Poursuite judiciaire de 1 M$ contre un service policier de la Montérégie

MONTRÉAL — La famille d’une jeune femme tuée par son ex-conjoint en mars 2017 sur la Rive-Sud de Montréal intente une poursuite contre la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent. 

La famille de Daphné Huard-Boudreault reproche «particulièrement l’intervention négligente» des agents du service de police de la Montérégie auprès de la victime dans les heures précédant le meurtre, selon la demande introductive d’instance en date du 23 mai dernier. 

Daphné Huard-Boudreault a été brutalement assassinée à Mont-Saint-Hilaire le 22 mars 2017, à l’âge de 18 ans, par Anthony Pratt-Lops.

Lors du jour du drame, la police est intervenue à plusieurs reprises auprès de la jeune femme, qui se trouvait alors «dans une situation de grande vulnérabilité» et dans un contexte de violence conjugale, déclarent les avocats de la famille dans un communiqué lundi. 

«Selon la famille, les agents de police directement impliqués ont notamment minimisé la gravité du comportement de son ex-conjoint et ont omis de prendre en compte de nombreux éléments afin d’évaluer le niveau de dangerosité de la situation», fait valoir le cabinet d’avocats Arsenault Dufresne Wee. 

Celui-ci évoque notamment que Daphné Huard-Boudreault était confrontée à du «harcèlement marqué» de la part de Pratte-Lops dans les heures précédant son assassinat.

La victime a été tuée lorsqu’elle s’est rendue dans l’appartement de son ex-conjoint pour récupérer des effets personnels. Une agente s’était proposée pour l’accompagner, mais elle n’était pas arrivée au moment du meurtre. 

La famille allègue aussi que la police a fait une mauvaise interprétation et application des directives en matière de violence conjugale. Le service policier a commis «une faute en exigeant (que) des menaces ou des blessures physiques constatées sur la victime soient nécessaires» pour enclencher leur mise en oeuvre. 

«Ces exigences supplémentaires ont engendré une réduction du champ d’application de ces directives et ont directement contribué au sort tragique de Daphné. La famille reproche également à la Régie intermunicipale d’avoir été aux faits par ses agents, et ce, sans qu’aucune correction ne soit apportée», mentionnent les avocats. 

La poursuite est intentée par le père, la mère, la belle-mère et la soeur de Daphné Huard-Boudreault devant la Cour supérieure. Ils réclament des dommages-intérêts totalisant plus d’un million $. 

Pratte-Lops a plaidé coupable de meurtre au deuxième degré en 2019.

La Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent a refusé tout commentaire, affirmant que le dossier est actuellement devant les tribunaux.