Mise à jour économique: la baisse d’impôt soulève critiques et appuis

Le milieu des affaires a salué la décision de Québec de maintenir l’équilibre budgétaire à l’horizon 2027-2028, tandis que des syndicats et des groupes sociaux ont invité le gouvernement à aider davantage les plus démunis. 

Le ministre des Finances, Eric Girard, a présenté, jeudi, la mise à jour économique et financière du Québec dans un contexte d’incertitude marqué par une inflation vigoureuse et le spectre d’une récession qui plane à l’horizon. 

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) se dit «particulièrement déçue» de l’exercice. 

Le président de la FTQ, Daniel Boyer juge que le gouvernement fait fausse route en baissant les impôts. «Qui va payer les services publics une fois qu’il n’y aura plus l’argent dans la caisse ? L’obsession du gouvernement de baisser les impôts est complètement irresponsable dans un contexte de détérioration des services publics, du vieillissement de la population et des investissements nécessaires pour faire face aux changements climatiques.»

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté a salué la bonification du montant maximal du crédit d’impôt pour soutien aux aînés, qui passe de 411 $ à 2000 $. Il aurait aimé que les contribuables aient accès à ce soutien dès l’âge de 65 ans plutôt qu’à partir de 70 ans. 

Le Collectif dénonce aussi la baisse d’impôt prévue en 2023. «Il s’agit d’une nouvelle mesure inéquitable qui profiterait davantage aux personnes les mieux nanties, déplore le porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Le Québec a-t-il vraiment les moyens de se priver de 7,4 milliards $ vu l’état de ses services publics, le manque de logements sociaux, l’insécurité alimentaire croissante et, somme toute, l’ampleur des besoins des personnes en situation de pauvreté?» 

Pour le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), les sommes accordées aux baisses d’impôt auraient été mieux utilisées si elles avaient été dirigées vers le logement social. «Alors que tout devrait être fait pour accélérer la cadence, aucun nouvel investissement n’est fait dans les programmes gouvernementaux comme AccèsLogis, pour les groupes qui veulent développer de nouveaux projets de logements sociaux», déclare la porte-parole du regroupement pour le droit au logement, Véronique Laflamme.

La baisse d’impôt a toutefois la faveur de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui est «rassurée» que cette promesse électorale soit respectée, malgré le ralentissement économique qui augmente la taille du déficit prévu. «C’est le bon geste à poser, alors que les Québécois sont les plus imposés sur le continent», commente son président et chef de la direction Michel Leblanc, qui appuie le maintien de l’objectif d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2027-2028. 

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) suggère toutefois de ne pas financer cette baisse d’impôt en puisant dans le Fonds des générations. «Il s’agit d’un outil essentiel pour la bonne santé financière du Québec et doit être d’abord et avant tout dédié au remboursement de la dette, plaide son président-directeur général Charles Milliard. En sacrifiant des versements, on se priverait de rendements pour s’attaquer au poids de la dette.»

Au municipal, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) estime que les municipalités ont été oubliées dans la mise à jour. L’association souligne que les finances des municipalités sont sous pression en raison de l’augmentation des coûts liés à l’inflation.