Jour 3 de la campagne électorale: la CAQ et le PLQ courtisent les aînés

QUÉBEC — Les aînés se sont fait courtiser, mardi matin, alors que la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault et le Parti libéral du Québec (PLQ) de Dominique Anglade se disputaient leur vote.

Fait cocasse: les deux partis ont choisi le même jour pour annoncer pratiquement la même chose, soit une bonification du soutien financier offert aux aînés.

S’ils sont élus le 3 octobre, les deux promettent d’offrir aux aînés de 70 ans et plus une allocation annuelle pouvant aller jusqu’à 2000 $.

Du côté du PLQ, la mesure viserait les personnes ayant un revenu inférieur à 50 000 $. Pour les plus riches, le montant serait régressif, diminuant progressivement.

À Québec pour la troisième journée de suite, où le parti n’a présentement aucun siège, la cheffe libérale, Dominique Anglade, a dit que la mesure, déjà annoncée par son parti en novembre dernier, visait à aider les personnes âgées moins fortunées à demeurer à la maison le plus longtemps possible.

Elle a accusé M. Legault de plagiat, d’avoir «copié» son idée.

De son côté, de passage en Beauce en matinée, le chef caquiste, François Legault, a dit vouloir faire passer le montant maximal prévu pour le soutien financier aux aînés de 411 $ à 2000 $ par année. L’allocation serait réservée à ceux ayant un revenu annuel inférieur à 24 195 $, soit au total plus d’un million de personnes âgées de 70 ans et plus. L’allocation serait aussi régressive, en fonction du revenu.

PQ: lutte aux GES

À Montréal, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, s’est plutôt intéressé à la lutte aux gaz à effet de serre, mardi. S’il forme le prochain gouvernement, il a promis d’investir jusqu’à 21 milliards $ dans ce projet, pour la décennie à venir.

Le PQ souhaite réduire d’ici 2030 les gaz à effet de serre (GES) en sol québécois de 45 % par rapport aux niveaux de 2010. Un gouvernement péquiste s’engagerait à investir 3 milliards $ par année. 

M. St-Pierre Plamondon a par ailleurs vivement dénoncé une caricature publiée le jour même dans le quotidien The Gazette et montrant une dame âgée et son chien, qui porte un drapeau canadien et urine sur une affiche représentant René Lévesque, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Il a dit qu’il ne laisserait personne souiller la mémoire de l’ancien premier ministre péquiste et l’option souverainiste.

QS: moins de TVQ

Comme l’avait promis plus tôt le PLQ, mais en allant un cran plus loin, Québec solidaire (QS) veut contrer l’inflation en éliminant temporairement la TVQ sur certains biens et services.

S’il prend le pouvoir, et tant que l’inflation ne sera pas plus modeste, autour de 3 %, le parti de gauche promet de suspendre la taxe de vente du Québec sur toute la nourriture, incluant les mets préparés et les repas pris au restaurant, de même que sur les médicaments en vente libre. 

La suspension toucherait aussi les vêtements, les produits d’hygiène corporelle ainsi que les services de réparation de biens comme les voitures, les vélos, le matériel informatique, les électroménagers et les réparations au domicile. 

Le parti estime que cette mesure coûtera 2 milliards $ la première année, mais ferait économiser 1100 $ par année à une famille moyenne.

Le porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a par ailleurs indiqué qu’un gouvernement solidaire verrait à mettre fin aux versements annuels au Fonds des générations, qui sert à amoindrir le poids de la dette pour les générations futures. Il s’agit donc d’une cagnotte annuelle, pouvant varier entre 3 et 5 milliards $, qui pourrait servir selon lui à d’autres fins, notamment le soutien aux aînés et la lutte aux changements climatiques.

PCQ: pas touche au Fonds des générations

L’approche préconisée par QS quant au Fonds des générations est l’exacte opposée de celle prônée par le Parti conservateur du Québec (PCQ) d’Éric Duhaime.

Mardi, à Trois-Rivières, il a annoncé son intention de baisser les impôts, s’il prend le pouvoir 

Il a reproché à François Legault de financer ses promesses de baisses d’impôt sur le dos des prochaines générations, ce qu’il juge inacceptable.

Le chef de la CAQ avait annoncé la veille qu’il voulait financer sa baisse promise du fardeau fiscal, en retranchant 39 % des sommes qui seraient normalement versées au Fonds des générations.

M. Duhaime a dit que M. Legault voulait «acheter des votes», en agissant ainsi, rappelant que le premier ministre sortant avait dit le 19 août qu’il ne toucherait pas à ce fonds

Avec un gouvernement conservateur, l’exemption de base passerait de 16 143 $ à 20 000 $. Les gens à faible revenu en bénéficieraient particulièrement.

Selon les calculs qu’il a exposés, un célibataire qui a un revenu de 80 000 $ par an épargnerait 2144 $ d’impôt et un couple avec deux enfants qui a deux revenus de 80 000 $ épargnerait 4289 $, par exemple.

Quant à savoir comment le PCQ comptait financer ses baisses d’impôt, il a cité comme sources de revenus: l’exploitation du pétrole et du gaz au Québec, la diminution des dépenses, la réduction de la taille de l’État et la réduction des subventions aux entreprises.

Legault défend sa gestion de la pandémie

Chauffé par les conservateurs en Beauce, François Legault s’est aussi employé mardi à défendre les mesures sanitaires mises en place durant la pandémie de COVID-19.

Le chef caquiste s’était déjà justifié devant des militants de Beauceville lundi soir, en disant qu’il était lui aussi pour la liberté, pour autant qu’elle soit «responsable». 

Mardi matin, s’entretenant à bâtons rompus avec des résidants du Manoir du Quartier, à Saint-Georges, il a dit comprendre que les mesures aient été difficiles pour certains.

Mais, elles ont permis de sauver des vies, a-t-il martelé plus tard en point de presse devant la résidence, où il promettait de bonifier le soutien aux aînés.  

«Ce n’était pas pour le plaisir de contrôler la population. Moi, je suis plutôt un gars qui est pour la liberté, mais c’était essentiel pour sauver des vies. C’est ce que je vais répéter», a déclaré M. Legault.

Sans le nommer, il a qualifié le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, dont la position contre les mesures sanitaires est bien connue, d’«irresponsable».

«Il y a certains leaders qui ont alimenté une certaine grogne, hein, qui ont dit: « On veut faire entrer la grogne à l’Assemblée nationale »», a-t-il déploré.

«Quand on est un leader, un chef de parti, je pense qu’on a une certaine responsabilité. On ne peut pas profiter d’une crise comme celle-là pour essayer de gagner des votes avec des positions qui sont irresponsables», a-t-il ajouté.