Le Québec devrait tendre «idéalement» vers 100 000 immigrants par an, selon le CPQ

QUÉBEC — Le Québec devrait viser à accueillir 100 000 immigrants par année, réclame le Conseil du patronat (CPQ) dans un Livre blanc sur l’immigration rendu public lundi. 

C’est pratiquement deux fois le seuil annuel actuel fixé par le gouvernement Legault, en fonction de ce qu’on appelle la capacité d’intégration du Québec. 

«Le gouvernement n’a jamais démontré de quelle source il tire sa conclusion que notre capacité d’immigration se limiterait à 50 000 immigrants par année ni sur quels critères il se base pour établir ce seuil», peut-on lire dans le document. La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) demandait d’ailleurs la semaine dernière une définition claire de la «capacité d’accueil».

Aussi, le CPQ juge que la connaissance du français exigée par le gouvernement est trop élevée et «pas nécessaire pour la plupart des postes». 

En outre, l’organisme critique constamment le partage des compétences en immigration entre Québec et Ottawa en raison des retards que cela entraîne dans le traitement des demandes.

Le CPQ reproche également au gouvernement Legault d’avoir suspendu son programme d’immigrants investisseurs (PII) et d’avoir resserré les critères d’un de ses programmes d’immigration populaire, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).  

Il y a un peu plus d’une semaine, le Conseil du patronat, au côté d’autres organismes patronaux, avait plutôt recommandé le seuil de 80 000 nouveaux arrivants par année, pour atténuer la rareté de la main-d’oeuvre.

Maintenir le poids démographique 

Le CPQ estime maintenant que le Québec devrait «atteindre au moins 80 000 immigrants, et idéalement tendre vers 100 000 personnes», peut-on lire dans le Livre blanc.

L’organisation patronale argue qu’elle hausse sa cible «afin de maintenir notre poids démographique (du Québec) dans la fédération canadienne», puisque le fédéral vise à accueillir plus de nouveaux arrivants partout au pays. 

Selon des données récentes, il y aurait pas moins de 240 000 postes à combler partout au Québec. Entre 2017 et 2026, 1,42 million de postes seront à pourvoir, a évalué Emploi-Québec, il faudrait 314 000 immigrants pour résorber une partie de ces besoins, estime le CPQ. 

«Les employeurs jugent que le système d’immigration, dans sa forme actuelle, ne répond pas aux besoins du marché du travail», tranche le CPQ.

Malgré tous les efforts actuels mis en place par le gouvernement pour combler les emplois, près du quart des postes vacants actuels ne pourront être pourvus, ce qui représente 300 000 emplois au cours des cinq prochaines années, calcule le CPQ.

L’immigration est «à la fois incontournable et pleinement nécessaire», plaide l’organisme patronal.

18 milliards $

Le CPQ évoque notamment certaines données selon lesquelles les entreprises avaient subi des pertes de revenus potentiels estimées à 18 milliards $ au cours des deux dernières années, parce qu’elles avaient dû refuser des contrats, etc.

Le CPQ propose une série de mesures pour alléger les procédures et faciliter l’admission des personnes immigrantes. 

Rappelons que le gouvernement Legault s’attend à recevoir 70 000 immigrants en 2022, soit 20 000 au-dessus de son seuil, et cela dans le but de rattraper le retard accumulé dans les admissions durant la pandémie en raison de la fermeture des frontières.

Récemment, Radio-Canada a calculé que dans les faits, le Québec allait accueillir au bas mot 100 000 immigrants, toutes catégories confondues: 70 000 immigrants réguliers; une trentaine de milliers de travailleurs étrangers temporaires; et au moins 8000 personnes interceptées jusqu’à maintenant après être passées par le chemin Roxham, en Montérégie, à la frontière entre le Canada et les États-Unis.

FCCQ 

La semaine dernière, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), qui avait fait front avec le CPQ et d’autres organisations patronales afin d’exiger la hausse du seuil d’immigration, avait demandé de mettre fin à la «guerre de chiffres».

La FCCQ réclamait un forum pour définir la capacité d’accueil de chacune des régions avec des critères objectifs, en fonction de l’accès aux services publics, comme la francisation, des places en CPE, des médecins de famille, des infrastructures de loisirs, des transports publics, etc.

Après la sortie des associations patronales, le Parti québécois avait remis en question leur revendication sur la hausse des seuils et avait appelé à un «débat objectif et serein», fondé sur des «données scientifiques» et sans idéologie.

Malgré les hausses constantes du nombre d’immigrants admis au Québec durant les 30 dernières années, la demande en travailleurs ne s’est pourtant pas résorbée, a argué le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.