Pauvreté, inflation et bas salaires «inquiètent énormément» la FTQ

MONTRÉAL — La pauvreté et l’inflation «inquiètent énormément» la FTQ, alors qu’il y a aussi pénurie de main-d’oeuvre et un salaire minimum d’à peine plus de 14 $ l’heure.

«Tout le monde devrait être capable de s’acheter des fruits et des légumes. Mais quand le prix de la salade est rendu à 8 $, 9 $ 10 $, je ne suis pas sûr qu’il y a bien du monde qui sont capables de se payer une salade, quand tu gagnes 15 $, 16 $ ou 17 $ l’heure», a lancé le président de la FTQ, Daniel Boyer, à l’occasion de sa traditionnelle conférence de presse de début d’année.

L’inflation ne frappe pas tout le monde également, a-t-il rappelé, en faisant référence aux présidents des grandes entreprises qui, en ce début de janvier, ont déjà gagné le salaire annuel du travailleur moyen.

Il faut faire quelque chose, selon lui. Et ce ne sont pas les chèques ponctuels envoyés par le gouvernement du Québec qui vont résoudre le problème. La FTQ y préférerait une hausse du salaire minimum, une bonification du crédit d’impôt pour solidarité et un meilleur accès au logement, par exemple, soit des mesures plus structurantes.

Québec doit bientôt annoncer la hausse du salaire minimum qui entrera en vigueur le 1er mai. Actuellement, le taux du salaire minimum est de 14,25 $ l’heure et la FTQ milite pour qu’il atteigne au moins 18 $ l’heure.

«Avec l’inflation actuelle à 7 %, sur (un salaire de) 14,25 $ l’heure, ça veut dire 1 $ l’heure. Alors si le gouvernement du Québec veut empêcher que les plus pauvres de la société continuent à s’appauvrir, ça va prendre une augmentation du 1 $ de l’heure», a plaidé à ses côtés le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.

Immigration

Pour ce qui est de la rareté de la main-d’oeuvre, la hausse de l’immigration n’est pas le seul remède, a lancé M. Boyer. 

Il plaide pour une plus grande reconnaissance des acquis et compétences, par exemple, ainsi que des incitatifs pour attirer ou retenir les travailleurs expérimentés et d’autres mesures incitatives pour attirer les personnes avec un handicap et les autochtones — des catégories de personnes sous-employées.

«La solution à la pénurie de main-d’oeuvre, ce n’est pas uniquement l’immigration», lance M. Boyer.

Travailleurs expérimentés: inciter et ne pas forcer

Il insiste cependant pour que les mesures destinées à retenir les travailleurs expérimentés soient incitatives, et non obligatoires. La France est actuellement en plein débat sur le report de la retraite de 62 à 64 ans en 2030, ce qui a soulevé l’ire des syndicats, qui amorcent une mobilisation pour s’y opposer.

«C’est totalement contre-productif de forcer, d’obliger les gens à rester au travail. J’ai hâte qu’on aille de l’avant avec des mesures qui vont faciliter le maintien au travail», a lancé le président de la plus grande centrale syndicale du Québec.

Et, à ce chapitre, les employeurs ont encore un bon bout de chemin à parcourir, ajoute-t-il.

«Un travailleur dans une « shop », quand ça fait 30, 35 ans qu’il fait la même « job », ça se peut qu’au moment où il va être éligible à sa retraite, il ne soit plus intéressé à faire la même « job » pendant un an, deux ans, trois ans, quatre ans encore. Est-ce qu’on peut regarder ce qu’on peut faire: organiser son travail, organiser son horaire, lui permettre de travailler à temps partiel, peut-être faire du mentorat pour coacher des jeunes, quelque chose de plus intéressant, qui va lui faire dire: je peux encore être utile et ça me tente de continuer?»