Brian Mulroney: Gorbachev, mort mardi, manquera beaucoup à la scène mondiale

OTTAWA — L’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney affirme que Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’Union soviétique, était un «grand homme» que la scène mondiale «manquera beaucoup».

M. Gorbatchev qui pendant ses sept années au pouvoir a fait des réformes spectaculaires qui ont ouvert la voie à la chute du mur de Berlin en 1989, est décédé mardi dans un hôpital de Moscou à l’âge de 91 ans.

L’ancien premier ministre Mulroney a déclaré dans une entrevue que si le président américain Ronald Reagan est largement reconnu pour avoir mis fin à la guerre froide sans coup férir, « il faut être deux pour danser le tango », et que M. Gorbatchev était un leader indispensable de l’autre côté.

« Le président Gorbatchev restera dans l’histoire comme un dirigeant emblématique et celui qui a beaucoup accompli pour l’humanité », a-t-il déclaré.

L’ancien chef du gouvernement du Canada relate qu’il a rencontré M. Gorbatchev pour la première fois en mars 1985 et l’avoir trouvé comme une bouffée d’air frais par rapport aux dirigeants soviétiques «étouffés, abrutis et non visionnaires» auxquels il était habitué.

« Il était assez charmant et direct, alerte, et on pouvait dire alors qu’il voulait faire des affaires », selon M. Mulroney.

Il se souvient d’avoir rencontré le président Reagan quelques jours plus tard à Québec et de lui avoir dit qu’il s’attendait à ce que Mikhaïl Gorbatchev soit un excellent interlocuteur.

«  J’ai dit, ‘tu sais, Ron, il y a un nouveau joueur ici. ‘C’est vraiment un gars avec qui nous allons pouvoir nous entendre et accomplir des choses. »’

L’approche du président Gorbatchev en matière de diplomatie a contrasté fortement avec le «leadership belliqueux et médiocre que vous voyez aujourd’hui à Moscou», selon Brian Mulroney. L’invasion de l’Ukraine par la Russie est « exactement l’antithèse de ce que voulait Gorbatchev ».

En 1990, le président Gorbatchev a remporté le prix Nobel de la paix pour son rôle dans la fin de la guerre froide et l’apaisement des tensions nucléaires, mais il a été ridiculisé chez lui lorsque l’Union soviétique s’est effondrée. 

Son pouvoir sapé par une tentative de coup d’État contre lui en août 1991, Mikhaïl Gorbatchev a passé ses derniers mois au pouvoir à voir des républiques déclarer leur indépendance les unes après les autres, jusqu’à ce qu’il démissionne le 25 décembre 1991, et l’Union soviétique s’est écrite dans l’oubli un jour plus tard.

À la fin de son règne, il était impuissant à arrêter le tourbillon qu’il avait semé. Pourtant, Mikhaïl Gorbatchev a peut-être eu un plus grand impact sur la seconde moitié du XXe siècle que toute autre personnalité politique.

« Je me vois comme un homme qui a lancé les réformes nécessaires pour le pays, pour l’Europe et pour le monde », a déclaré Mikhaïl Gorbatchev à l’agence Associated Press dans une entrevue réalisée en 1992 peu après qu’il ait quitté ses fonctions.

« On me demande souvent, est-ce que j’aurais tout recommencé si c’était à refaire ? Oui en effet. Et avec plus de persévérance et de détermination », a-t-il déclaré.

Sa course à la présidence en 1996 était une blague nationale en Russie; il a recueilli moins de 1 % des voix. En 1997, il a eu recours à la réalisation d’une publicité télévisée pour Pizza Hut afin de gagner de l’argent pour sa fondation caritative.

Mais il a été salué en dehors de la Russie et Brian Mulroney a déclaré qu’ils avaient approfondi leur amitié. Ces dernières années, ils se sont rencontrés à Houston, à New York ou à Montréal.

« Je l’aimais beaucoup personnellement. Nous avons eu une merveilleuse relation personnelle», a-t-il précisé. «J’ai été témoin de la fabuleuse relation qu’il entretenait avec sa femme et sa famille. Il était, à mon avis, un grand homme.’’