Canada: les personnes racisées sont souvent plus éduquées, mais moins bien payées

OTTAWA — Même si les personnes racisées sont en général plus susceptibles que leurs homologues non racisées et non autochtones d’obtenir un baccalauréat ou un grade supérieur, elles n’en profitent pas autant après l’obtention de leur diplôme, selon ce qu’a constaté Statistique Canada.

Une étude tirée des données des recensements de 2016 et de 2021 dont l’agence fédérale fait état mercredi précise que malgré leurs compétences académiques, les Canadiens désignés comme minorités visibles ont moins tendance à trouver des emplois offrant une rémunération semblable et des avantages sociaux équivalents, deux ans après l’obtention du baccalauréat.

«Je pense que l’un des principaux points à retenir ici est que ces écarts de revenu et les différences dans la qualité des emplois de ces diplômés ne peuvent pas être expliqués par les caractéristiques observées dont nous disposons», a mentionné Liliana Corak, analyste à Statistique Canada, en entrevue.

Mme Corak a expliqué que les «caractéristiques observées» désignent des indicateurs comme l’âge des diplômés, leur lieu de résidence, leur secteur d’activité et s’ils travaillent à temps plein ou à temps partiel.

«Mais ils pourraient s’expliquer par certaines caractéristiques non observables, comme la motivation et, bien sûr, la discrimination sur le marché du travail», a-t-elle souligné.

Le revenu d’emploi atteignait en moyenne 45 700 $ annuellement chez les femmes racisées et 47 800 $ chez celles non racisées et non autochtones, alors qu’il s’élevait à 51 600 $ chez les hommes racisés et à 54 100 $ chez les hommes non racisés et non autochtones.

«Nous avons constaté que chez les femmes, les écarts de revenu persistaient pour six des 10 groupes racialisés, a précisé Mme Corak. Les écarts les plus importants ont été observés pour les diplômées d’Asie occidentale et arabes, qui accusent un retard d’environ 15%.

«Et puis nous avons vu des différences légèrement plus petites, mais toujours significatives, pour les femmes diplômées noires, coréennes, sud-asiatiques et latino-américaines par rapport à notre groupe de référence non racialisé et non autochtone.»

Les diplômés racisés enregistraient également des taux de syndicalisation et de couverture par un régime de pension de l’employeur plus bas que leurs homologues non racisés et non autochtones.

De façon générale, Statistique Canada a observé que de nombreuses populations racisées, dont les Coréens, les Chinois, les Asiatiques du Sud, les Asiatiques de l’Ouest, les Japonais, les Arabes et les Philippins, avaient des niveaux de scolarité largement supérieurs à la moyenne nationale.

Des variations considérables ont été observées dans le niveau de scolarité des populations latino-américaine et noire, car celles ayant immigré en 2001 ou après étaient plus susceptibles que l’ensemble des Canadiens de détenir un baccalauréat ou un grade supérieur. Les populations arrivées précédemment au pays étaient souvent moins susceptibles de posséder de tels diplômes.