Le ministre des Anciens Combattants demeure inébranlable face à la grogne

OTTAWA — Le ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, demeure inébranlable face à la grogne provoquée par le traitement réservé aux vétérans malades et blessés par le gouvernement libéral — et même à un appel à sa démission.

Dans une entrevue exclusive à La Presse Canadienne, M. MacAulay plaide qu’après des années de plaintes et de critiques, Ottawa réalise des progrès sur plusieurs fronts lorsqu’il s’agit de fournir un soutien plus adéquat et plus rapide aux vétérans qui ont besoin d’aide.

Il évoque notamment l’embauche de centaines de fonctionnaires temporaires et l’octroi d’un nouveau contrat de 570 millions $ à une entreprise externe pour fournir des services de réadaptation aux anciens combattants un peu partout au pays.

Mais ce contrat a suscité la colère du Syndicat des employés des Anciens Combattants, qui a récemment demandé au premier ministre Justin Trudeau de démettre M. MacAulay de ses fonctions.

De nombreux anciens combattants et leurs défenseurs dénoncent également le gouvernement pour les longs délais et les arriérés de traitement des demandes, et pour les pénuries de personnel au ministère.

D’autres remettent aussi en question l’influence de M. MacAulay au conseil des ministres et l’intérêt réel du gouvernement libéral pour les anciens combattants.

M. MacAulay indique qu’il n’a pas l’intention de démissionner et que le gouvernement continuera de travailler pour s’assurer que les anciens combattants obtiennent le soutien et les prestations dont ils ont besoin. «Mon travail, c’est de faire mon travail, et c’est ce que je vais faire et continuer à faire», a-t-il dit cette semaine.

Le ministre des Anciens Combattants représentera le gouvernement lors de la cérémonie du jour du Souvenir, vendredi à Ottawa, alors que le premier ministre Justin Trudeau s’envole pour un sommet international au Cambodge.

Des promesses non tenues

Le gouvernement libéral est critiqué depuis des années pour ne pas avoir tenu ses promesses envers les anciens combattants malades et blessés. On lui reproche notamment son incapacité à rétablir une pension d’invalidité à vie qui est accordée aux vétérans qui ont fait la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée, mais pas à ceux qui ont été déployés en Afghanistan.

Plus récemment, d’anciens combattants se sont plaints des retards continus dans le traitement des demandes d’invalidité, d’une pénurie constante de fonctionnaires pour traiter les dossiers de ceux qui ont besoin d’une aide supplémentaire, et d’un soutien insuffisant pour les familles et les aidants naturels.

M. MacAulay a déjà reconnu que le gouvernement devait en faire plus et il l’a répété cette semaine. Mais du même souffle, il cite plusieurs chiffres comme preuve que la situation s’améliore. Il évoque notamment une réduction des temps d’attente pour certains types de demandes d’invalidité et l’embauche au ministère de centaines de fonctionnaires supplémentaires ⁠— principalement des temporaires.

Le ministre blâme également des facteurs externes pour certains des problèmes persistants au ministère, notamment une augmentation des demandes de prestations d’invalidité et de fortes réductions de personnel sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper il y a une dizaine d’années. 

Entre-temps, il a défendu le contrat avec l’entrepreneur Partenaires des services de réadaptation aux vétérans canadiens, qui est entré en vigueur ce mois-ci malgré une opposition farouche et les cris d’alarme du Syndicat des employés des Anciens Combattants.

Le gouvernement affirme que ce contrat allégera la tâche des fonctionnaires surchargés tout en garantissant aux anciens combattants l’accès à un réseau national de 9000 psychologues, physiothérapeutes, travailleurs sociaux et autres professionnels à travers tout le pays.

Mais le syndicat allègue que ce contrat aura l’effet inverse, en ajoutant une autre couche de bureaucratie avec laquelle les anciens combattants devront composer, tout en modifiant radicalement le rôle des gestionnaires de cas.

Le syndicat a également fustigé la dépendance continue du ministère à l’égard du personnel temporaire pour résoudre ses problèmes. Cette question a également été soulevée par la vérificatrice générale Karen Hogan, qui réclame un plan de dotation et de financement à long terme à ce ministère.