Obstacles dans la prévention des incendies dans les Premières Nations

OTTAWA — Le gouvernement fédéral n’a pas de partenaire disposé à trouver un moyen d’introduire des codes de prévention des incendies dans les communautés des Premières Nations, indique un document récemment publié.

Le directeur principal du Service du commissaire autochtone aux incendies, cependant, dit qu’il y a des mesures qu’Ottawa peut prendre maintenant pour mieux protéger les communautés.

Blaine Wiggins plaide que le statu quo n’est pas une option.

Une note de scénario de réunion pour la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, obtenue par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l’accès à l’information, détaille certains des points de friction que le ministère dit avoir connus en matière d’amélioration de la prévention des incendies.

La note a été préparée avant une réunion prévue avec la chef nationale de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, en octobre dernier.

Pendant des décennies, les incendies de maisons sur les territoires des Premières Nations ont causé des décès et des blessures à un taux beaucoup plus élevé qu’à l’extérieur des communautés. Les experts disent que cela est dû à une série de facteurs, allant du logement insuffisant et du surpeuplement à une éducation et un financement inappropriés pour les services de prévention et d’extinction des incendies.

Une autre lacune majeure est que les codes du bâtiment et de prévention des incendies nationaux et provinciaux ne s’appliquent pas aux structures des Premières Nations. Cela signifie qu’il appartient aux communautés d’adopter leurs propres règlements.

Le chef régional de l’Ontario, Glen Hare, croit que cela devrait changer.

«C’est une évidence, a-t-il soutenu. (On doit) avoir une protection contre les incendies dans nos maisons.»

Andrew MacKendrick, directeur des communications de la ministre Hajdu, a confirmé qu’elle avait rencontré le Conseil national autochtone de la sécurité-incendie, puis s’était entretenue plus tard avec la chef régionale de l’Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse, à ce sujet, conformément aux instructions du bureau de Mme Archibald.

Mme Woodhouse dirige le dossier de la sécurité-incendie pour l’APN, qui est la voix de plus de 600 Premières Nations à travers le pays. Elle n’a pas répondu à une requête de La Presse Canadienne et l’assemblée n’a pas fourni de réponse au moment de la publication de l’article.

Manque d’appui de l’APN

Selon le document, l’ordre du jour de la réunion de Mme Hajdu comprenait l’élaboration possible d’une protection juridique et réglementaire contre les incendies dans les communautés autochtones.

Il a également détaillé le propre historique de l’APN avec la question.

Il est noté que les chefs ont adopté une résolution lors d’un rassemblement en 2017 reconnaissant l’absence de normes nationales d’incendie dans les réserves et approuvant la création d’un bureau qui est finalement devenu le Service autochtone du commissaire des incendies, qui fait partie du Conseil national autochtone.

Mais les responsables des Services aux Autochtones ont souligné que l’idée d’introduire des règlements ou des lois avait plus tard été abandonnée, «en raison d’un manque de soutien des dirigeants des Premières Nations».

«L’Assemblée des Premières Nations n’a jamais soutenu les approches juridiques ou réglementaires en matière de protection contre les incendies. À ma connaissance, aucun partenaire n’est actuellement disposé à soutenir des approches co-développées en matière de lutte contre les incendies», lit-on dans un ensemble de remarques préparées pour Mme Hajdu.

Glen Hare, qui est membre de l’exécutif de l’APN, a déclaré qu’il prévoyait soulever la question lors de leur prochaine réunion.

«Je vais simplement poser la question : est-ce que nous le soutenons ou non ?»

Il a dit que bien que les Premières Nations n’acceptent pas bon nombre des «codes» qui leur ont été imposés par le gouvernement fédéral, il a du mal à imaginer un chef dire : «Eh bien, nous ne pouvons pas faire cela.»

Adopter des normes différenciées

Blaine Wiggins a affirmé que son bureau de huit personnes s’efforçait d’obtenir l’adhésion des communautés et de renforcer leur capacité à instituer leurs propres normes.

«Au lieu d’une loi pour 630 communautés, 630 règlements pour 630 communautés.»

Il dit qu’une mesure qu’Ottawa pourrait prendre est de travailler avec des organisations comme la sienne pour prendre de meilleures décisions de financement en matière d’équipement.

«Je peux me rendre dans une douzaine de communautés des Premières Nations où il y a des camions de pompiers, vous savez, de très bons camions de pompiers, qui restent dans des bâtiments, non utilisés», a-t-il déclaré.

«Personne ne sait comment les utiliser.»

Andrew MacKendrick a assuré que la ministre était ouverte à toutes les options et envisageait d’organiser un rassemblement pour discuter de la sécurité incendie dans les semaines à venir.

Les responsables fédéraux avaient déjà mentionné que l’adoption de codes de prévention des incendies et de construction pour les Premières Nations soulevait des questions complexes, étant donné qu’une grande partie du parc de logements est en mauvais état.

Par exemple : y a-t-il un risque que les maisons qui ne sont pas conformes au code risquent d’être condamnées ?

Pour Terrance Meekis, qui participe à la prévention des incendies dans la Première Nation de Sandy Lake, l’idée qu’Ottawa introduise des codes de prévention des incendies dans des collectivités comme la sienne soulève des questions de capacité.

M. Meekis affirme qu’il y a dix pompiers dans la communauté du nord de l’Ontario, ce qui est mieux que d’autres dans la région.

Sandy Lake n’a pas de code d’incendie, mais la communauté inspecte les maisons et s’occupe de celles qui n’ont qu’une seule porte ou une entrée bloquée, dit-il. Elle manque également d’équipements de base comme des détecteurs de fumée et de monoxyde de carbone.

Trois enfants sont morts dans l’incendie d’une maison l’année dernière, mais M. Meekis indique que la communauté a connu moins d’incendies meurtriers que les années précédentes.

En fait, l’un des premiers incendies dont il a été témoin a coûté la vie à sa grand-tante et à sa cousine.

«Je me bats vraiment pour la sécurité incendie depuis 20 ans», a-t-il conclu.