Le Québec demeure la province la plus affectée, et de loin, par la variole simienne

Le Canada dénombre présentement 112 cas confirmés de variole simienne, dont l’écrasante majorité, soit 98, se trouvent au Québec.

L’administratrice en chef de la santé publique du Canada et son adjoint, les docteurs Theresa Tam et Howard Njoo, ont fait le point sur l’éclosion de ce virus, vendredi à Ottawa.

Dans tous les cas il s’agit d’hommes âgés de 20 à 63 ans et la majorité de ceux-ci ont eu des relations sexuelles avec d’autres hommes. La docteure Tam a toutefois rappelé que «le virus peut se transmettre à n’importe qui à la suite d’un contact étroit avec une personne infectée».

L’augmentation du nombre de cas en une semaine au Québec a toutefois été beaucoup moins forte que durant les deux semaines précédentes, mais le docteur Njoo n’a pas voulu pour autant s’aventurer à dire que l’on a réussi à freiner la propagation.

«Honnêtement, il est trop tôt pour tirer des conclusions. (…) On verra dans les jours et les semaines à venir quelle est l’évolution de la courbe épidémique au Québec, mais aussi à travers le pays.

«On espère qu’avec la stratégie de continuer de suivre les contacts et l’offre de vaccins dans les endroits où il y a des événements à haut risque, ça va avoir un impact sur la courbe épidémique», a déclaré le médecin.

Vaccination massive: ni nécessaire, ni possible

Les autres cas recensés sont au nombre de neuf en Ontario, quatre en Alberta et un en Colombie-Britannique. Le laboratoire national de microbiologie se penche par ailleurs sur d’autres cas suspects.

«Nous nous préparons à la confirmation d’autres cas dans les jours et les semaines à venir», a prévenu le docteur Njoo.

La santé publique nationale estime toutefois qu’aucune campagne de vaccination massive n’est requise à ce moment-ci. Les nouvelles recommandations entourant l’administration du vaccin IMVAMUNE suggèrent l’administration d’une dose unique seulement aux personnes à risque élevé d’exposition au virus et à celles qui se trouvent dans des milieux où le risque de transmission est élevé.

Une campagne nationale de vaccination serait impensable de toute façon puisqu’il n’y a pas suffisamment de vaccins, a par ailleurs reconnu Howard Njoo.

«Le gouvernement du Canada est encore en train de travailler avec les fabricants pour se procurer d’autres vaccins (…) mais il faut aussi toujours garder à l’esprit la possibilité d’un événement biologique avec la variole», a-t-il expliqué, laissant entendre que le Canada ne peut se mettre d’être complètement à découvert si jamais une éclosion de variole «traditionnelle» survenait.

«On n’a pas une quantité illimitée de vaccins, mais si on les utilise avec une bonne approche stratégique, avec prudence pour refroidir l’éclosion si c’est possible, parce que c’est peut-être seulement le début, on a de meilleures chances d’éviter l’établissement de la variole simienne ici au Canada», a-t-il ajouté. 

Les deux médecins ont par ailleurs indiqué que les cas canadiens sont tous reliés à l’éclosion internationale qui affecte d’autres pays à travers le monde présentement.

COVID-19: «On a dépassé la sixième vague»

Les docteurs Tam et Njoo ont aussi fait le point sur la situation de la COVID, abordant plus spécifiquement la question de la vaccination.

«En général, on peut dire que maintenant on a dépassé la dernière vague, la sixième vague, à travers le pays et normalement, durant l’été, l’activité du virus diminue comparativement à l’hiver si on se fie au passé. Mais c’est toujours important de continuer à surveiller parce qu’on ne sait pas ce qui va se passer à l’automne et en hiver quand les gens recommenceront à se rassembler à l’intérieur», a fait valoir Howard Njoo.

Theresa Tam, pour sa part, dit envisager une nouvelle campagne de sensibilisation à l’automne pour inviter les gens à aller chercher une troisième dose. «Deux doses ne suffisent pas pour procurer une protection contre l’infection par (le variant) Omicron parce que l’immunité décline avec le temps et certainement après six mois. Il faut donc une troisième dose pour ramener l’immunité à un niveau plus élevé», a-t-elle dit.

Les données recueillies par de nombreuses études sur le sujet lui donnent raison. Ainsi, elle a expliqué qu’après six mois, la protection offerte par deux doses contre l’infection par Omicron tombe à moins de 20 %. Par contre, la protection contre les conséquences graves d’une infection demeure forte, entre 65 % et 85 %, selon les études, les populations étudiées et ainsi de suite.

L’ajout d’une troisième dose, par contre, offre une protection de 50 % à 60 % contre l’infection, bien que les études dans leur ensemble présentent une fourchette beaucoup plus large (40 % à 80 %). Par contre, la protection contre les conséquences graves est très robuste, à 90 %, avec une troisième dose.

Theresa Tam a toutefois averti que, là aussi, la protection ne sera pas éternelle.

«Ça va décliner avec le temps, mais on n’a pas encore assez de données pour le mesurer, a-t-elle dit. Ça pourrait non seulement diminuer avec le temps, mais un variant pourrait aussi venir changer la donne et réduire la protection. Ce n’est jamais un chiffre statique.»