a remporté la Coupe du monde et qui est décédé il y a deux ans, avec des drapeaux portant son nom et son visage.

«C’est pour Diego, qui voit ça du ciel», ont scandé les fans.

«C’est une fête. La dernière fois que l’Argentine a été championne, j’avais trois ans. Je ne me souviens de rien», a déclaré Yael Torchinsky, 39 ans. «Je veux vivre cela intensément car le peuple argentin a besoin de ce bonheur.»

Des milliers de supporters avaient fait la queue avant l’aube pour accueillir l’équipe à son retour du Qatar.

Les joueurs étaient rayonnants lorsqu’ils sont descendus de leur avion à Ezeiza, à l’extérieur de la capitale argentine, peu avant 3 heures du matin, sur un tapis rouge.

Messi a été le premier à sortir, portant le trophée de la Coupe du monde, flanqué du sélectionneur Lionel Scaloni. Ce dernier a mis son bras autour du capitaine alors qu’ils passaient devant un panneau sur lequel on pouvait lire «Merci, champions».

Le bus a mis une heure à parcourir les 11 kilomètres qui séparent l’aéroport du siège de la FAF, où les joueurs ont été accueillis par des feux d’artifice.

Les joueurs ont dormi dans les locaux de la FAF avant la journée de célébration. Le matin, Messi a publié une photo sur les médias sociaux le montrant en train de serrer dans ses bras le trophée de la Coupe du monde à côté de lui pendant qu’il dormait.

Avant l’arrivée de l’équipe, beaucoup avaient surveillé de près le vol qui ramenait les joueurs chez eux pour faire la fête. Alors que l’avion se rapprochait du sol argentin, près de 200 000 personnes suivaient sa trajectoire en ligne et les chaînes d’information ont couvert l’arrivée en direct.

Plusieurs joueurs ont publié des photos du voyage en avion sur les médias sociaux. Dans l’une d’elles, Nicolás Tagliafico a affiché une image du trophée de la Coupe du monde attaché à un siège d’avion comme s’il s’agissait d’un simple passager.