Élections ontariennes: la pénurie de soins de santé dans le nord en débat

Les principaux partis politiques de l’Ontario promettent d’embaucher plus de médecins et d’infirmières et d’augmenter le nombre de places à l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) pour répondre au besoin de travailleurs de la santé dans la région — un problème qui, selon la présidente d’un hôpital, nécessite à la fois des mesures immédiates et à long terme. 

La pénurie de travailleurs de la santé dans la région, qui perdure depuis longtemps, a suscité de nombreux appels à une augmentation significative des investissements dans le secteur pour remédier aux pénuries locales.

De telles pénuries ont forcé l’hôpital Margaret Cochenour, de Red Lake, à fermer sa salle d’urgence pendant 24 heures à la fin mars en raison d’une pénurie de médecins.

Sue LeBeau, la présidente de l’hôpital, a expliqué que la fermeture de 24 heures était «très difficile» pour le personnel hospitalier et créait «un sentiment d’anxiété» dans la communauté de Red Lake, qui a récemment connu deux incendies de forêt et des inondations.

«C’était assez terrifiant, en fait», a ajouté Mme LeBeau, notant qu’il y avait une période d’environ cinq heures au cours de laquelle les deux ambulances de l’hôpital étaient à plus de 200 kilomètres, transportant des patients vers un autre établissement.

«C’est quelque chose avec lequel je pense que notre personnel et nos médecins sont toujours aux prises», a-t-elle constaté. 

La chef du NPD, Andrea Horwath, a indiqué qu’il était clair depuis «un certain temps» que les résidents du Nord n’ont pas un accès équitable aux soins de santé, y compris aux médecins et aux infirmières.

Pour résoudre le problème, elle a annoncé que son parti embaucherait et recruterait immédiatement 300 médecins dans le nord de l’Ontario, dont 100 spécialistes et 40 praticiens en santé mentale, et formerait davantage de médecins et de professionnels de la santé pour travailler dans le nord en augmentant le nombre de places et les possibilités de formation à l’EMNO.

Mais Mme Horwath a ajouté que la province doit également faire plus pour attirer les travailleurs de la santé — et leurs familles — dans le nord de l’Ontario en renforçant les offres dans des domaines allant l’éducation aux opportunités artistiques et récréatives.

«Nous devons nous assurer que les communautés du Nord sont des endroits où les médecins veulent amener leurs conjoints et leurs familles. S’assurer que ces communautés inciteront les gens à s’y établir fait également partie de notre engagement», a-t-elle dit lors d’une entrevue à Mississauga.

Le chef libéral Steven Del Duca a précisé que son parti augmenterait le nombre de places disponibles à l’EMNO et embaucherait 100 000 nouveaux travailleurs de la santé dans toute la province, y compris des médecins et des infirmières, sur six ans.

M. Del Duca a ajouté que quiconque souhaite poursuivre ses études universitaires en soins de santé et est prêt à exercer dans des communautés mal desservies, éloignées et rurales, y compris dans le Nord, n’aura pas à payer de frais de scolarité si son parti est élu.

«Nous allons vous faciliter la tâche si vous êtes prêt à aller travailler dans les communautés qui ont besoin d’aide», a-t-il annoncé samedi lors d’un arrêt de campagne dans l’ouest de Toronto.

«C’est un soutien très clair et ciblé qui ira au cœur du défi auquel nous sommes confrontés.»

Les progressistes-conservateurs, qui cherchent à se faire réélire, ont présenté un plan avant la campagne visant à investir 142 millions $ pour soutenir le remboursement des frais de scolarité des infirmières en échange de services dans les communautés mal desservies de l’Ontario et à former davantage de médecins, grâce à l’expansion des places en éducation médicale, avec 160 places de premier cycle et 295 postes de troisième cycle proposés au cours des cinq prochaines années.

Les conservateurs ont également affirmé qu’ils faciliteraient et accéléreraient la tâche des travailleurs de la santé titulaires d’un diplôme étranger pour commencer à pratiquer en Ontario en réduisant les obstacles à l’inscription et à la reconnaissance par les ordres de réglementation de la santé.

«(Le chef du parti) Doug Ford y parvient en ajoutant plus d’infirmières, de médecins et de préposés aux services de soutien à la personne, en dotant l’Ontario d’hôpitaux et de lits de soins de longue durée indispensables et en soutenant les personnes âgées afin qu’elles puissent recevoir des soins et rester dans le confort de leurs propres maisons plus longtemps», a précisé le parti dans un communiqué samedi.

Le Parti vert, quant à lui, a indiqué qu’il doublerait l’Initiative de recrutement et de maintien en poste pour le Nord et les régions rurales et l’Initiative de maintien en poste des médecins dans le nord pour recruter 230 médecins et spécialistes dans les communautés du Nord et élargir les rôles et la portée des infirmières praticiennes en tant que fournisseurs de soins de santé primaires.

Entre autres promesses, les Verts ont également spécifié qu’ils soutiendraient l’élargissement des options de soins virtuels pour les fournisseurs de soins primaires et amélioreraient la disponibilité des soutiens et des services en français et en langues autochtones.

Mme LeBeau a martelé que la communauté de Red Lake «continue d’être à risque» et qu’il est maintenant temps d’agir.

«Il faudra des solutions à plus long terme comme une augmentation du nombre de places dans les facultés de médecine, une augmentation des places en résidence ainsi qu’un soutien pour des solutions à plus court terme comme les médecins auxiliaires, qu’il s’agisse d’assistants médicaux ou d’infirmières praticiennes», a-t-elle ajouté.

«Nous n’avons pas le temps d’attendre que le système rattrape son retard et éduque suffisamment de médecins. Nous ne pouvons pas», a-t-elle conclu. 

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.