Des membres de la société civile exigent une stratégie de Québec en sécurité routière

MONTRÉAL — Des représentants de la société civile réclament l’implantation d’une stratégie de sécurité routière de la part du gouvernement du Québec afin de mieux protéger les usagers vulnérables qui circulent sur le réseau.

Lors d’une conférence de presse tenue mercredi matin dans le quartier Ville-Marie, les organismes Piétons Québec, CAA-Québec et Vivre en ville ont dénoncé «l’inertie» du gouvernement provincial, appelant à la mise en place de mesures pour favoriser notamment la sécurité des piétons et des cyclistes.

Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec, a rappelé que le gouvernement s’était engagé en 2018 à adopter une politique de mobilité basée sur l’approche Vision Zéro, mais que celle-ci se faisait toujours attendre.

«Au cours des cinq dernières années, ce sont 1732 personnes qui ont perdu la vie sur nos routes. Seule la mise en œuvre d’une stratégie gouvernementale de sécurité routière basée sur Vision Zéro permettra de prévenir de telles tragédies dans les dix ou les quinze prochaines années», a-t-elle souligné lors de la conférence.

L’approche Vision Zéro, adoptée pour la première fois par la Suède en 1997, repose sur l’idée qu’il est inacceptable que des individus soient blessés ou tués en se déplaçant sur le réseau routier. Des dizaines de métropoles à travers le monde ont d’ailleurs implanté cette philosophie à leurs pratiques, comme New York, Vancouver, Londres et Canberra.

Régler le problème «à la source»

Aux yeux de Christian Savard, directeur général de l’organisation Vivre en Ville, les décideurs politiques ne peuvent plus baser leur approche sur l’amélioration des comportements des conducteurs.

«Les données empiriques sont claires : c’est d’abord en réduisant la quantité et la vitesse des déplacements motorisés qu’on protégera les piétons et les cyclistes, a-t-il déclaré aux médias. (…) Il faut aller à la source des enjeux, et c’est comme ça que d’autres juridictions dans le monde ont réussi à faire mieux».

Afin de réduire le nombre d’accidents routiers, la stratégie implantée doit d’abord permettre la concertation des différents acteurs de la sécurité routière du Québec, notamment par la création d’une «table de sécurité» qui rassemblerait la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTQ), le ministère des Affaires municipales et les services de police.

Une révision des normes d’aménagement doit également être effectuée, a expliqué Mme Cabana-Degani, en plus d’un «énorme rattrapage» par rapport aux infrastructures routières québécoises, qui ont été conçues pour assurer la fluidité de la circulation automobile.

«Si on avait un taux de décès sur les routes similaire à celui de la Suède, qui met en œuvre une stratégie de sécurité routière basée sur Vision Zéro, c’est environ 745 vies qu’on aurait pu sauver dans les cinq dernières années, soit 150 décès évités chaque année», a précisé la directrice.

Selon le bilan routier partiel de la SAAQ pour 2022, 39 piétons étaient morts dans un accident en date du mois de septembre, une augmentation de 14,7 % par rapport à l’ensemble de l’année 2021.

Piétons Québec estime aussi qu’une révision du Code de la sécurité routière est nécessaire afin d’assurer l’encadrement et la protection des usagers vulnérables de la route.

«Une infraction pour ne pas avoir payé un péage routier est actuellement plus pénalisée qu’une infraction pour non-respect d’un passage pour piétons. Ça n’a pas de bon sens. (…) On doit appliquer le Code dans l’esprit du principe de prudence qui a été introduit en 2018», a-t-elle ajouté.

Mme Cabana-Degani a d’ailleurs confirmé qu’une première rencontre entre Piétons Québec et les conseillers du cabinet du MTQ aurait lieu ce vendredi.

«On est prêt à travailler avec le gouvernement. Ce qu’on veut, c’est s’asseoir avec le ministère pour ensuite trouver ensemble des solutions», a résumé la directrice, ajoutant que Piétons Québec s’attendait à «un leadership plus important» de la part du premier ministre François Legault et de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Le point de presse s’est tenu au parc des Royaux, à proximité de l’endroit où la jeune Mariia Legenkovska avait été happée par un véhicule en marchant vers l’école le 13 décembre dernier. Des représentants du Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de CAA-Québec étaient également présents.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse canadienne pour les nouvelles.