Le démantèlement du campement de personnes itinérantes à Westmount est reporté

MONTRÉAL — Les personnes en situation d’itinérance qui avaient trouvé refuge sous le viaduc de l’autoroute Ville-Marie, à Westmount, pourront y rester encore un moment.

L’opération de démantèlement du campement, prévue pour jeudi matin, a été repoussée à une date ultérieure par le ministère des Transports du Québec (MTQ), qui a autorité sur le terrain. 

Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ, a déclaré en entrevue téléphonique que l’opération avait été reportée dans le but de «faciliter la relocalisation des personnes qui y vivent et trouver des alternatives qui vont répondre à leurs besoins». Selon nos informations, environ 25 individus répartis dans une douzaine de tentes sont installés sur les lieux.

«On continue le dialogue et on a impliqué le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), car le MTQ n’a pas les compétences pour intervenir auprès de ces personnes, a-t-elle ajouté. On travaille en collaboration avec la Ville de Montréal, la police et différents organismes communautaires pour encadrer la situation.»

La nouvelle date d’éviction reste inconnue pour le moment.

Des enjeux de sécurité

Afin de justifier l’avis d’éviction collé sur l’une des colonnes de béton du viaduc, le MTQ a affirmé que le campement était situé dans une zone de chantier qui n’est «pas propice à l’habitation».

«Sa localisation ne permet pas à l’entrepreneur de faire les travaux de façon sécuritaire, autant pour les employés que pour les habitants du campement», a indiqué Mme Bensadoun.

David Chapman, directeur exécutif de l’organisme Résilience Montréal, estime que les efforts du MTQ pour encadrer les habitants du campement sont insuffisants, et que l’avis d’éviction déposé était trop draconien. 

«C’est très important que la Ville prenne le temps d’écouter attentivement les gens qui sont installés ici; de prendre le temps de créer des liens avec eux, de comprendre leurs besoins et d’arriver à des solutions réalistes», a-t-il expliqué en entrevue.

En plus des enjeux de localisation, de nombreuses plaintes ont été déposées par des locataires résidant tout près du campement, ce qui n’aide pas à atténuer les tensions. Selon M. Chapman, les résidants font des plaintes de bruit et affirment avoir peur pour leur sécurité.

«Je comprends leur point, mais quelqu’un qui vit dans une maison est clairement plus en sécurité que quelqu’un qui vit dans une simple tente, a souligné le directeur. C’est comme si un cycliste et un camion circulaient sur la voie, et que le chauffeur du camion avait peur de se faire percuter par la personne à vélo.»

S’il admet que les craintes des résidants sont valides, il soutient que la plupart des personnes habitant le campement sont calmes et ne veulent pas déranger.

«Ce sont des gens qui ont besoin d’espace, et ils n’ont pas toujours accès aux refuges. Les gens qui ont des animaux, qui sont intoxiqués ou qui veulent rester avec leur partenaire ne sont pas admis dans ce genre de ressources», a-t-il précisé.

Jessica (nom fictif), qui occupe le campement avec son partenaire depuis maintenant cinq ans, a mentionné avoir trouvé une certaine stabilité au sein de cette communauté.

«On est bien; on a un matelas, on a plusieurs sacs de couchage et on se colle la nuit pour garder la chaleur. On aimerait avoir accès à des vraies toilettes, mais les refuges ne veulent pas nous prendre ensemble», a-t-elle raconté en entrevue.

La femme d’une quarantaine d’années a confié vouloir s’installer à Verdun, où habitent déjà plusieurs de ses amis. «La première chose que je ferais dans mon nouvel appartement, c’est dormir et relaxer», a-t-elle ajouté en souriant.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait déclaré mercredi en mêlée de presse que les campements n’étaient «pas une solution», pressant le gouvernement provincial de mettre en place des ressources durables afin d’éviter ce genre de situation chaque hiver.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.