Le gouvernement du Québec veut aider Medicago à remplacer un actionnaire encombrant

MONTRÉAL — Le gouvernement du Québec veut aider Medicago à remplacer un actionnaire encombrant qui l’empêche de vendre ses vaccins à l’international.

En mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rejeté le vaccin de la biopharmaceutique de Québec contre la COVID-19, qui utilise des plantes dans son procédé de fabrication. La raison du refus est la présence du cigarettier Philip Morris à titre d’actionnaire minoritaire de la société, une décision liée à une politique de l’agence onusienne adoptée en 2005. 

Québec veut aider l’entreprise à remplacer l’actionnaire minoritaire, dit le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en marge d’une annonce économique à Montréal, lundi. «Medicago, c’est une belle entreprise québécoise. Ils ont plusieurs plans de développement structurants. Alors, moi, je veux voir Medicago être commis au Québec comme ils le sont. Si pour arriver à ça, on peut faciliter le rachat des actions de Philip Morris, nous allons le faire.»

Le vaccin Covifenz de la société Medicago a été homologué par Santé Canada en février pour les adultes de 18 à 64 ans. Il est le seul vaccin contre la COVID-19 fabriqué au Canada. En décembre, l’entreprise affirmait que son vaccin à deux doses était efficace à 71 % pour prévenir les infections à la COVID-19, selon une vaste étude qui comprenait plusieurs variants, dont le Delta. Les résultats de la société n’incluent pas le variant émergent Omicron, qui ne circulait pas pendant la période d’étude.

Le gouvernement fédéral a signé un contrat pour acheter jusqu’à 76 millions de doses du Covifenz. Le Canada avait prévu de faire don de toute dose excédentaire de vaccin aux pays à faible revenu par l’intermédiaire de l’alliance de partage de vaccins COVAX. Puisque l’OMS a refusé la demande de Medicago, le Canada ne pourra pas donner des doses de Covifenz.

Des négociations en cours

M. Fitzgibbon a eu des échanges avec les dirigeants de Mitsubishi Tanabe Pharma afin de dénouer l’impasse, mais l’entreprise japonaise doit d’abord négocier elle-même le rachat de la participation de Philip Morris, ajoute-t-il. «Ça va être plus à Mitsubishi de racheter son partenaire américain, Philipp Morris. C’est n’est pas à nous de faire ça. J’ai offert que le gouvernement puisse participer.»

Mitsubishi est actionnaire à 79 % de Medicago. Philip Morris possède la balance des parts, soit 21 %.

Mistubishi fait des démarches auprès du gouvernement Legault afin d’obtenir une aide. L’entreprise demande un accompagnement afin que les vaccins de Medicago «reçoivent un accueil favorable de la part de l’OMS et puissent être commercialisés à grande échelle», selon une inscription récente au Registre des lobbyistes du Québec. «La nature, la forme et le montant du financement sont inconnus », précise l’entreprise dans le registre.

Questionné sur le sujet, M. Fitzgibbon répond ne pas être en mesure de dire qu’elle pourrait être l’ampleur du soutien financier gouvernemental. «Je ne connais pas la réponse parce que Medicago a des projets ambitieux de développement de leurs opérations. Il y a possiblement d’autres projets qu’ils veulent faire.»

Medicago est en train de finaliser son plan d’affaires qui sera présenté à Mitsubishi, ajoute le ministre. Le gouvernement provincial pourrait fournir une aide pour le rachat de la participation de Philip Morris ou pour les projets «possibles» d’expansion. Les détails doivent encore être déterminés. «Quand ça sera fait [la présentation du plan de Medicago à Mitsubishi], nous on va s’asseoir avec Mitsubishi et on va dire ce qu’on est prêt à faire.»