Fête du Canada: la hausse des coûts cause l’annulation de défilés

MONTRÉAL — Les célébrations de la fête du Canada sont de retour après deux ans de festivités réduites en raison de la pandémie de COVID-19, mais certains Canadiens qui espèrent assister à un défilé traditionnel pourraient ne pas en avoir l’occasion.

Plusieurs villes affirment que la hausse du coût de la sécurité et des assurances, en plus des problèmes d’obtention de financement, les oblige à revoir leurs célébrations.

À Montréal, il n’y aura pas de défilé de la fête du Canada pour une troisième année consécutive, et cette fois, la COVID-19 n’est qu’en partie responsable.

L’organisateur Nicholas Cowen dit que le coronavirus demeure une préoccupation majeure, mais qu’un autre facteur a été le fait que le ministère du Patrimoine a offert moins de financement à un moment où l’inflation est à son plus haut niveau depuis des décennies.

«Le défilé reçoit une subvention, c’est donc un peu comme recevoir un chèque du même montant chaque année, a-t-il écrit dans un courriel. Cette année, le financement devait revenir aux niveaux de 2015, mais aux prix de 2022.»

La directrice générale du défilé, Caroline Polcsak, a expliqué en entrevue que le prix des assurances a augmenté comme presque tout le reste, la hausse des coûts touchant jusqu’aux ingrédients du gros gâteau traditionnel servi au public. Elle a ajouté que les commanditaires sont difficiles à obtenir, car les défilés ne peuvent pas remettre de reçus à des fins fiscales.

«Pour le défilé, cela signifie moins d’argent, des prix plus élevés», a écrit M. Cowen.

Les célébrations de la fête du Canada à Montréal auront donc lieu dans le Vieux-Port, où les activités incluront du maquillage, des jeux, du gâteau et un concert.

Patrimoine canadien n’a pas répondu à une demande de commentaires, mardi.

Montréal n’est pas la seule ville où les organisateurs de la fête du Canada blâment la hausse du coût des assurances et de la sécurité pour les défilés annulés.

Dans le comté de Strathcona, en Alberta, la chambre de commerce de Sherwood Park and District a annoncé en mai que le défilé de la fête du Canada n’aurait pas lieu.

«Malheureusement, notre succès, associé aux nombreux incidents récents lors d’autres défilés au Canada et aux États-Unis, a considérablement accru les risques associés aux défilés et la responsabilité des organisateurs de l’événement», a écrit le directeur général Todd Banks dans un message.

M. Banks a ajouté que «les coûts de l’infrastructure physique, des assurances et des obligations de sécurité ont maintenant dépassé nos capacités compte tenu de toutes les exigences monétaires et bénévoles».

L’année dernière, six personnes ont été tuées et des dizaines d’autres ont été blessées après qu’un homme a apparemment délibérément conduit son VUS dans un défilé de Noël à Waukesha, dans le Wisconsin. Et à Toronto, en 2019, quatre personnes ont été blessées après que des coups de feu ont retenti lors d’un défilé célébrant la victoire des Raptors au championnat de la NBA.

La Vancouver Fraser Port Authority, qui avait annulé le défilé de la fête du Canada de cette ville en 2018 en raison de la hausse des prix, a annoncé cette année qu’elle n’organiserait pas de défilé ni ne présenterait de feux d’artifice, citant «l’augmentation des coûts pour la sécurité, et dans l’ensemble de l’industrie de l’événementiel» et ajoutant qu’elle se concentrerait plutôt sur d’autres événements.

Banff, en Alberta, a pris la décision de remplacer son défilé par une journée d’activités et de spectacles.

Sur son site internet, la ville mentionne plusieurs facteurs pour remplacer son défilé : une volonté de réduire les foules pendant la pandémie, l’avantage de pouvoir proposer aux artistes des plages horaires décalées, une réduction de l’utilisation des véhicules polluants et les problèmes de main-d’œuvre qui ont «affecté la capacité de la ville à déplacer toutes les barrières et jardinières pour un événement d’une heure».

L’année dernière, de nombreuses villes ont choisi d’annuler les événements de la fête du Canada après la découverte de sépultures anonymes sur les sites d’anciens pensionnats. Alors que la plupart des événements reprennent cette année, certaines villes, comme Winnipeg et Thunder Bay, ont choisi de célébrer la fête du Canada avec une programmation culturelle plutôt que des événements festifs comme des défilés et des feux d’artifice.

L’annulation du défilé de Montréal est survenue des mois après le décès de Roopnarine Singh, le médecin originaire de Trinidad qui avait organisé le premier défilé de la fête du Canada de la ville en 1978, avec seulement une poignée de véhicules après avoir été consterné qu’il n’y ait pas eu de célébration pour marquer l’anniversaire de son pays d’adoption.

Dans une entrevue en 2017, M. Singh a rappelé les années de lutte pour obtenir le financement de l’événement, devenant parfois une épine dans le pied des dirigeants politiques qui ne voulaient pas irriter la faction séparatiste de la province dans les années entourant les deux référendums.

M. Cowen a déclaré que M. Singh, décédé en mars, avait espéré être à Montréal cet été pour le défilé. Mme Polcsak a affirmé qu’il aurait sans aucun doute été «contrarié» de voir l’annulation de l’événement pour lequel il s’est battu si férocement.

Les deux organisateurs disent qu’ils travaillent fort pour obtenir le financement dont ils ont besoin pour ramener le défilé l’année prochaine.