Les étudiants continuent de bouder la médecine familiale, déplore la FMOQ

MONTRÉAL — La médecine familiale continue d’être boudée par les étudiants, déplore la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) qui lance un appel à l’action afin de rendre cette spécialité plus attractive.

Au terme du premier tour de sélection des futurs médecins par le service canadien de jumelage des résidents (acronyme anglais CARMS), il reste 99 places non comblées pour des résidents en médecine familiale dans les facultés québécoises. 

Cette plateforme sert à jumeler les étudiants et les facultés de médecine en fonction des choix de spécialités exprimés par les futurs résidents. À titre comparatif, seulement 12 postes de résidents en médecine spécialisée demeurent vacants après le premier tour.

Pour la FMOQ, il s’agit d’une nouvelle déception alors que ce sont plus de 500 places en résidence qui n’ont pas trouvé preneur depuis dix ans. Un deuxième tour devrait permettre de combler certains des postes disponibles, mais il faudra patienter environ un mois pour obtenir une mise à jour de la situation.

«On va en combler quelques-uns, mais on ne comblera pas tout», prévient le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot.

Les facultés de médecine québécoises invitées à commenter la situation par La Presse Canadienne ont justement répondu qu’elles souhaitaient attendre l’issue du second tour avant de se prononcer.

Or, selon la FMOQ, on voit de plus en plus d’étudiants préférer prendre une année sabbatique ou aller travailler en laboratoire avant de tenter à nouveau leur chance dans une autre spécialité plutôt que de sélectionner la médecine familiale en deuxième choix.

D’après le Dr Amyot, un certain dénigrement de la médecine familiale a laissé des traces au fil du temps. De plus, la lourdeur de la tâche peut rebuter certains jeunes médecins qui voient la population vieillir et ses besoins augmenter en matière de soins de santé.

De plus, les contraintes entourant la pratique des omnipraticiens, incluant la paperasse et le manque de ressources de soutien, peuvent aussi refroidir les ardeurs de certains candidats. 

«Il faut optimiser la consultation médicale. Il faut que, lorsque le patient se présente dans le cabinet du médecin, elle soit vraiment nécessaire cette consultation-là et qu’elle ne puisse pas être faite par personne d’autre», insiste le Dr Amyot.

Celui-ci rêve d’une meilleure organisation des services afin que le suivi des patients puisse être effectué par des infirmières, des nutritionnistes ou des pharmaciens selon les besoins du patient. Par expérience, il soutient que les étudiants en médecine veulent pratiquer la médecine en tout temps plutôt que de s’occuper de remplir des formulaires, renouveler des prescriptions ou effectuer d’autres tâches connexes. 

Selon la FMOQ, il manque environ 1100 médecins de famille pour simplement rétablir la parité avec les spécialistes au Québec. Ce calcul ne tient pas compte non plus des pertes anticipées de médecins qui prendront bientôt leur retraite.

«Et ça, c’est sous-estimé! Je vous le dis, c’est sous-estimé», martèle le Dr Amyot qui pratique dans la région de Lanaudière.

Si l’on se réfère aux «Plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM) en médecine de famille» 2023 du ministère de la Santé et des Services sociaux, ce sont 55 places qui sont disponibles pour des omnipraticiens en régions intermédiaires et éloignées ainsi que 58 places qui sont disponibles pour des médecins déjà en pratique dans les régions universitaires et périphériques.

À cela s’ajoutent 30 places accessibles pour de nouveaux médecins dans les régions universitaires et périphériques.

Ces PREM ont pour objectif de répartir les effectifs de manière équitable entre les régions du Québec. Un médecin doit obtenir une place pour établir sa pratique de médecine familiale. S’il choisit de s’installer dans une région où il n’y a pas de place disponible, il verra sa rémunération amputée de 30 % par la Régie de l’assurance maladie du Québec pour une période de cinq ans, précise le Dr Amyot.

La FMOQ voudrait que cette approche soit modifiée afin de favoriser la mise en place d’incitatifs plutôt que de pénalités.

Il ajoute que ces avantages n’ont pas à être uniquement monétaires. Par exemple, la FMOQ suggère le déploiement de mesures de séduction comme des bourses d’études pour des étudiants de régions, des places en garderie à leur retour dans leur patelin, des emplois d’été dans le système de santé de leur région afin de maintenir le lien d’appartenance.

Ces propositions feront l’objet d’échanges entre la fédération et le ministère, a mentionné le Dr Amyot qui espère réussir à renverser la tendance.

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