Les centres d’éducation populaire de Montréal demandent un financement à long terme

MONTRÉAL — Les membres des six centres d’éducation populaire (CEP) montréalais se sont rassemblés, vendredi matin, devant les bureaux du ministère de l’Éducation à Montréal pour revendiquer «un financement pérenne» leur permettant de payer leur loyer et d’assurer la continuité de leurs activités.

Bien que le ministère ait accepté de couvrir l’entièreté de leurs frais de loyer pour l’année financière 2022-2023 dans une annonce officialisée jeudi, les centres exigent l’instauration d’un programme de subventions à long terme pour lutter contre l’insécurité liée à leur survie.

«Ça regroupe les six CEP, mais ça touche particulièrement le [Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga-Maisonneuve] (…), qui en plus ont reçu une menace d’éviction. On veut être capables de rester dans nos locaux et de le prévoir. On veut un rattrapage financier et un traitement équitable», a expliqué en entrevue Xavier-Philippe Beauchamp, coordonnateur au Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles.

Ce financement s’élèverait à «quelques centaines de milliers de dollars», et varie d’un centre à l’autre selon les services offerts.

«Ça représente des sommes immenses pour des organismes communautaires comme les nôtres, mais ce n’est vraiment pas la mer à boire pour le ministère de l’Éducation», a-t-il précisé.

Les CEP revendiquent aussi une rencontre avec le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui ne s’est toujours pas produite malgré des demandes répétées depuis son élection, en octobre. 

«Année après année, ils nous trouvent des fonds de tiroir, ils nous donnent un peu d’argent. (…) Ça nous permet de couvrir l’année financière qui vient de terminer, mais ça nous laisse dans le sentiment d’insécurité de ne pas savoir si, l’an prochain, il va y avoir quelque chose», a souligné le coordonnateur, ajoutant que les CEP avaient toutefois rencontré «quelques fois» l’attachée politique de M. Drainville.

Un «petit supplément» insuffisant

Jeudi, les six centres d’éducation populaire de Montréal avaient annoncé qu’ils cesseraient de payer les frais de loyer imposés par le Centre de services scolaire de Montréal (CSSSDM) en raison d’un manque de fonds pour soutenir leurs activités.

Selon Xavier-Philippe Beauchamp, le ministère de l’Éducation aurait alors contacté «en urgence» les CEP pour leur octroyer «un petit supplément d’argent».

«Malheureusement, ce supplément couvre l’année financière 2022-2023, qui finit demain. On est contents, ça nous permet de rembourser les fonds d’urgence qu’on a utilisés pour payer notre loyer, mais ça ne nous permet pas du tout de prévoir avec quel argent on va payer notre loyer à l’avenir», a-t-il ajouté.

Contacté par courriel, le cabinet du ministre Drainville a assuré fournir un «financement récurrent» aux six centres, et que chaque CEP avait reçu une «bonification» de l’aide financière pour 2022-2023 dans le cadre du Programme d’action communautaire sur le terrain de l’éducation (PACTE). Cette bonification varie entre 57 932 $ et 76 041 $ annuellement jusqu’en 2024-2025.

«En plus du 617 789 $ octroyé en juin 2022 pour couvrir leurs frais de loyer, le ministre de l’Éducation leur a annoncé une bonification de 519 058 $ du financement 2022-2023 afin de couvrir l’entièreté de leurs frais de loyer pour l’année qui se termine», a indiqué son attachée de presse par voie électronique.

Une situation similaire s’était produite, le 30 juin, lors de l’annonce d’une précédente grève de loyer par les six centres montréalais. Le ministère avait accordé un soutien financier aux organismes, qui avaient alors consenti à payer les frais.

«Malheureusement, il n’existe pas de programme pour financer les centres d’éducation populaire à la hauteur de leurs besoins au ministère de l’Éducation. (…) Neuf ans pour créer une case, il y a quelque chose qui ne marche pas», a déclaré en entrevue la députée solidaire dans Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé.

Soutenir la communauté montréalaise

Les six CEP de Montréal offrent aux adultes des services familiaux, sociaux, culturels et économiques variés qui leur permettent de socialiser, de tisser des liens et d’acquérir connaissances et habiletés. Certains centres organisent, entre autres, des classes d’art, des cours d’initiation en informatique ou encore des activités de francisation pour les nouveaux arrivants.

«L’éducation c’est un droit, mais c’est un droit pour toute la vie. Certains ont besoin des centres d’éducation populaire pour les soutenir au niveau de l’alphabétisation, du logement et de la crise alimentaire actuelle», a indiqué Mme Massé.

Diane Landriault, qui fréquente les Ateliers populaires du Plateau, a souligné dans une allocution l’importance du maintien de ces centres et le rôle qu’ils jouent au sein des milieux communautaires.

«J’ai trouvé là des amis avec qui communiquer. J’ai brisé ma solitude, j’ai adopté une attitude positive et j’ai repris le goût de me lever le matin pour retrouver ma deuxième famille. Non, monsieur le ministre, je vous en prie: ne fermez pas les ateliers d’art», a-t-elle déclaré devant la foule.

La coalition des six centres montréalais regroupe les Ateliers d’éducation populaire du Plateau (AEPP), le Comité d’éducation aux adultes (CEDA) de la Petite-Bourgogne et de Saint-Henri, le Carrefour d’éducation populaire de Pointe Saint-Charles, le Centre éducatif communautaire René-Goupil (CECRG), le Comité social Centre-Sud (CSCS) ainsi que le Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga Maisonneuve (PEC).

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.