Singh ne peut mettre en doute la crédibilité de la Banque centrale, suggère Duclos

OTTAWA — Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, tout comme le leader conservateur Pierre Poilievre et les autres politiciens, ne devraient pas remettre en question la crédibilité de la Banque du Canada, a affirmé le ministre de la Santé et économiste de formation, Jean-Yves Duclos.

«M. Poilievre l’a dit très clairement au cours des derniers mois, et ça nuit à beaucoup de gens déjà, nuit à notre économie. Quand on mine la crédibilité de la banque centrale, on mine l’économie canadienne et on mine la création d’emplois», a dit mardi l’élu libéral avant de se rendre à une réunion du conseil des ministres.

Dans une lettre récemment envoyée au premier ministre Justin Trudeau, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) – parti allié des libéraux aux Communes – a accusé la Banque du Canada d’avoir en partie provoqué la «récession imminente» en usant de «mesures trop agressives».

Il a répété ses critiques mardi alors qu’une autre hausse du taux directeur pourrait fort bien être annoncée mercredi.

«Il faut tout faire – et ça (concerne) tous les élus de tous les partis – pour maintenir la capacité de la Banque du Canada de faire son travail. Et ça implique de ne pas remettre en question la crédibilité de la banque centrale», a soutenu M. Duclos lorsqu’appelé à commenter la ligne d’attaque de M. Poilievre.

D’autres membres du conseil des ministres questionnés par les journalistes ont semblé moins loquaces. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a évité de commenter directement la sortie de M. Singh.

«Nous sommes aujourd’hui dans une période compliquée et assez difficile dans l’économie mondiale, a-t-elle affirmé. Pour moi, un des éléments le plus important pour le Canada a toujours été et l’est, aujourd’hui comme jamais, c’est la stabilité institutionnelle. Cela inclut l’indépendance de la Banque du Canada.»

Le premier ministre Justin Trudeau s’est aussi contenté de tenir le même discours sur l’importance de l’indépendance de la banque centrale.

«On est toujours en train de regarder comment on peut aider les gens de façon ciblée», a-t-il ajouté en rappelant les mesures mises de l’avant dernièrement par son gouvernement, comme de doubler le crédit pour la TPS.

M. Singh a assuré qu’il était en faveur du maintien de l’indépendance de la Banque du Canada, tout en précisant qu’il aimerait que son mandat soit modifié par les libéraux.

«(En ce moment), le mandat est vraiment ciblé à seulement l’inflation et ils ont ajouté une considération pour le nombre de gens qui ont du travail. Mais c’est un élément qui doit être une partie du mandat parce que si les taux d’intérêt augmentent et on est plongés dans une récession créée par cette augmentation (…), ça va vouloir dire qu’un grand nombre de Canadiens vont perdre leur emploi», croit le chef du NPD.

Dans sa lettre à M. Trudeau, M. Singh s’en est pris au gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem. Il lui reproche d’avoir déconseillé aux entreprises d’inclure des salaires plus élevés dans les contrats les liant à leurs employés. Selon ce que plusieurs médias ont rapporté, M. Macklem a tenu ces propos en juillet lors d’un événement organisé par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Au cours de la course à la direction du Parti conservateur du Canada qu’il a remportée haut la main, M. Poilievre a été fustigé par plusieurs, dont les libéraux de Justin Trudeau, pour ses attaques contre la Banque du Canada. Il a notamment comparé l’institution à une «machine ATM» qui a laissé l’inflation grimper avec ses politiques. M. Poilievre s’est aussi engagé à congédier M. Macklem s’il devient premier ministre.

Dans une déclaration écrite transmise en fin de journée, le député conservateur Pierre Paul-Hus affirme que «Jagmeet Singh et les libéraux de Trudeau sont responsables de l’insatiabilité du gouvernement qui a causé l’inflation d’aujourd’hui. Si le NPD veut vraiment aider les familles canadiennes, il mettrait fin à cette coalition et voterait aux côtés des conservateurs pour mettre fin aux hausses d’impôts et aux dépenses inflationnistes de Justin Trudeau».