Le pape François bénit l’eau du lac Ste. Anne à son arrivée au lieu de pèlerinage

LAC STE. ANNE, Alb. — Le pape François est arrivé sur le lieu de pèlerinage du lac Ste. Anne, à l’ouest d’Edmonton, en Alberta, mardi en début de soirée. Il a commencé son homélie en disant bonjour dans trois langues autochtones : en cri, en pied-noir et en nakota.

Plusieurs personnes dans l’église l’ont applaudi à la suite de ses salutations. Le pape François a dit à la foule que nous sommes tous des pèlerins en voyage. 

Le pape a salué des centaines de personnes alors qu’il était poussé dans un fauteuil roulant le long d’un chemin sur les rives du lac Sainte-Anne.

Selon les organisateurs de l’événement, il a suivi les traces de ceux qui ont fait le pèlerinage annuel sur ce site auquel on attribue des pouvoirs de guérison.

Le Saint-Père a procédé à une bénédiction du lac, puis s’est assis en silence en regardant l’eau. Il a ensuite passé plusieurs minutes à arroser les gens alignés en rang sur le lieu de pèlerinage annuel avec l’eau du lac Ste. Anne qu’il avait bénie. 

Le souverain pontife a utilisé un outil en bois traditionnel avec une brosse au bout et l’a plongé dans un bol d’eau alors qu’il était poussé dans un fauteuil roulant.

Beaucoup dans la foule ont tendu la main par-dessus une clôture alors qu’il lançait de l’eau bénite dans leur direction.

Vers 21h, le pape François a quitté le lieu de pèlerinage du lac Ste. Anne en Alberta.

Messe au stade du Commonwealth

Plus tôt mardi matin, il avait livré un sermon sur le thème de l’enfance et de la famille au cours d’une messe, devant des milliers de personnes rassemblées au stade du Commonwealth à Edmonton.

Le chef de l’Église catholique a notamment parlé de l’importance des parents et des grands-parents dans la vie des enfants, et de la responsabilité pour ces enfants d’à leur tour assumer leur rôle de parent le temps venu.

«Dans le brouillard d’oubli qui assombrit notre époque mouvementée, il est essentiel de cultiver nos racines, de prier pour et avec nos ancêtres, de consacrer du temps à se souvenir et à préserver leur héritage», a souligné le pape François.

«C’est ainsi que grandit un arbre généalogique, c’est ainsi que se construit l’avenir.»

Le thème de la famille était tout désigné en ce jour de la fête de sainte Anne, grand-mère de Jésus. Il s’agit d’une journée particulièrement importante pour les catholiques autochtones.

D’ailleurs, à son arrivée au domicile des Elks d’Edmonton, de la Ligue canadienne de football, le pape a offert sa bénédiction à des bébés et jeunes enfants qui lui tendaient la main.

À bord de sa papemobile, le pape a lentement fait le tour du parterre du stade, pendant que des milliers de personnes prenaient place dans les gradins.

Comme il l’avait fait la veille, à l’occasion de la présentation des excuses officielles de l’Église aux Premières Nations pour le rôle qu’elle a joué dans les pensionnats autochtones, le pape s’est exprimé en espagnol. Un prêtre traduisait ensuite ses propos en anglais.

Pam Kootnay, de la nation crie d’Enoch, non loin d’Edmonton, a effectué la première lecture du service. Des membres des Premières Nations ont d’ailleurs participé de différentes manières tout au long de la messe.

Environ 65 000 billets gratuits étaient disponibles pour l’événement, mais de nombreux sièges n’ont pas trouvé preneur, surtout dans les tribunes supérieures.

Une équipe de 460 prêtres et 56 diacres a également distribué la sainte communion à divers emplacements dans le stade. Les organisateurs espéraient compléter l’opération en une dizaine de minutes.

Plus tard dans la journée, le Saint-Père se rendra à Lac-Sainte-Anne, au nord-ouest d’Edmonton, pour participer au pèlerinage annuel de la communauté, qui accueille régulièrement des dizaines de milliers de participants autochtones.

La messe du pape survenait au lendemain de la présentation des excuses officielles de l’Église aux Premières Nations. On estime que 150 000 enfants autochtones ont été contraints de fréquenter les pensionnats, où la négligence et les abus physiques et sexuels étaient fréquents. Plus de 60 % de ces écoles étaient gérées par l’Église catholique.

Cette journée a été particulièrement difficile pour Patty Crofton, de la première nation de Sagkeeng, au Manitoba, qui a tout de même choisi de se présenter au stade du Commonwealth mardi.

Elle a raconté avant le début de la messe que les excuses lui ont fait revivre de mauvais souvenirs, puisque ses parents ont fréquenté des pensionnats.

«Je suis tout de seule dans mon cheminement vers la guérison», a-t-elle dit.

Mme Crofton n’a pas tout à fait accepté les excuses du pape, surtout parce qu’elle ne l’a pas senti sincère. Elle a surtout dénoncé le fait que le discours du pape a été soigneusement préparé.

Toutefois, elle estime que c’est à chaque personne de décider pour elle-même si le discours du pape était suffisant.

«Il faut parler de ce qui s’est passé aux prochaines générations pour s’assurer que cela ne se reproduise plus jamais», a mentionné Mme Crofton.

Mercredi, le pape s’envolera vers Québec, où il poursuivra son «pèlerinage pénitentiel». Il visitera aussi Iqaluit vendredi après-midi, avant de reprendre le chemin du Vatican.