Les aînés en perte d’autonomie n’auront pas les soins requis, prévient la VG

QUÉBEC — S’il ne change pas d’approche, le Québec ne pourra pas répondre aux besoins des aînés en perte d’autonomie, prévient la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.

Dans son rapport annuel 2021-2022, déposé mercredi à l’Assemblée nationale, Mme Leclerc trace un portrait du vieillissement de la population qui est loin d’être réjouissant.

Son constat est implacable: si rien ne change, l’offre de services publics d’hébergement aux personnes en lourde perte d’autonomie ne pourra tout simplement pas répondre à la demande. Certains aînés vulnérables risquent donc de se retrouver bredouilles, faute de planification gouvernementale adéquate et des investissements requis.

L’augmentation anticipée du nombre d’aînés, combinée à la prolongation de l’espérance de vie, fera en sorte d’augmenter sensiblement la pression pour davantage de soins de longue durée, à domicile ou en hébergement public, dans les années qui viennent.

Or, le ministère de la Santé n’a pas fait les projections nécessaires, conclut la vérificatrice dans son rapport. Pendant 15 ans, il s’est abstenu de planifier la demande à venir et n’a pas tenu compte qu’un nombre accru d’aînés souffrirait de troubles neurocognitifs majeurs. 

Le ministère «n’a pas défini comment il réorganiserait et financerait les soins de longue durée», peut-on lire dans le rapport. 

Le gouvernement ne tient apparemment pas compte du fait que le Québec est un des endroits au monde où la population vieillit le plus rapidement, une tendance en hausse constante.

«Si l’offre de services n’est pas bonifiée, les aînés en grande perte d’autonomie n’auront pas tous accès à des soins de longue durée publics dans les prochaines années», s’inquiète Mme Leclerc.

Au Québec, la proportion d’aînés de 70 ans et plus passera de 13,6 % en 2020 à 20,8 % en 2040. On prévoit que le nombre de personnes âgées souffrant de démence va presque doubler de 2015 à 2035.  

Dans ce contexte, le gouvernement devrait réévaluer constamment les besoins et planifier les actions à entreprendre pour s’assurer d’une adéquation entre l’offre et la demande de soins et de services, recommande la vérificatrice.

Le ministère «est conscient que la demande d’hébergement de longue durée ne cesse d’augmenter. Pourtant, pendant près de 15 ans, il n’a pas réalisé de projections de cette demande», déplore-t-elle.

La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a réagi par voie de communiqué pour dire que la gouvernement prenait l’engagement de «prendre les mesures nécessaires» pour répondre aux recommandations de la vérificatrice. 

Le réseau de la FADOQ a réagi pour dénoncer «le laxisme et l’inaction» du gouvernement actuel et des précédents. Ce rapport «vient illustrer l’ampleur du défi auquel le Québec est confronté. Il y a urgence de corriger la situation», a commenté la présidente du réseau, Gisèle Tassé-Goodman.

De son côté, l’Association québécoise de défense des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) a accueilli le rapport de la vérificatrice «avec une grande inquiétude».