Tribunal du travail: Adonis doit cesser d’entraver le syndicat ou de le dénigrer

MONTRÉAL — Le Tribunal administratif du travail ordonne au Groupe Adonis de ne plus entraver les activités du syndicat des TUAC qui cherche à s’y implanter, de ne plus le dénigrer et de ne pas user d’intimidation en s’attroupant à l’extérieur du magasin lorsque des représentants syndicaux s’y trouvent.

Le Tribunal a émis une ordonnance provisoire à cet effet, visant le Groupe Adonis, qui exploite plusieurs marchés d’alimentation. Il doit éventuellement entendre sur le fond la plainte du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), affilié à la FTQ.

Après avoir entendu la preuve au stade provisoire, le juge administratif Jacques David conclut qu’«il apparaît provisoirement que l’employeur tente d’empêcher ou de retarder l’obtention de l’accréditation (du syndicat) par un comportement illégal assimilable à de l’entrave et du dénigrement».

«Si ces comportements persistent, ils risquent de mettre en péril rapidement le droit à la syndicalisation et miner la crédibilité du syndicat», ajoute-t-il.

Les TUAC représentent déjà les salariés d’un Adonis à Dollard-des-Ormeaux et mènent une campagne dans d’autres établissements, dont celui d’Anjou.

Le juge administratif rappelle que le Code du travail «est clair: il appartient au salarié de décider s’il adhère ou non à un syndicat. Cela ne concerne que lui».

Il rapporte que selon la preuve provisoire entendue, entre autres, des gérants et cadres «se sont rapprochés des représentants syndicaux, possiblement pour les intimider», même s’ils se trouvaient à l’extérieur de l’établissement d’Anjou pour y faire signer des cartes d’adhésion.

Une autre fois, un salarié qui venait de signer une carte et d’entrer dans le magasin en est ressorti afin de reprendre sa carte et la déchirer. Il a affirmé que son patron lui avait dit de déchirer sa carte pour l’invalider.

Aussi, un gérant a été vu s’adressant aux caissières, leur suggérant de ne pas parler aux représentants syndicaux et de ne pas signer de carte.

Le juge administratif note dans sa décision que l’employeur n’a pas nié les faits relatés par le syndicat, mais a soutenu qu’il s’agissait d’incidents isolés ou de ouï-dire.

«Cette preuve n’est pas niée par l’employeur au moyen d’une quelconque preuve. Son procureur a essentiellement mis en doute la preuve offerte par le syndicat, la qualifiant pour la majeure partie de ouï-dire ou de simplement trop imprécise», relate le juge administratif.

Néanmoins, le juge administratif a estimé qu’il y avait lieu d’intervenir dès le stade provisoire.

Il a ordonné au Groupe Adonis et à ses dirigeants de ne plus chercher à entraver les activités des TUAC.

Il leur a aussi ordonné de ne plus faire de déclaration concernant la syndicalisation, qui vise les TUAC ou de les dénigrer.

Il leur a également ordonné de ne pas user d’intimidation en s’attroupant volontairement à l’extérieur du magasin d’Anjou lorsque les TUAC se trouvent déjà à l’extérieur.