Postes Canada: le travail de fin de semaine, un obstacle majeur dans les négociations
MONTREAL — Le travail de fin de semaine demeure un obstacle majeur dans les négociations entre Postes Canada et ses employés, qui menacent de débrayer vendredi, ce qui constituerait leur deuxième grève en moins de six mois.
En vertu de la convention collective actuelle, les facteurs doivent être rémunérés pour les heures supplémentaires effectuées les samedis et dimanches.
Postes Canada fait pression pour qu’un contingent de travailleurs à temps partiel soit déployé afin de répondre à la demande, y compris les fins de semaine.
Le porte-parole de la société d’État, Jon Hamilton, affirme qu’une approche plus dynamique lui permettrait également de passer d’un modèle de livraison axé sur le courrier à un modèle plus solidement ancré dans le marché en pleine croissance des colis.
«Nous envisageons d’ajouter du travail à temps partiel à notre effectif majoritairement à temps plein afin de pouvoir assurer des tâches comme la livraison le week-end, qui nous oblige actuellement à payer des heures supplémentaires», indique-t-il.
Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a plaidé en faveur d’un modèle exclusivement à temps plein qui permettrait aux employés actuels de travailler sur certains quarts de fin de semaine.
«Bien qu’ils en aient parlé, cela rend le système tellement rigide et immuable. Et le monde de la livraison évolue rapidement, rapporte M. Hamilton. Nous essayons de trouver un équilibre.»
Le syndicat souligne que son objectif demeure la création de nouveaux contrats et la pérennité du service postal.
Il a récemment mis de l’avant qu’un rapport commandé par le gouvernement fédéral, publié vendredi, proposait un «acheminement dynamique» et des postes à temps partiel pour la livraison la fin de semaine et un volume supplémentaire en semaine, avec des salaires, des avantages sociaux et des régimes de retraite similaires à ceux des postes à temps plein — le tout en excluant le travail à la demande, contrairement à de nombreux services postaux.
Cependant, la présidente du syndicat, Jan Simpson, a déclaré dans le bulletin de vendredi que les recommandations se traduisent «par une réduction de services, le recours à la sous-traitance et des reculs importants sur d’importantes dispositions de nos conventions collectives existantes».
Tout changement de service doit être abordé dans le cadre d’un «examen public complet du mandat», a-t-elle précisé.
«Crise existentielle»
Le rapport de 162 pages de William Kaplan, qui a dirigé la commission, s’est penché sur le modèle d’affaires défaillant de Postes Canada et a proposé des réformes profondes, notamment l’élimination progressive de la livraison quotidienne du courrier à domicile pour les résidences individuelles tout en la maintenant pour les entreprises.
Affirmant que Postes Canada fait face à une «crise existentielle», M. Kaplan a écrit que les moratoires sur la fermeture des bureaux de poste ruraux et la conversion des boîtes postales communautaires devraient également être levés.
Mais des questions comme la livraison quotidienne, les nouvelles fermetures de bureaux de poste et l’ajout de boîtes postales communautaires ne relèvent pas de la négociation collective, note Steven Tufts, géographe du travail à l’Université York.
C’est pourquoi les négociations entre les deux parties portent désormais en grande partie sur la livraison la fin de semaine.
«C’est là que tout se joue: l’avenir de Postes Canada, explique M. Tufts. C’est là qu’ils sont coincés en ce moment.»
«Ils s’accordent tous deux sur la nécessité d’une livraison le week-end; ils ne parviennent pas à s’entendre sur la façon d’y parvenir.»
Le syndicat a informé la direction lundi après-midi que les employés prévoyaient de former un piquet de grève à compter de vendredi matin à minuit, interrompant ainsi la livraison de près de 8,5 millions de lettres et de 1,1 million de colis par jour de semaine, selon les chiffres de 2023.
Aucun nouvel envoi ne serait accepté avant la fin de la grève, tandis que ceux déjà en circulation seraient «sécurisés», mais non livrés, a indiqué Postes Canada. Les chèques d’aide sociale et les animaux vivants constituent les deux exceptions, la livraison des deux se poursuivant, mais aucun nouvel animal ne serait admis, a-t-elle précisé.
Cette perturbation creuserait le déficit financier croissant de l’entreprise. Elle a enregistré une perte d’exploitation de 845 millions $ en 2023, qui s’inscrit dans une perte avant impôts de plus de 3 milliards $ depuis 2018.
L’organisation a obtenu un prêt fédéral de 1,03 milliard $ en janvier.