Alain Rayes: les conservateurs s’excusent du bout des lèvres

OTTAWA — Les conservateurs ont fait un timide mea culpa après avoir transmis un message texte aux membres du parti de la circonscription de  Richmond-Arthabaska les incitant à appeler au bureau de circonscription et à réclamer la démission d’Alain Rayes.

«Le Parti conservateur du Canada s’excuse pour un message texte automatisé envoyé plus tôt aujourd’hui aux membres du parti dans la circonscription de Richmond-Arthabaska», a écrit la formation politique sur Twitter mercredi soir.

Jeudi, le lieutenant politique pour le Québec du nouveau chef Pierre Poilievre, Pierre Paul-Hus, est sorti de son mutisme lors d’une mêlée de presse. «C’était une erreur qui a été reconnue par le parti et maintenant on souhaite (une) bonne continuité à M. Rayes comme député indépendant», a-t-il déclaré.

Au moment de publier, le cabinet du chef de l’opposition officielle n’avait pas répondu à une demande de La Presse Canadienne d’expliquer pourquoi exactement il s’excuse.

Le message texte représentait selon M. Rayes une «opération de salissage» et d’«intimidation» du parti visant à ce que les autres députés conservateurs qui songent à quitter le navire sachent «ce qui arrive si vous décidez de partir du Parti conservateur».

Alain Rayes, qui avait appuyé Jean Charest dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada, avait annoncé mardi qu’il siégera désormais comme indépendant à la Chambre des communes puisqu’il ne se «retrouve plus à l’intérieur de ma propre formation politique».

Dans une déclaration transmise à La Presse Canadienne, M. Rayes a affirmé avoir pris connaissance des excuses qui, souligne-t-il, ne lui sont pas personnellement adressées. Il se dit heureux de mettre «ce chapitre» derrière lui afin de «recommencer à accomplir pleinement» son rôle de député.

«Pour moi, l’intimidation sous toutes ses formes est inacceptable. Je n’hésiterai jamais à la dénoncer avec véhémence. Je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont témoigné leur appui. Ensemble, nous parviendrons à ramener un climat politique et social sain dans notre beau pays. C’est mon souhait le plus cher», a-t-il écrit.

Appelée à commenter, la ministre des Affaires étrangères, la libérale Mélanie Joly, a estimé que «non seulement c’est un manque de respect, mais ça démontre aussi un manque de jugement». Elle a dit avoir de la difficulté à croire que «le nouveau chef de l’opposition décide de harceler un de ses anciens collègues».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a pour sa part affirmé que M. Poilievre a «franchi une ligne» avec cette campagne. «C’est le genre de comportement un peu intense, un peu basé sur rien de rationnel, ça a l’air d’un coup de colère», a-t-il déclaré. Selon lui, tous ceux qui ont reçu «un texto pour intimider Alain» devraient en recevoir un autre d’excuses de la part du chef conservateur.