Une motion conservatrice défaite sur l’approche libérale face aux drogues toxiques

OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre n’a pas réussi à convaincre la Chambre des communes de condamner l’approche du gouvernement libéral dans la lutte contre la toxicomanie.

Lors d’un vote de 209 voix contre 113 lundi, les députés ont rejeté une motion présentée par M. Poilievre. Celle-ci visait les politiques de réduction des méfaits du gouvernement fédéral, mais se concentrait principalement sur sa décision de financer la fourniture de solutions de rechange pharmaceutiques en remplacement de certaines drogues illicites.

Le gouvernement a cité des experts qui disent qu’un approvisionnement en drogues toxiques est l’une des principales raisons pour lesquelles tant de Canadiens meurent d’une surdose involontaire, et que l’accès à d’autres médicaments comme substitut sauve des vies.

Depuis qu’il est devenu chef conservateur l’automne dernier,  M. Poilievre a critiqué cette approche comme alimentant la dépendance au lieu d’offrir un traitement et soutient qu’elle a conduit à un accès plus large aux drogues dangereuses par les utilisateurs. M. Poilievre a proposé de réaffecter au traitement l’argent utilisé pour financer l’approvisionnement en produits sûrs.

La ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Carolyn Bennett, a fait valoir aux députés que les critiques de M. Poilievre n’étaient pas fondées sur des preuves, son bureau ajoutant dans une déclaration écrite que Santé Canada n’était pas au courant que des médicaments de substitution «inondent les rues».

«Il est incroyablement irresponsable et déshumanisant pour les personnes qui consomment des drogues que Pierre Poilievre affirme des informations fausses sur l’approvisionnement plus sûr et tente de créer des obstacles à l’accès aux services de réduction des risques qui sauvent des vies dans le cadre de la crise actuelle», a indiqué une porte-parole dans une déclaration du bureau de Mme Bennett. 

Le gouvernement prend les rapports de détournement «très au sérieux», peut-on lire. Le bureau de Mme Bennett a également souligné que le service des coroners de la Colombie-Britannique, qui a étudié les décès dus à la toxicité des drogues de 2012 à 2022 dans la province, a conclu qu’il n’y avait «aucune indication que l’approvisionnement sûr prescrit contribue aux décès liés à la drogue illicite».

«Les conservateurs veulent nous ramener à l’idéologie ratée de la politique antidrogue de l’ère Harper et à la guerre contre la drogue qui s’est avérée inefficace, coûteuse, mortelle et profondément stigmatisante», a ajouté le bureau de la ministre.

Une coalition de groupes qui défendent les intérêts des consommateurs de drogues en Colombie-Britannique et de ceux dont les proches sont morts de surdoses liées aux opioïdes a publié une déclaration lundi, exprimant son inquiétude au sujet de l’hydromorphone, l’une des alternatives médicamenteuses que M. Poilievre a qualifiées de problématiques.

La déclaration commune d’organisations, dont le Vancouver Area Network of Drug Users, indique que de telles ordonnances «aident beaucoup d’entre nous à réduire ou à éliminer notre dépendance aux drogues illicites».

«Si nous sommes coupés du monde, nos risques augmenteront.»