Grève des ingénieurs de l’État: «on les forme; ils partent», déplore le syndicat

MONTRÉAL — La surveillance des chantiers, l’autorisation de lancer un chantier et la négociation des contrats avec les firmes de génie-conseil sont toutes affectées par la grève des ingénieurs de l’État, affirme le président du syndicat.

Ce sont 1800 ingénieurs membres de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec qui ont déclenché la grève, à 00h01 dans la nuit de jeudi à vendredi.

«C’est tout ça: c’est le début des chantiers; c’est la surveillance des chantiers; c’est négocier les contrats avec les firmes de génie-conseil pour surveiller les chantiers, pour l’assurance-qualité des travaux», a résumé Marc-André Martin, président du syndicat.

Environ 1200 des 1800 ingénieurs travaillent au ministère des Transports. Les autres sont principalement au ministère de l’Environnement, pour l’octroi d’autorisations environnementales, ainsi qu’à d’autres ministères.

Environ 300 d’entre eux dispenseront toutefois les services essentiels, comme les travaux d’urgence, pour assurer la santé et la sécurité de la population.

L’enjeu: la rémunération

La rémunération est au coeur du litige avec Québec. 

M. Martin précise qu’un ingénieur sur deux embauché par le gouvernement est un ingénieur junior, donc classé «stagiaire» par Québec.

Or, après la dernière augmentation versée pour l’année 2019-2020, un ingénieur classé stagiaire gagne 43 790 $ au premier échelon et jusqu’à 51 870 $ au sixième et dernier échelon.

«On les forme et, après quelques années, ils partent. On est la petite école. L’expertise, elle se dilapide de plus en plus», a déploré le président du syndicat.

Les ingénieurs grade 1 gagnent 53 656 $ au premier échelon, jusqu’à 95 859 $ au 14e et dernier échelon.

Le syndicat revendique un rattrapage salarial, en se comparant non pas aux ingénieurs du privé, mais aux ingénieurs des autres fonctions publiques: municipales et fédérale.

Il estime à 32 % le retard des ingénieurs pour ce qui est de la rémunération globale (qui inclut non seulement les salaires, mais le régime de retraite et d’autres conditions). Il affirme revendiquer un rattrapage de 14,7 %, en plus des augmentations de 2 % par année pendant trois ans qu’ont eues les autres employés de l’État.

«On a mis de l’eau dans notre vin», assure-t-il.

Dans ses offres, le gouvernement serait, selon lui, «encore assez près de ce qu’il a offert aux autres» employés de l’État.

Le Conseil du trésor a pourtant répondu jeudi avoir «déposé une offre significative» à ses ingénieurs de l’APIGQ. «Il s’agit d’une hausse de rémunération et de propositions, qui démontre tout le sérieux accordé par le gouvernement envers les ingénieurs», a affirmé le cabinet de la ministre Sonia LeBel.

Les négociations avec Québec ne sont pas rompues, mais «pour l’instant, il n’y a aucune rencontre à l’horaire», a précisé M. Martin. Mais «le téléphone est ouvert», s’empresse-t-il d’ajouter.